Rois de Youtube au début des années 2010, Cyprien, Norman, Squeezie, EnjoyPhoenix ou encore Natoo se sont vus menacés lors de l'apparition d'une nouvelle génération de youtubeurs plus jeunes qu'eux, parmi lesquels Gloria, Bilal Hassani, Sulivan Gwed ou encore Théo Gordy. Aujourd'hui, ce sont ces derniers qui se voient menacés... par des robots ? Depuis plus d'un an et demi maintenant, un nouveau genre de youtubeurs a fait son apparition sur la plateforme : les youtubeurs virtuels.
La première est née au Japon et tient la chaîne A.I.Channel : il s'agit de Ai Kizuna. Créée en 2016 par la société de production japonaise "Activ8", elle a débuté sur Nico Nico Douga, le YouTube japonais. Elle publie désormais des vidéos tous les jours. Dans celles-ci, elle parle de tout et n'importe quoi, comme son quotidien ou la sortie d'un nouvel iPhone, fait des tests de jeux vidéo ou s'improvise prof de sport en proposant une séance de fitness. Suivie par 2,2 millions d'abonnés, elle attire de plus en plus d'internautes. Une popularité qui empiète même sur le "in real life" puisqu'elle se voit proposer des collaborations et même d'animer bientôt une émission de variété en direct à la télévision japonaise !
Elle est loin d'être la seule. Toujours au Japon, Mirai Akari cumule plus de 675 000 abonnés et 58 millions de vues, la gameuse Nekomiya Hinata est suivie par presque 400 000 abonnés et Luna Kaguya (qui se distingue par ses oreilles de chat) compte 840 000 fidèles. Une tendance qui se répand dans le monde entier, et notamment aux Etats-Unis (Barbie) ou en Angleterre, avec Ami Yamato (130 000 abonnés). Un phénomène qui impacte également les réseaux sociaux, où des intelligences artificielles tiennent le rôle d'influenceurs, à l'instar de Lil Miquela, Blawko, Bermuda ou Shudu Gram aux Etats-Unis. Louis Vuitton a été la première marque à créer sa première égérie virtuelle (Lightning) via le développeur de jeu vidéo japonais Tetsuya Nomura, rapidement suivi par Balmain.
Un succès qui signe la fin des youtubeurs humains ? Si la concurrence est rude, il faut noter que, derrière ce robot, se cache en réalité un humain puisque l'avatar est manipulé à distance par un opérateur humain. Ses expressions, mouvements et paroles sont animés et scénarisés par une actrice pour ensuite être reproduits par un avatar virtuel. De plus, les vidéos réalisées par ce dernier génèrent des revenus bien réels grâce à la publicité ou encore les tests de jeux vidéo ou autres produits. Si cela reste difficile à chiffrer, le site SocialBlade a estimé les revenus de la chaîne de Ai Kizuna à 3 000 dollars par jour. A partir de là, une question se pose : à qui bénéficient ces revenus ?