Si l'on se rappelle du (pas forcément ouf) Saturday Night Live version Gad Elmaleh de 2017, c'est bien pour ça : ce sketch légendaire où Ahmed Sylla incarnait une Karine Le Marchand plus vraie que nature.
Tenue, jambes croisées et décroisées, mimiques, phrasé... L'humoriste ne s'est pas contenté d'enfiler une perruque pour cette séquence - un pastiche de l'émission Une ambition intime - mais s'est permis une imitation très aboutie. Quitte à se tailler une drôle de réputation : celle de l'humoriste qui, comme Alex Lutz avant lui (Catherine et Lilliane sur Canal), se plaît à passer d'un genre à l'autre, comme ça, pour le fun de la performance.
C'est la question décochée par Audrey Crespo Mara au comédien dans l'émission intimiste Sept à huit. Sur la première chaîne, la journaliste l'a d'abord généreusement complimenté : "Vous jouez incroyablement bien les femmes". Puis s'est demandée le pourquoi du comment. Kiff perso, rapport au genre, et même à la sexualité... Ahmed Sylla s'est largement confié sur un sujet loin d'être si anodin.
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Pourquoi s'habiller en femme et respecter les jeux de regards, les tonalités de voix et même les postures physiques de celles qu'il imite ? Ahmed Sylla ne fait pas dans le suspens : "C'est parce que c'est quelque chose que j'aime faire", admet-il rire à l'appui. Tout bêtement. L'humoriste, qui se dit fasciné par "les vrais personnages de théâtre", ne craint pas d'assumer sa part de féminité, n'en déplaise aux esprits trop étroits.
Mais ce qui est simplement amusant pour lui a forcément questionné les autres. Dont sa famille. Prises de tête et perplexité à l'horizon. "Au début, c'était très bizarre pour mes parents. Ils se demandaient : est-ce qu'il essaie de nous faire passer un message ? Est-ce qu'il veut nous dire quelque chose ?... Je sais que beaucoup de personnes se sont posé la question, mais non !", détaille aujourd'hui celui qui préfère prendre ça à la rigolade.
L'humoriste l'affirme : "Je sais que je suis hétéro, je sais que j'aime les femmes, mais je ne me pose tellement pas de question sur ma sexualité, j'ai rien besoin de refouler !". Ahmed Sylla serait plutôt du genre à s'amuser de la chose, et de son côté naturellement transgressif. D'autant plus qu'il sait que ses incarnations plaisent.
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Karine Le Marchand , par exemple, n'a jamais tu son plaisir à se voir ainsi imitée. "Elle a aimé. Ça a été vraiment l'occasion pour nous de nous rencontrer, d'échanger un petit peu. Moi, ce que j'avais envie de faire à travers ce sketch n'était pas de me moquer, pas de la caricaturer. Je vais appeler ça 'hommage' même si le mot est peut-être un peu galvaudé. Je voulais l'interpréter du mieux que je pouvais", expliquait-il l'an dernier à En Aparté.
Un hommage qu'il compte bien réitérer à l'avenir, au grand bonheur de ses fans. Et de la critique, qui, en 2016, voyait en l'humoriste une "impeccable Karine Le Marchand", voire même une femme plus vraie que nature. Fort. Avant lui, Alex Lutz, autre grand professionnel de l'humour et du travestissement, expliquait à ce sujet au JDD : "Tous les acteurs rêvent de jouer une femme. Il suffit d'avoir la silhouette et la capacité vocale adéquate. Qui mieux qu'une femme peut offrir une telle palette de sentiments ?".
Clément Arbrun