Tatsuki Fujimoto n'a que 28 ans, mais le mangaka est déjà l'une des personnalités les plus influentes et importantes du milieu au Japon. Après s'être révélé aux yeux du grand public grâce à Fire Punch (2016-2018) et après avoir cassé les codes du shōnen avec Chainsaw Man (2018 - en cours), il vient cette fois-ci de nous bouleverser et nous surprendre à travers le one-shot Look Back (2022) édité par Kazé en France.
Cependant, si l'artiste connait un début de carrière incroyable et semble être promis à un avenir phénoménal, Tatsuki Fujimoto - qui s'est toujours imaginé mangaka, a encore du mal à réaliser son succès et sa popularité. "Je n'arrive pas à avoir du recul sur ce qui se passe, a-t-il ainsi admis auprès de BFMTV. Peut-être que j'y arriverai quand je serais vieux, à la retraite".
Et pour cause, si le papa de Denji a la chance de pouvoir raconter les histoires qu'il souhaite, dans des formats qui lui plaisent à chaque fois, il ne cache pas qu'il lui est encore difficile de savourer sa réussite tant la face cachée de son métier est parfois compliquée à vivre au quotidien.
"Créer un manga est extrêmement difficile, voire pénible", a-t-il rappelé, avant de préciser plus loin, "Une fois qu'on pratique ce métier, on se rend compte qu'il faut tout faire soi-même. (...) Quand on travaille pour un magazine publié à un rythme hebdomadaire, on n'a pas de temps. Le rythme est trop intense et il faut travailler très vite." Aussi, il le regrette, il lui est difficile de s'épanouir et d'atteindre ses ambitions créatives face à de telles conditions de travail, "J'aimerais pouvoir travailler à la fois sur les personnages et les décors. Aujourd'hui, malheureusement, le travail est si prenant que je suis obligé de confier mes décors à mes assistants."
Mais surtout, l'autre raison - bien plus sombre cette fois-ci, qui empêche Tatsuki Fujimoto d'apprécier la popularité de ses oeuvres, c'est son obligation de vivre caché. "Je ne montre pas mon visage par peur qu'on me tue", a-t-il déploré auprès de BFMTV, faisant ainsi écho aux lettres de menaces qu'il a déjà pu recevoir depuis ses débuts.
Interpellé à ce sujet, Shihei Lin - son éditeur, a confessé que les choix narratifs du mangaka pouvaient parfois être incompris, la faute à un attachement parfois trop fort du public envers certains personnages. "Au Japon, certains fans extrêmement sensibles réagissent souvent très mal si un personnage qu'ils aiment subit des choses atroces. Ils peuvent vouloir se venger, a-t-il révélé. Pour éviter tout risque, Fujimoto-sensei refuse de montrer son visage, pour garder son anonymat."
Une déclaration choquante mais malheureusement peu surprenante. Ces dernières années, l'actualité autour des métiers du manga et de l'animation a été marquée par de terribles faits divers. On se souvient notamment de l'incendie criminel survenu au studio Kyoto Animation (A Silent Voice, La Mélancolie de Haruhi Suzumiya ou encore Violet Evergardenen) en 2019, qui avait causé la mort de 36 employés, tandis que le studio Wit (L'Attaque des Titans, Vinland Saga, Great Pretender) avait lui aussi été la cible de menaces criminelles l'an passé.
De même, en 2019, un homme avait été arrêté après avoir envoyé des menaces de mort à l'encontre du Studio Khara (Rebuild of Evangelion), tandis qu'en juin 2020, les actrices et créateurs de l'anime Kenomo Friends avaient vu un homme les menacer de les poignarder et brûler.
Pourquoi Tatsuki Fujimoto possède un univers si sombre ? Vous avez désormais la réponse.