Si vous matez en boucle Independance Day ou Mars Attacks!, pas sûr que cette vision plus sobre de tout un imaginaire sci-fi vous séduise au premier abord. Mais si vous êtes plutôt client des grands spectacles cérébraux à la Christopher Nolan, ca devrait vous parler : Premier contact, l'un des meilleurs films du canadien Denis Villeneuve, est à (re)voir illico sur Netflix... Avant qu'il ne quitte la plateforme le 30 juillet prochain.
>> Premier Contact : redécouvrez le film de SF de 2016 <<
L'histoire, tu la connais peut être : une équipe de scientifiques est complètement bouleversée par l'arrivée sur Terre de mystérieux vaisseaux spatiaux, planant au dessus du sol, propageant une épaisse brume alentours. Très vite, les experts s'exercent à comprendre le sens de leur venue ici, leurs intentions, leur fonctionnement. Et ce... en faisant appel à une linguiste. Etonnant.
Pourquoi (re)découvrir cette oeuvre qui a valu à Amy Adams (Il était une fois, American Bluff) l'un de ses rôles les plus marquants ? Car Premier Contact (2016) fait partie de cette série de films contemporains et expérimentaux qui sont venus jouer avec les codes de l'imaginaire spatial et extraterrestre tout en proposant de toutes nouvelles images : à sa manière, il glisse sur les pas de Under the skin, Gravity, Interstellar...
Et ce grâce à un imaginaire hyper-réfléchi.
Dès ce pitch, on devine facilement comment Premier contact a su se démarquer. Pas de confrontation belliqueuse, de chef des armées fou qui déclare la guerre à E.T., pas de monstres gluants qui bavent partout à l'écran, non : juste une tentative risquée mais finalement très pragmatique de comprendre ces aliens. Le moins américain des films américains en somme. Quelque part, la "touche" Denis Villeneuve...
Pour le cinéaste, qui s'était déjà réapproprié avec succès le genre lui aussi très codifié du thriller (Prisoners), l'idée était de renverser la table en réinventant notre rapport aux créatures venues d'ailleurs, source continuelle d'inquiétude, d'angoisses et de crises - on pense très fort à La guerre des mondes. Ici, le point de vue est très intellectuel : il est beaucoup question d'étymologie, de signes, de traduction et de langage dans le film. Mais aussi, très abstrait : ces aliens apparaissent comme à travers un miroir recouvert de buée.
Très vite, Denis Villeneuve a compris que les aliens exprimaient une forme de poésie, quelque chose de très philosophique, et de très humain : "L'idée c'était de ressentir le même impact que face à un éléphant adulte dans la brume, qui surgit devant nous. Ou face à une baleine croisée, alors qu'on nage dans des eaux opaques. Je voulais un mélange de frayeur et de fascination. Cet inconnu c'est aussi ce qu'on ne peut pas nommer, et cela rejoint le problème des mots intraduisibles dans certaines langues", dit-il à Télérama.
Auprès d'Allociné, le directeur de la photographie Bradford Young pousse la réflexion encore plus loin, et parle d'un tout nouveau point de vue : "Dans les films de science-fiction, notre perception en tant qu'humains a souvent une grande influence sur notre interprétation de ce qu'est l'intelligence extraterrestre".
"Avec Premier Contact, nous avons essayé de nous éloigner de cela en adoptant un point de vue débarrassé de toute idée préconçue. Nous ne voulions pas que ces extraterrestres arrivent dotés d'une technologie qui découle de l'idée que nous, humains, nous en faisons. C'est une approche nouvelle, différente !".
En découle une vision à la fois profondément cérébrale et visuelle d'un imaginaire qu'on pensait pourtant connaître sur le bout des doigts. Allez, on retente l'expérience sur Netflix ?