The Lobster, The Lighthouse, Tusk, Under the silver lake... Depuis sa création, la boîte de production et de distribution A24 nous a offert bien des séances traumatisantes. Mais rien ne nous avait vraiment préparé à Midsommar. Le deuxième long-métrage d'Ari Aster, déjà très remarqué pour Hérédité, est également son plus célébré. Il fait l'objet d'un véritable culte outre-Atlantique. Une réputation qui ne risque pas de faiblir alors que ce film d'horreur pas comme les autres vient tout juste de débarquer sur Prime Video.
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Et son arrivée sur la fameuse plateforme de streaming nécessite bien un (re)visionnage pressant. Pourquoi ? C'est simple. Pour rappel, Midsommar, c'est l'histoire d'un couple à la dérive qui se retrouve à passer le week-end sur une île en compagnie d'une communauté aux rituels des plus déroutants. Très vite, on comprend qu'Ari Aster va nous emmener loin, très loin du cadre du simple summer movie façon Les Bronzés.
Et pour cause : Midsommar est un fier spécimen du folk horror, ce sous-genre horrifique plantant son décor sur une île isolée, au sein d'une bande d'allumés adeptes de rituels païens et de sacrifices divers. Atmosphère hyper étouffante donc, où nous éblouit de son aura une immense actrice : Florence Pugh. La jeune actrice transmet bien l'horreur du spectacle auquel nous allons assister. Mais aussi : sa dimension révolutionnaire.
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A sa sortie en 2019, la critique est clairement en pamoison devant Midsommar : "Un cinéma malade, morbide et d'une richesse colossale", "Formidable film d'horreur", "La naissance d'un grand cinéaste", "Cauchemar aveuglant d'une richesse étourdissante et d'une maîtrise folle", "Un insaisissable thriller psychologique, d'une richesse thématique débordante", "Un conte terrifiant et dérangeant"... N'en jetez plus !
Mais l'horreur du film ne se situe pas vraiment là où on le croit. Car Midsommar, c'est avant tout un film dévastateur sur la dépression. Notre protagoniste, brisée en deux, se retrouve en période de deuil et de pré-rupture amoureuse, complètement paumée sur cette île dont les événements extrêmes semblent cristalliser son état d'esprit : celui du nervous breakdown absolu, de la perte de repères et de la crise émotionnelle totale.
Portrait de femme, puissant et complexe, donc, ce qui est déjà beaucoup, mais aussi détournement malicieux d'un motif charnière du cinéma d'horreur et des contes cités plus haut : la figure de la sorcière, évidemment. Il sera tout aussi bien question de bûchers que de cérémonies étrangement sororales où notre héroïne se retrouve à danser et hurler en compagnie d'une joyeuse bande de consoeurs. Un véritable sabbat.
Notre protagoniste traîne avec un pauvre mec, la figure de l'ensorceleuse est synonyme depuis toujours de violences patriarcales - la "chasse" dont ont fait l'objet des siècles durant les femmes... Et la manière dont Ari Aster achève cette mise en parallèle sera pour le moins, disons-le... flamboyante. La force féministe du film explique en partie pourquoi cette prod A24 s'est forgée depuis quatre ans une fanbase aussi solide, sur Twitter notamment.
Car Midsommar, c'est comme un slasher (ces récits de tueur inventif traquant de pauvres victimes dans les bois et les villes), mais dont la principale proie serait... le patriarcat. Et c'est formidable. Raison de plus pour (re)vivre cette folle expérience dans son canap et devant Prime Video.