L'histoire prend place 2 ans après les événements de GTO. Onizuka a désormais 24 ans mais est toujours puceau et rêve encore de se marier à une lycéenne. Ça tombe bien, il se voit justement proposer un rôle dans un lycée afin de superviser la classe G, une section spéciale constituée de différents artistes (chanteurs, actrices, mannequins...). Un rêve pour le jeune prof, qui réalise rapidement que la réalité est loin d'être aussi belle que ce qu'il espérait...
La première chose à laquelle on pense en découvrant GTO - Paradise Lost, c'est que le concept est le même que le manga original. Pourtant, s'il est vrai que l'histoire se répète en apparence avec l'arrivée d'Onizuka dans une nouvelle classe difficile qu'il doit dompter, l'ambiance autour évolue d'une façon géniale. Premièrement, le fait que les élèves soient plus âgés apporte déjà une maturité et des thèmes plus intenses. Ça n'est pas forcément d'une importance cruciale, mais ça reste intéressant de voir notre blond décoloré préféré faire face à des personnalités plus affirmées.
Mais surtout, la véritable force de ce manga, c'est l'univers dans lequel baignent ces élèves. Tous préparés à devenir les stars de demain, ils ne sont en rien des élèves classiques. Ici, chacun à un parcours unique et fort, ce qui oblige Eikichi à revoir ses préjugés et à partir à la découverte d'un monde qu'il ne connait pas. Une nouvelle fois prêt à tout pour le bien de ses protégés, il réalise vite que derrière la célébrité qui le fascine peut parfois se cacher de terribles facettes capables de briser des vies. Et comme dans GTO, c'est dans ces moments de sincérité absolue, où l'humour laisse place à la cruauté du monde, que Tōru Fujisawa sait nous toucher et nous passionner. Derrière l'habituelle ambiance déjantée de GTO, on retrouve une belle maîtrise des émotions qui accouche de nouvelles leçons de vie évidentes mais nécessaires. Et ça fait du bien.
En parlant de renouveau, Tōru Fujisawa a eu une idée aussi inattendue que brillante pour lancer cette nouvelle aventure et nous en rendre immédiatement accro : l'histoire d'Onizuka débute... en prison. Pourquoi est-il réellement là ? Qu'est-ce que ça signifie vraiment ? Quel twist nous est réservé ? C'est sur ces questions que joue régulièrement le manga entre deux récits d'Onizuka à ses codétenus. Ça peut sembler superficiel (et on se doute que la résolution de ce mystère sera improbable), mais ça apporte une dimension supplémentaire à l'ensemble et ça nous tease une montée en puissance de l'histoire. Un concept redoutable qui nous hype d'emblée.
Tandis que Tōru Fujisawa a débuté cet univers en 1990 avec Young GTO, il est agréable et réjouissant de constater que le mangaka le maîtrise toujours autant. Que ce soit dans la construction de ses cases qui amène avec précision le moindre gag, dans son plaisir communicatif à déformer les visages de ses personnages à chaque situation improbable (oui, c'est toujours le maître des grimaces) et dans son humour qui ne vieillit pas, il est difficile de tourner une page sans avoir au préalable lâché une petite larme à force de rire.
GTO Paradise Lost a peut-être été lancé 12 ans après la fin de GTO, mais on a pourtant l'impression de n'avoir jamais quitté ce monde tant Tōru Fujisawa connait magnifiquement ses points forts. Loin de nous offrir du fan-service, le mangaka - malgré quelques blagues / situations qui se répètent inévitablement, sait apporter ce sentiment de continuité qui donne toute la légitimité à cette histoire et appuie ainsi ses gags. Jamais il ne nous donne l'impression de glisser dans la facilité, c'est bien son propre plaisir à mettre en scène des idées toujours plus folles qui se dégage à la lecture, ce qui renforce notre attachement et donc nos rires.
Alors certes, à l'ère de me-too, certaines blagues peuvent faire grincer quelques dents. Néanmoins, à l'instar de ce qu'était GTO, il est nécessaire de rappeler qu'on ne rit pas avec les personnages mais de leurs comportements problématiques, bien aidé par le sérieux des autres héros autour qui ramènent l'ensemble dans le droit chemin. Un décalage là aussi maîtrisé et bienvenue.
Enfin, s'il vous fallait une dernière raison de succomber à GTO Paradise Lost, c'est peut-être celle-ci : ce manga marquera la fin des aventures d'Onizuka. Oui, notre prof adoré prendra déjà sa retraite une fois que Tōru Fujisawa aura terminé cette histoire. Après l'avoir mis en scène dans Young GTO, GTO, GTO Shonan 14 Days et donc GTO Paradise Lost - et ça c'est sans compter sur les autres histoires qui ont également exploré cet univers comme GT-R - Great Transporter Ryuji par exemple, le mangaka de 54 ans a pris la décision de tourner la page. De quoi nous faire pleurer avant l'heure et nous motiver à profiter de la moindre case avec lui !
GTO Paradise Lost est publié par Pika Edition en France.