De nombreuses séries étaient attendues et ont, dans l'ensemble, encore offert une grande année à Netflix. On peut citer en vrac Mercredi, You saison 4, Queen Charlotte: A Bridgerton Story, The Glory, The Night Agent ou encore la saison 2 de Ginny & Georgia. Et en attendant la saison 5 de Stranger Things (pas avant 2025 a priori), c'est avec Berlin que la plateforme compte finir en beauté et démarrer en force 2024. Pour ça, il faudra attendre le 29 décembre.
Berlin, c'est un spin-off / prequel de La Casa de Papel. Spin-off puisqu'on suit ici une aventure centrée sur le personnage joué par Pedro Alonso. Prequel car l'histoire nous amène des années avant que la bande du Professeur, de Tokyo, Denver, Rio etc. ne vide la Maison royale de la Monnaie d'Espagne.
Cette fois, la série ne dépaysera pas plus que ça les Français puisqu'elle se déroule (en grande partie) à Paris. On garde les mêmes ingrédients avec un casse monumental où Berlin et sa nouvelle/ancienne bande vont s'attaquer à un butin de 44 millions d'euros sous forme de bijoux. Pas mal.
Pas de dépaysement total non plus sur la formule : on a affaire à un Berlin génial, ravagé, brisé par un énième divorce et passionné. On le voit basculer dans la folie, celle du braqueur fou et prêt à tout pour mener à bien son plan, mais aussi celle de l'homme amoureux, toujours excessif. Et forcément, les deux s'entremêlent et on comprend vite que ça va partir en...
Pour l'accompagner, il peut compter sur les dignes successeurs - ou plutôt prédécesseurs - de Tokyo, Rio, Denver, Marseille, Helsinki. Pas de noms sous formes de villes, on découvre désormais son bras droit, Damián (Tristán Ulloa), et ses apprentis, Roi (Julio Peña, que vous avez déjà pu suivre dans un autre succès de Netflix), Cameron (Begoña Vargas), Bruce (Joel Sánchez) et Keila (Michelle Jenner). Tous ont leur caractère bien différent et un rôle bien défini. C'est validé. Et, oui, si vous vous demandez, on retrouve aussi des visages connus de La Casa en vrai gros bonus...
Si on reconnait bien la patte des showrunners Álex Pina et Esther Martínez Lobato, il y a quand même de vraies différences avec La Casa de Papel. Et en particulier son côté quasi tout public. L'action et le suspense sont au rendez-vous, mais la violence cède sa place, voire disparaît. C'est assumé par le duo.
"Nous avons eu envie de faire quelque chose de lumineux, quelque chose que l'on peut regarder en famille. (...) Nous venions de réaliser d'autres projets qui étaient un peu plus sombres, avec plus de tension, plus de violence, des projets qui impliquaient d'autres émotions. Nous avions besoin de nous ouvrir à Paris, à cette beauté, à cet air, à cette lumière. Nous aimons beaucoup le fait que cette série soit confortable. Une série que l'on peut regarder sans se sentir secoué ou attaqué, quelque chose sans violence - tout le contraire" explique à ce sujet Esther Martínez Lobato.
Au final, Berlin réussit plutôt bien le numéro d'équilibriste : celui de ne pas perdre le public de La Casa de Papel, tout en se différenciant clairement de la série qui lui a donné naissance. Plusieurs choses interrogent (pourquoi 90% des Français parlent avec un accent ?!) mais le but est atteint : à chaque fin d'épisode, difficile voire impossible de ne pas enchaîner sur le suivant pour découvrir la suite. Certes, on n'accroche pas à tout, certains passages peuvent paraître longs et inutiles, d'autres beaucoup trop expéditifs, mais impossible de lâcher sans avoir le fin mot de cette histoire. Costaud alors même que l'offre en matière de séries n'a jamais été aussi pléthorique.
Dans une période anxiogène, la série Berlin a également la bonne idée de la jouer très soft tout en gardant l'esprit braquage, même si certains pourront regretter que celui-ci soit presque au second plan finalement.
S'il paraît difficile pour Berlin d'égaler le succès de La Casa de Papel, on n'a que très peu de doute sur le fait que la série devrait vite faire oublier The Golden Hour, succès surprise de cette fin d'année 2023, et squatter en très haute et bonne place le classement pour ce début 2024. On revenait pour Pedro Alonso, on reviendra aussi avec plaisir pour cette bande. Car, oui, il y a fort à parier que les aventures de Berlin pourraient bien continuer encore un moment.