Qu'elle est loin l'époque où Netflix se vendait comme une alternative à la télévision. En quelques années, la plateforme de streaming s'est progressivement rapprochée de ce dinosaure immortel, reprenant la plupart de ses codes. Et après avoir mis en place une option avec de la publicité, changé sa façon de mettre en ligne ses séries dont les saisons sont parfois diffusées en plusieurs parties et s'être mis à annuler des fictions sous prétexte qu'elles ne fonctionnent pas aussi bien que prévu (bye-bye l'Eldorado promis aux créateurs), les dirigeants commencent à produire de plus en plus de télé-réalités.
Parmi elles, on retrouve notamment Love is Blind qui, un peu à la manière de Mariés au premier regard (M6), suit des candidats se demander en mariage sans se connaître physiquement, uniquement aidés par des discussions à l'aveugle. Un concept que l'on n'aurait jamais imaginé retrouver sur le site à son lancement, mais qui en est pourtant l'un des programmes les plus suivis.
Problème pour Netflix, cette success-story est en train de tourner à la polémique. Après quatre saisons réussies, l'émission est aujourd'hui au coeur de la tourmente, la faute à des conditions de tournage décrites par certains anciens candidats comme traumatisantes mentalement et épuisantes physiquement.
A l'occasion d'une enquête réalisée par Business Insider, nombreux sont ceux à avoir témoigné du sadisme imaginé par les producteurs qui n'hésiteraient pas à les priver de sommeil (on parle de 20h de tournage par jour) et à limiter l'apport en eau et nourriture afin de jouer sur leur état psychologique. "Ils tentent de vous briser, ils veulent que vous soyez tendus", a balancé Danielle Drouin (saison 1), dans des propos repris par Yahoo!. L'objectif ? Obtenir de meilleures séquences, capables de faire le buzz ensuite sur les réseaux sociaux.
Ces mêmes producteurs seraient également les premiers à contraindre les participants à se livrer sur des expériences intimes parfois encore douloureuses pour eux, en oubliant à l'inverse d'entendre leurs alertes quand la situation irait trop loin. A cet effet, Danielle Ruhl (saison 2) aurait notamment été victime d'une crise de panique pleinement ignorée par l'équipe, malgré ses rappels constants au sujet de sa fragilité émotionnelle à l'origine, par le passé, de pensées suicidaires. Ses propos rapportés font froid dans le dos : "Je n'arrêtais pas de leur dire : 'Je ne me fais pas confiance. J'ai déjà fait des tentatives de suicide. J'ai des pensées suicidaires. Je ne pense pas être capable de continuer'".
Face au scandale provoqué par ces révélations, Kinetic Content - la société de production derrière ce programme, n'a pas eu d'autre choix que de réagir. Et sans surprise, les dirigeants ont immédiatement nié une quelconque maltraitance volontaire de leur part et ont assuré que tout était fait dans les règles. Mieux, contrairement à ce qui a été dénoncé, ils seraient même organisés pour être à l'écoute des candidats.
"Le bien-être de tous nos participants est pour Kinetic la chose la plus importante, ont-ils répondu dans un communiqué partagé à Variety. Nous avons mis en place des protocoles rigoureux afin de prendre soin de chaque personne que ce soit avant, pendant et après le tournage".
Puis, plus loin, Kinetic Content a déclaré que les accusations de Jeremy Hartwell (saison 2) - qui a porté plainte pour "conditions de travail inhumaines" contre elle et Netflix, n'étaient pas crédibles. "Son implication dans la saison 2 de Love is Blind n'a même pas duré une semaine, ont rappelé les dirigeants. Malheureusement pour lui, son aventure s'est terminée plus rapidement parce qu'il n'a pas réussi à développer une connexion suffisante avec d'autres candidats. Bien que nous ne souhaitons pas spéculer sur les motivations derrière sa plainte, ces accusations n'ont pas de crédibilité et nous nous défendrons vigoureusement contre elles".
Ca valait le coup d'annuler des séries comme Sense8, The OA ou encore Warrior Nun pour produire des émissions polémiques...