Attention, blockbuster. C'est ce mercredi 5 février 2014 que le nouveau RoboCop débarque au cinéma. Dans ce remake, Alex Murphy, en guerre contre la corruption, est grièvement blessé suite à une explosion le visant directement, sous les yeux de sa femme et de son fils. Proche de la mort, il est "sauvé" par le docteur Norton qui le transforme en robot policier. Devenu une arme infaillible utilisée par la société OmniCorp pour convaincre le gouvernement de dire "oui" aux justiciers robots, Murphy va devoir apprendre à être une machine... avec une conscience.
Dans le film de Paul Verhoeven, Alex Murphy devient (très) rapidement RoboCop. Mais José Padilha, lui, a décidé de s'intéresser plus en profondeur à l'homme dans la machine. Ici, on suit davantage Murphy dans son quotidien, sa famille n'est pas que brièvement mentionnée, elle est centrale à l'histoire. Le RoboCop relooké sait ce qu'il était, ce qu'il est devenu... et préférerait encore mourir. Le personnage est encore plus attachant, et la prestation subtile de Joel Kinnaman (The Killing) n'y est pas pour rien. Ses scènes avec le toujours excellent Gary Oldman, qui incarne Norton, sorte de docteur Frankenstein, sont peut-être les meilleures du film. Car c'est dans les relations humaines, et non dans l'action - filmée sans grande force, mise à part la séquence d'ouverture - que José Padilha convainc finalement le plus.
Si le RoboCop original est un film de science-fiction culte, José Padilha (qui a lui même convaincu les studios d'oser un remake) a misé sur une ambiance plus réaliste et un discours encore plus politique. "En 1987, Paul Verhoeven a créé un personnage qui incarnait l'idée philosophique que la violence robotisée est une porte ouverte au fascisme", nous a confié le réaliseur lors de son passage à Paris ce lundi 3 février. Et d'ajouter : "Ce qui est intéressant en 2014, c'est que tout ça devient réel. On mène déjà des guerres avec des drones. Quelqu'un dans un bunker regarde un écran de jeu vidéo et appuie sur un bouton pour tuer quelqu'un. (...) Alors je me suis dit : ce grand film de 1987 a une idée géniale, et je peux intégrer cette idée dans le présent pour faire un gros film hollywoodien qui raconte quelque chose". C'est en effet le pari de ce remake : adapter RoboCop à nos préoccupations actuelles.
Si l'on peut regretter l'ambiance badass, la violence volontairement extrême et l'humour so 80's du RoboCop original, le film signé José Padilha est une agréable surprise. Le Brésilien, Ours d'or en 2008 pour Troupe d'Elite, ne propose pas un vulgaire remake, il offre une nouvelle vision, un nouveau style. Un film inégal, sans doute moins révolutionnaire et moins jouissif que celui de Verhoeven, mais un film qu'il serait dommage de juger d'avance (n'est pas les haters ?). Mais peu importe les critiques, le réalisateur est fier.
"Je ne pense pas qu'un remake de RoboCop soit une tragédie qui justifie des réactions extrêmes (...) Je n'ai pas porté attention aux réactions des fans de l'original. Je me suis préoccupé de réaliser le meilleur film possible, avec du sens. Un film qui provoque de vrais questionnements. Je n'ai pas eu peur et au contraire, je suis fier de pouvoir utiliser géniale de 1987. J'ai fait mon boulot et le public fera le sien. Certaines personnes aimeront le film, d'autres trouveront ça moyen", nous a-t-il expliqué. La réponse dès ce mercredi 5 février.