Purebreak : Depuis quand fais-tu de la musique ?
Verushka : J'ai commencé à chanter à l'âge de 7-8 ans. J'ai fait plusieurs chorales, gospel et classique et des cabarets.
Dans ton portrait, tu dis que c'était inconcevable pour ton père d'avoir une fille qui devienne une star. Peux-tu nous expliquer pourquoi ?
Étant un colonel des forces armées camerounaises, c'était inadmissible pour lui que sa fille ou l'un de ses enfants puisse devenir chanteur/chanteuse, parce qu'il estimait que la musique et que le métier d'artiste, c'était un plan B, que c'était pour ceux qui avaient raté leur vie, que c'est un monde plein de requins, avec de la drogue, du sexe... Il ne voulait pas du tout et avait peur de me perdre en fait. Il voulait que j'aille à l'université et que je devienne avocate, car il a été juge d'instruction à un moment. Il voulait que je suive sa lignée.
"Après The Voice Afrique, les choses ne se sont pas bien déroulées"
Tu es arrivée en finale de The Voice Afrique Francophone en 2017. Qu'est-ce qu'il a pensé en te voyant dans l'émission ?
Il était très fier de moi. Il voyait mes vidéos sur Youtube et n'arrêtait pas de les commenter. Il me disait 'ce n'est pas parce que tu es ma fille mais tu as un énorme potentiel. Il faut continuer comme ça, je t'encourage'.
Tu as réussi à lui faire changer sa vision de la musique ?
Oui, mais c'était bien avant The Voice Afrique Francophone. En 2008, j'ai participé à un concours national intitulé 'Stars de demain'. C'est à ce moment là qu'il a commencé à céder.
Comment ça s'est passé pour toi suite à l'émission ?
Après l'émission, c'était ma plus grosse peur parce qu'ils ont mis la barre haute et il fallait sortir d'un télé-crochet pour lancer directement sa carrière. Malheureusement, les choses ne se sont pas bien déroulées. Déjà, mon coach m'avait promis d'enregistrer une chanson et il a remis le projet à un réalisateur camerounais qui, après un an, a admis avoir perdu les images. Ça a été choc. Il m'a laissée tomber et à la même période, j'ai perdu mon père. Pendant 2 ans après ma sortie de The Voice, ma notoriété a vachement baissé parce que les fans attendaient mais rien.
"J'ai fait une véritable dépression, je voulais mourir"
Tu as pensé à abandonner la musique suite à la mort de ton père en 2018 ?
Je suis tombée en dépression et j'ai pensé à abandonner la musique. Je ne croyais plus en Dieu, je ne croyais plus en mon talent, je ne chante plus, je voulais mourir. Je suis tombée gravement malade, j'ai fait une véritable dépression, je voulais en mourir. Ma mère était très mal pour moi, elle a demandé aux gens de l'église et à ses amis proches de me parler et de me soigner, parce que mon père n'aurait pas aimé que je me laisse aller comme ça, c'était mon premier fan. Il aurait voulu que je continue à faire ce que j'aime le plus dans ce monde : chanter. Du coup, j'ai sorti un single qui s'appelle Rebirth (renaissance) où j'ai raconté mon histoire, pour aider ceux qui sont dans la même situation ou pire. C'était une façon de leur dire de ne pas abandonner. La musique m'a aidée à remonter la pente et je me suis re-sentie bien, j'ai accepté de me traiter et j'ai guéri mais la douleur interne reste.
Pourquoi tenter ta chance en France aujourd'hui ?
Il y a 3 ou 4 ans, bien avant The Voice Afrique, j'ai postulé pour The Voice mais je comprenais jamais pourquoi je n'avais pas de réponses. Pendant 3 ans et demi, j'ai laissé tomber et un jour, alors que je m'ennuyais, je lisais mes messages et j'ai vu sur Messenger que 3 membres de la production m'avaient envoyé des messages deux mois avant. J'ai tout de suite répondu mais j'ai cru que c'était trop tard, que le casting était fini. Mais non, ils ont pris mes coordonnées pour que je puisse passer le casting en ligne. Mais avant de venir en France pour le casting final, ils m'ont refusée le visa. Heureusement, Bruno Berberes (ndlr : le directeur de casting) m'a rassurée. Ils m'ont envoyée l'instru pour que j'enregistre en vidéo mon audition à l'aveugle. Une semaine plus tard, j'étais prise, mais j'ai beaucoup hésité. Après The Voice Afrique, où j'étais arrivée en finale, je voulais arrêter les compétitions et lancer ma carrière. Je me disais que si je me lançais dans The Voice France et qu'on ne me prenait pas aux auditions à l'aveugle, ma notoriété allait encore beaucoup chuter. J'ai eu peur de retenter ma chance. Mais je me suis dit qu'il y avait plus d'ouverture et de visibilité en France. Même si je ne gagne pas, je pourrais quand même trouver quelqu'un qui me donnera mes chances de réaliser mes rêves.
"J'ai eu peur de retenter ma chance"
Tu as repris I put a spell on you d'Annie Lennox. Pourquoi ?
C'est pas moi qui l'ai décidé. Bruno Barberes me disait que ma voix avait une particularité et qu'il fallait que je mise sur cette particularité. Pour que ma voix se démarque, il m'a proposé I put a spell on you. Je ne connaissais pas, je l'ai beaucoup écoutée et je me la suis appropriée tout de suite.
Ça t'a fait quoi de voir 3 fauteuils retournés sauf celui de Lara Fabian ?
Franchement, j'étais un peu déçue et surprise parce que je sais que Lara est une femme qui a une grande voix et qui sait détecter les voix chez autres. J'étais déçue qu'elle ne se retourne pas, je me disais que je n'avais pas su la toucher ni lui donner les sensations fortes qu'elle attendait. Je me suis dit que j'avais encore beaucoup de boulot. Elle m'a dit qu'elle ne s'était pas retournée parce qu'elle n'avait pas sentie la connexion et qu'elle ne savait pas ce qu'elle allait m'apporter. Mais bon, je suis à The Voice, c'est l'essentiel.
Amel Bent s'est retournée mais a été bloquée, tu as été déçue ?
Oui, j'aurais bien voulu entendre ce qu'Amel Bent m'aurait dit si elle n'avait pas été bloquée. Je serais allée chez elle, qui sait ? Je me retrouve dans les 4 coachs : Lara, avec sa force, sa puissance vocale, sa douceur et sa sensibilité ; Amel je retrouve sa douceur et son côté solide ; Marc Lavoine, je retrouve le côté mystérieux que parfois j'ai également et chez Pascal, je retrouve cette folie. C'est un fou et je suis folle. Je sais donner de la grâce et de la douceur autant que je sais donner du punch dans des chansons à caractère. C'est pour ça que je l'ai choisi comme coach. Et puis je suis fan depuis toute petite, c'est mon idole.
"Certains disent 'elle ne chante pas, elle gueule, elle crie'"
Tu ne crains pas de chanter plus calme dans la suite de l'aventure ?
Non je n'ai pas peur, justement, c'est un challenge personnel. J'ai vu certains commentaires sur les réseaux sociaux qui disent 'elle ne chante pas, elle gueule, elle crie'. Je me suis dit 'pourquoi ils me jugent sur ça, ils n'ont pas écouté toute la chanson ?' Ce n'est pas crier, c'est faire des montées. J'ai l'impression que certains ne savent pas ce que c'est que crier et aller dans les aigus. En plus, ce n'est pas moi qui ai voulu la chanter comme ça. Moi j'écoute ceux qui ont de l'expérience en la matière. Je suis désolée mais pas toutes les chansons nécessitent de la douceur. Chaque registre musical est différent et a ses règles. On ne peut pas chanter du rock dans du zouk, on ne peut pas adoucir la voix dans le rock, on ne peut pas puncher la voix dans le flow, ça ne se fait pas. Pourtant, ceux qui ont vu The Voice Afrique, ils ont vu mon évolution dans l'émission : au début, j'ai fait This is a Man's Man's Man's World aux auditions à l'aveugle et après j'ai évolué crescendo et j'ai montré que je peux également m'imposer dans la douceur. Je suis déçue de ceux qui ont vu mon parcours dans The Voice Afrique et qui gardent le même langage. Mais bon, on ne peut pas plaire à tout le monde, la perfection n'existe pas.
C'est quoi tes projets pour l'après The Voice ?
Que je gagne ou pas, je veux faire carrière après The Voice. C'est ça ma perspective d'avenir. J'aimerais que quelqu'un se rappelle de moi, veut travailler avec moi et me donner une chance. Une fois que je serai stable musicalement parlant, je veux faire la même chose avec mes cadets.
Propos recueillis par Marion Poulle. Contenu exclusif. Ne pas reproduire sans citer PureBreak.com.