Amel Bent, 28 ans, est de retour dans les bacs ! Trois ans après "Délit Mineur", la finaliste de Danse avec les stars 2012 revient avec "Instinct", un cinquième album sur lequel figurent les titres Ma Chance, Sans Toi ou encore Regarde-nous. Rencontre avec une chanteuse qui ne se prend pas au sérieux, et qui se confie avec humour et franchise sur son dernier opus, la "polémique" de sa pochette topless, ses 10 ans de carrière, sa tournée ou encore ses projets.
Purebreak : Instinct est ton 5ème album. Qu'est-ce qui le différencie de tes opus précédents ?
Amel Bent : La démarche était : Comment en donner plus aux gens ? Qu'est-ce que j'ai déjà dit et que je n'ai pas besoin de redire ? Qu'est-ce qu'il serait bien de dire maintenant et que je ne disais pas avant ? Comment faire en sorte que cet album soit vraiment différent des autres, que je me livre encore un peu plus ? Je me suis rendue compte que j'en avais déjà dit beaucoup, beaucoup, beaucoup (rires).
Mais tu avais le sentiment de ne pas t'être racontée ?
J'avais raconté mon enfance, ma famille, mes amis, mon public, mes rêves, mes espoirs, mes amours déçus, mes désillusions... Puis en réflechissant, je me suis rendue compte que ce que les gens savent le moins de moi, c'est qui je suis. Mon caractère, ma personnalité, est-ce que j'ai de l'humour, est-ce que j'ai de la joie de vivre, est-ce que je suis tout le temps triste... J'avais raconté toutes mes histoires, mon vécu, mes expériences, mais je ne me suis pas racontée moi. Donc c'est devenu un peu mon pari. Il y a les moments à fleur de peau, l'émotion, la sensibilité, mais il y a aussi le bonheur, la joie de vivre, la combativité, les convictions.
Tu es partie aux Etats-Unis pendant la préparation d'Instinct. Pourquoi ?
Je voulais couper avec mes repères. Cet album allait de toute manière marquer une fracture avec le reste, parce que je ne m'étais jamais vraiment racontée. Je n'avais jamais mis tout ce que j'aime, l'éventail de tout ce que je peux chanter. Je me suis dit, "Si je vais chanter dans le même studio avec les mêmes personnes, les mêmes musiciens, comment je vais pouvoir sortir de ça ?" Je serais repartie vers la même chose, la couverture serait toujours tirée vers le passé. Alors que si je vais dans un endroit où les gens ne me connaissent pas, où l'ingénieur du son ne connaît pas ma voix, mes capacités, mes doutes... je vais repartir de zéro et c'est là qu'on va trouver la nouveauté. Et c'est ce qui s'est passé.
En parlant des Etats-Unis, tu as enregistré un featuring avec l'Américain Ne-Yo. Ca s'est passé comment ?
Je l'ai invité ! Je l'avais déjà rencontré, mais je connais surtout son producteur qui est devenu un ami. Je l'ai vu il n'y a pas très longtemps et je lui ai dit que j'étais en train de préparer mon nouvel album, puis j'ai glissé un petit "Ne-Yo, il fait quoi en ce moment ?" Et voilà (rires).
Tu n'as pas choisi ce featuring mais Regarde-Nous comme nouveau single. Le clip du morceau est très coloré et dansant. Depuis Danse avec les stars, la danse te définit en tant qu'artiste ?
La danse a toujours été une partie moi. Danse avec les Stars m'a donné la permission de le faire. J'ai toujours voulu danser mais je ne savais pas comment l'intégrer. Je me suis dit que ça allait être un choc terrible : si les gens viennent voir Amel Bent qui pleure sur Tu n'es plus là et tout d'un coup j'arrive en dansant (rires)... Je me suis dit que les gens allaient être choqués. Danse avec les Stars m'a permis de le faire en douceur.
Danse avec les stars, c'est une expérience qui t'a aidée dans la construction de cet album ?
Bien sûr ! Danse avec les Stars m'a permis de montrer cette partie de moi qui était frustrée de ne pas exister sur scène.
Ton album parle de toi, mais aussi beaucoup de "nous". Comme tu as écrit ou co-écrit les chansons de cet album, on peux imaginer qu'une histoire personnelle t'a inspirée ?
C'est beaucoup moi. Beaucoup, beaucoup. Pour moi, c'est un devoir de m'inspirer des mes propres expériences. Il y a des artistes qui racontent des histoires, et des artistes qui se racontent. Moi, je me raconte. Tout le temps.
A l'écoute de l'album, on a aussi l'impression d'entendre une lionne qui a dû se battre. Tu as l'impression d'avoir été confrontée à beaucoup d'obstacles ?
Oui. Jusqu'à maintenant. C'est un combat perpétuel. A chaque étape, on se dit, "Si je gagne ce combat, ça y est, je vais pouvoir me reposer". En fait, pas du tout. Un combat en chasse un autre. Je me suis battue en général dans la vie avant, après je me suis battue pour exister en tant que chanteuse. J'ai fait tous les castings, je me suis mangée des baffes... Puis il y a eu le bon casting, j'ai cru que j'y étais arrivée, mais en fait, après il faut se battre pour exister dans sa créativité, faire son album. Faire exister son univers, c'est un combat. Ensuite, il faut combattre pour durer. Ce n'est pas évident.
Instinct est un véritable mélange de styles musicaux. Tu t'en fiches de rentrer dans une case ?
Pas tant que ça. Ce n'est pas facile pour les gens qui travaillent avec moi : je ne peux pas être le visage de Skyrock parce que je suis urbaine mais pas assez, je ne peux pas être le visage de NRJ parce que je ne suis pas complètement pop et dance, je ne peux pas être le visage de Nostalgie et Chérie FM parce que je ne suis pas assez variétés. Je suis le visage de moi-même en fait (rires). Donc c'est bien pour l'estime de soi, se dire qu'on ne rentre dans aucune case, mais c'est sûr que ça faciliterait les choses si je décidais de prendre une route bien tracée.
Les temps qui courent est l'un des morceaux forts de ton album. Tu as confié avoir pleuré en l'enregistrant, pourquoi il t'émeut autant ?
C'est mon morceau préféré. Je pleure tout le temps dessus. Les temps qui courent résume ma vie, ma pensée, mon émotion. Ca explique bien que la vie n'est pas toute rose, que ce n'est pas tout blanc ou tout noir. Ca explique que malgré les obstacles, j'ai encore de l'espoir, je vais contre le vent, contre le temps... Cette vérité m'émeut.
Tu réponds quoi aux gens qui regrettent que tes chansons ne mettent pas plus en valeur ta voix ?
Je leur réponds que je ne dois pas être victime de ma voix. Ce n'est pas parce que je sais faire des trucs que je suis obligée de faire de la démonstration. Ca m'ennuie, en fait. J'ai envie de ressentir des choses avec une chanson, en général, et ma voix ne pas être l'étendard du morceau. C'est juste l'un des vecteurs d'émotion. Comme le violon, comme le piano, le texte, la mélodie. J'aime que ce soit égal.
Dans cet album, du clip de Regarde-nous à la pochette, on n'a l'impression que tu assumes plus que jamais ton côté sexy. Tu te sens mieux dans ta peau ?
Oui. J'ai beaucoup chanté qu'il fallait qu'on m'accepte comme je suis et je me suis rendue compte que la seule personne qui ne s'acceptait pas, c'était moi. J'ai mis du temps, mais maintenant je m'en fous.
Et tu as réagi quoi de la "polémique" sur la pochette topless ? Ca t'a amusée ?
Je ne suis pas topless sur la pochette, c'est ça qui m'a beaucoup amusée. On ne voit rien ! J'ai déjà fait des photos avec des débardeurs dans lesquels on voyait plus ma poitrine. Pendant Danse avec les stars, j'ai mis des tenues qui montraient mon ventre, mes cuisses... Dès que je dansais, on voyait ma culotte. Mais personne n'a dit que c'était vulgaire, parce que j'étais sur une piste de danse. C'est une pochette d'album, ce n'est pas la vie ! Je ne marche pas dans la rue comme ça. On ne pourra pas me faire croire que c'est vulgaire, alors que je sais que ça ne l'est pas. Pas même dans la démarche. C'était juste une manière de dire, "c'est l'état primitif, on revient à l'essentiel, à des choses plus vraies". Appeler un album "Instinct" et arriver avec une photo dans un perfecto, je trouvais que ça n'allait pas du tout.
Tu penses quoi des artistes qui jouent beaucoup de leur côté sexy ?
Je ne suis pas sexuée dans ma manière d'être. Même si sur la pochette je n'ai pas de haut, ce n'est pas sexuel. C'est pour ça que je ne regarde pas l'objectif, que je tourne la tête. Le but n'est pas de dire, "hum, regardez comme je suis bonne" (rires). Ce n'est pas "mangez-moi". C'est juste un paix intérieure. Après, ce que je pense des filles qui le font... Chacun fait ce qu'il veut, je ne juge pas les gens.
Ton autre actualité, c'est ta tournée. Ta maman t'a comparée à Beyoncé sur scène...
Et à Michael Jackson ! Ma mère qui ne voit pas du tout comme une star, même si elle est très fière de moi, m'a dit en sortant de l'Olympia : "Je te jure, parfois on aurait dit Michael Jackson !" (rires). Ca me fait rire parce que je me dit que j'ai encore parcouru du chemin. Si j'arrive à étonner ma mère, si ma mère me voit comme les artistes qui font des trucs de fous aux Grammy Awards, c'est beau. C'est une victoire, même si je ne me prends pas du tout au sérieux.
Tu penses qu'en France aussi il y a des stars capables de faire le show à la Michael Jackson et Beyoncé ?
En France, c'est moins la culture du show. A part Shy'm, M. Pokora, Mylène Farmer et maintenant Tal, ce n'est pas dans notre culture de faire le show.
Pour préparer ta tournée, tu t'es inspirée de quoi ?
Je me suis refait tous les concerts de Jennifer Lopez, de Beyoncé, Britney Spears, Madonna... Le but était de comprendre comment elles faisaient pour chanter et danser, comment elles trouvaient l'équilibre sur un spectacle. Cette tournée, c'était 8 fois plus de boulot que lorsque qu'on doit juste chanter. Mais je suis fière. Ca me paraissait impossible au début des répétitions. Maintenant, ça devient naturel. Je kiffe.
La prochaine étape, c'est une comédie musicale comme M. Pokora ?
Je n'ai jamais été dingue de comédies musicales. J'aime bien soit le cinéma, soit la chanson. Le cinéma, si on m'y invite et que le projet me botte, je vivrai l'expérience.
Tu es dans le showbiz depuis 10 ans et tu as pas mal de copains artistes. Tentée par un duo avec un artiste français ?
Si ça se présente, pourquoi pas. Emmanuel Moire et moi, on a très envie de chanter ensemble. Zaz aussi. C'est en projet...
Tu as chanté sur le plateau de la Nouvelle Star pour la demi-finale. Dix ans après, ça fait quel effet ?
C'est trop bien. J'ai toujours un peu pression mais ce qui est différent, c'est que ce n'est pas mon jury. Si c'était le même jury, ce serait très bizarre.
Si aujourd'hui tu débutais, tu tenterais The Voice ?
Evidemment ! Déjà à l'épooque, j'avais tout tenté : Graines de Star, Popstar, Star Academy... J'ai passé tous les castings.
Tu fêtes 10 ans de carrière. Si tu devais retenir un moment, ce serait...
La première fois que je me suis entendue à la radio. Ma Philosophie. Je crois que c'était sur Fun Radio. J'ai pleuré.
Tu t'imaginais que Ma Philosophie allait devenir un classique ?
Pas tout. Il n'y a que maintenant, 10 ans après, qu'on peut le dire. Quand tu vois des gamines de 6 ans chanter un titre en concert alors qu'elles n'étaient même pas nées à sa sortie... Là, tu te dis que le morceau a traversé le temps.
Dernière question : tu as récemment participé au tournage de La Parenthèse Inattendue. Qu'est-ce le public va découvrir sur toi ?
Déjà, je tiens à préciser que je n'ai pas pleuré (rires). Sinon, les gens vont peut-être découvrir mon histoire. Je l'ai beaucoup chantée mais sans jamais réellement raconter les faits. Plus les émotions que j'ai pu traverser dans la vie. Dans La Parenthèse Inattendue, je me livre plus sur les faits. Si je l'avais fait il y a 5 ans, je n'aurais pas pu me livrer autant. Aujourd'hui je peux me le permettre. Il y a du recul, les blessures sont plus ou moins refermées... je peux en parler avec plus de sérénité.
Propos recueillis par Charlotte Vaccaro. Contenu exclusif. Ne pas reprendre sans citer PureBreak.com.