Qui a dit que Netflix se contentait de produire des fictions pour adolescents ? Comme on peut régulièrement le découvrir, la plateforme de streaming joue également avec la fascination morbide du public pour les affaires criminelles. Dernier exemple en date ? C'est le 10 avril 2024 qu'elle a ajouté au sein de son catalogue le documentaire Les Vérités de Jennifer.
Pendant près d'une heure et demie, on plonge ainsi dans la terrible histoire de Jennifer Pan qui, au mois de novembre 2010 au Canada, avait orchestré le meurtre de ses parents en compagnie de son petit ami de l'époque. Un drame familial bouleversant aux multiples rebondissements, qui ne serait néanmoins pas dépeint de la façon la plus éthique possible dans ce documentaire.
Depuis quelques jours, Les vérités de Jennifer est en effet secoué par une polémique. En cause ? De nombreux internautes reprochent à l'équipe créative d'avoir trafiqué quelques photos à l'aide de l'IA afin d'aller dans le sens de sa narration. C'est notamment flagrant à la 28ème minute du documentaire.
Interrogé par les réalisateurs, un ancien ami du lycée de Jennifer y décrit la criminelle comme une personne "pétillante, heureuse, sûre d'elle et sincère". Et bien évidemment, afin d'illustrer de tels propos, différentes photos de Jennifer sont dévoilées à l'écran. Le problème ? Celles-ci semblent complètement fausses.
Alors même que Jennifer est toujours habillée de la même manière sur ces images, on peut surtout constater qu'il lui manque des doigts lorsqu'elle exécute le signe de la paix sur l'une d'entre elles, tandis que sur une autre, un problème de dent saute aux yeux (voir ci-dessous). De même, une oreille parait manquer à l'appel. Or, on le sait désormais, ce sont généralement des défauts attribués aux générateurs d'images par IA qui ont encore quelques difficultés à parfaitement représenter un être humain et ses émotions.
Une façon de procéder choquante sur laquelle ni Netflix, ni l'équipe créative, n'ont encore souhaité s'exprimer, mais qui soulève déjà une vive polémique aux USA. Comme le rappelle le site Futurism : "Utiliser un générateur d'images par l'IA pour dépeindre une véritable personne dans un documentaire True Crime a de quoi poser question."
Et pour cause, trafiquer des photos pour un tel programme revient à manipuler la réalité et les faits. Inventer des images qui n'existent pas, sans préciser de mention du style "reconstitution", est un manque d'éthique aussi déplorable que dangereux aux conséquences désastreuses. Dans un monde déjà rempli de fake news, de telles manipulations risquent de détourner un peu plus le public de vrais travaux journalistiques et faire grimper les doutes et théories du complot.