Dans quelques semaines, l'actrice Michelle Yeoh pourrait devenir à 60 ans la première femme asiatique à remporter l'oscar de la meilleure actrice grâce à sa performance dans le film Everything Everywhere All at Once. Une récompense qui serait justifiée au regard de son rôle mais également de sa carrière impressionnante, mais une nomination qui pointe également du doigt un réel problème de représentativité concernant la communauté asiatique.
En 2018, la comédienne Constance Wu (Crazy Rich Asians) déplorait déjà l'invisibilisation des siens en rappelant un terrible fait sur Twitter : "Combien d'Asio-Américains ont été nommés pour l'Oscar du Meilleur acteur ou de la Meilleure actrice ces dix dernières années ? Aucun".
De son côté, Steven Yeun (The Walking Dead) - qui enchaîne les gros projets depuis quelques années, regrettait en 2021 une faible ouverture d'esprit des producteurs lors des castings ou scénaristes lors de l'écriture. "Il n'y a pas beaucoup de beaux rôles pour les acteurs américains d'origine asiatique, constatait-il auprès de LaPresse. Honnêtement, je ne saurais dire si j'ai un flair pour choisir de bons projets - ça se passe bien jusqu'à présent -, car je ne croule pas sous des piles de scripts à lire."
Une surprise ? Pas vraiment. Donnie Yen vient de le rappeler au détour d'une interview accordée à GQ, la relation entre Hollywood et la communauté asiatique est loin d'être très respectueuse. En cause ? Les rôles imaginés seraient encore aujourd'hui conçus à partir des pires clichés possibles, causés par un certain confort et certaine fainéantise intellectuelle.
A cet effet, celui que l'on retrouvera dans la peau de Caine dans John Wick 4 a révélé avoir tapé du point sur la table au moment d'incarner ce personnage. "Initialement, son nom était Shang ou Chang, a déploré l'acteur. Pourquoi doivent-ils tous s'appeler de cette façon ? Pourquoi ne peuvent-ils pas avoir des noms normaux ? Pourquoi cela doit-il être toujours aussi générique ?"
Puis, une fois le message passé (et entendu par le réalisateur Chad Stahelski), Donnie Yen a également demandé à retravailler le style vestimentaire de son héros : "Là encore, le costume... oh, des col Mao... Pourquoi tout devrait être si générique ?" Selon lui, ce choix était bien la preuve d'une habitude hollywoodienne irrespectueuse prise à l'encontre de ses congénères tant celui-ci n'avait aucun sens avec l'univers mis en place : "On parle d'un film John Wick. Tout le monde est supposé apparaître à la fois cool et stylisé. Pourquoi lui ne pouvait pas l'être ?"
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Un coup de gueule nécessaire et important qui, comme il l'a rappelé à GQ, n'était pas son premier. En 2016, alors casté pour le film Star Wars - Rogue One, Donnie Yen avait profité de sa pré-production pour apporter des modifications utiles aux caractéristiques de son personnage Chirrut Îmwe.
"L'une des choses que j'avais pointées, c'était qu'il était un réel stéréotype, a-t-il soufflé. C'était le maître [d'arts martiaux] typique. Le genre à ne jamais sourire". Aussi, il avait là aussi imposé des changements et improvisé quelques blagues sur le tournage pour casser ces mauvais réflexes.