Comment tu t'es mis au rap ? ?
L'ennui, l'ennui, l'ennui... Je m'ennuyais profondément. Fallait que je fasse quelque chose. J'ai trouvé ça à faire. On cherche tous quelque chose où on est fort dedans, où on bat les autres. Et comme j'ai eu des résultats dans le rap, bah je me suis accroché à ça.
La culture hip-hop, ça te passionne depuis tout petit ?
J'ai écouté de la musique super tard en fait, peut-être deux-trois ans avant de m'y mettre. Je me suis lancé là-dedans parce que j'écoutais que ça. Surtout la Sexion d'Assaut. Que Sexion d'Assaut, Sexion d'Assaut... J'ai commencé à rapper sur des instrus de leurs morceaux donc au moment de m'y mettre sérieusement, j'écoutais ''La Terre du Milieu'', le ''Renouveau'', ''Les Chroniques du 75 volume 1''... Ce sont des classiques qui ont tourné en boucle dans mon MP3.
Lorie aussi, non ? "Ma meilleure amie" c'est un clin d'oeil, avoue-le.
Bien sûr ! Ça a tourné à la maison, avec 2Be3, Larusso, ''Au nom de la rose'' de Moos... On a baigné dans les hits de merde quand même.
Et Ophélie Winter ?
Non, très peu Ophélie Winter. C'est le côté anglais, mes parents n'achetaient pas ça.
Avant ton premier album, tu as sorti 2 mixtapes, 2 EPs... C'était quoi ton ambition pour "Agartha" ?
De rentrer en rotation sur Skyrock ! (Il se marre) Nan, je déconne. J'avais envie de faire un truc fort, avec ma nouvelle vision de la musique. J'arrive à apprendre de tous mes projets et je voulais mettre en pratique ce que j'avais appris. Là, je veux vraiment me mettre sur les prods.
Comment tu crées tes morceaux ?
On fait tourner des prods et à un moment, j'ai une phrase qui me vient. Soit c'est une phrase de refrain, soit c'est une phrase de couplet, en tout cas y'a une idée que je vais développer dans le morceau. Je crois que c'était Goldman ou Aznavour qui disait qu'il avait besoin d'une phrase forte pour faire une chanson, moi c'est pareil. Il me faut un déclic. Parfois c'est une phrase de merde hein ! Mais ça me permet de rebondir très sérieux à côté, ou bien de continuer à dire tout et n'importe quoi...
Elle est où la limite entre Vald le personnage et Valentin le rappeur ?
La limite, c'est que Valentin est très poli et ne veut pas blesser les gens. Vald, lui, rentre chez eux. J'utilise la musique pour rentrer chez eux. Mais moi je ne veux surtout pas les déranger, surtout pas. C'est pour ça que je me retrouve très gêné sur un plateau comme ''TPMP''... Je ne sais pas quoi dire, pas quoi faire, je me retrouve comme un con. J'aime pas ça. Après, Vald fait partie de moi, on est les mêmes. Je songe même à changer de blaze, à m'appeler Valentin, vraiment Valentin. Y'a pas de personnage au final... Mais effectivement, c'est de la musique. Il faut créer de la magie, du spectacle, proposer quelque chose de vraiment fort pour se démarquer. Il s'agit pas de se contenter d'être naturel : il faut faire de l'exceptionnel. Tout en ayant du recul sur ce qu'on fait.
Elle te vient d'où, cette culture de l'auto-dérision ?
J'ai toujours accepté que l'on rigole de moi. Ça me permet de rire des autres.
Mais tu n'as pas peur de te sentir enfermé dans ce rôle comique ?
Si bien sûr, et l'inverse est tout aussi vrai. Être trop décalé et ne jamais être pris au sérieux, c'est comme proposer du fond et croire que tu rigoles. Mais c'est pas grave parce qu'en réalité, on propose quelque chose. Et le but c'est de générer une émotion chez l'auditeur. Ce que je veux absolument éviter, c'est de faire de la musique qui laisse tout le monde indifférent. Qu'on ne me dit pas "ouais, c'est cool". Non ! C'est génial ou c'est à chier. Ce que tu te prends dans la tête ça peut être violent mais c'est pas grave, on fait partie d'une génération violente sur internet. Les jeunes qui se prennent YouTube depuis qu'ils ont 6 ans et qui arrivent à 16-18 piges avec leurs tablettes, ce sont des monstres ! Mais ils ont un méga recul, ce sont des méga trolls, ils sont super forts ! On pourrait croire qu'internet et Youtube créent des générations de demeurés mais au contraire, je pense que les jeunes sont très intelligents.
Dans l'album, "Megadose" ressemble à une prod de Booba, "Je t'aime" ou "Dernier verre" à PNL... On est dans l'hommage ou dans le foutage de gueule ? ?
Sans être ni dans l'un ni dans l'autre, je pense qu'on est juste dans une tradition. Je fais vraiment du rap. Comme je t'ai dit juste avant, c'est là où c'est un peu triste ou mal contrôlé : pour certains, on fait de la parodie. Je ne supporte pas les parodies, surtout pas du rap ! Y'a un coté moqueur, alors que moi le rap, c'est toute ma vie. Ça tue sa mère ! Au contraire, je suis plus dans les codes officiels du rap. En fait j'arrive à prendre les codes et à jouer avec, en restant au bord. On casse un tout petit peu les limites pour ouvrir l'esprit des gens.
Est ce qu'on est obligé de parler de cul et de drogue quand on fait du rap ?
Je pense, ouais ! Le rap c'est hardcore. Le rap ça parle de cul, le rap ça parle de drogue. C'est ça le rap ! Après un morceau peut très bien se passer de ces thématiques-là MAIS le rap veut ça. Moi-même quand j'écoute un album, si j'ai pas un morceau de débile où le mec dit qu'il est le meilleur, qu'il baise tout le monde et qu'il tue tout le monde, ça va m'énerver ! Il me manque quelque chose. C'est la coutume !
Tu gardes quoi comme souvenir du clip de "Selfie" ? ?
Une très bonne expérience et une belle amitié avec Nikita Bellucci !
La pochette de l'album, elle raconte quoi ?
C'est un CD, c'est de la musique qui veut s'adresser à tout le monde et c'est sûr que ceux qui ne connaissent pas le délire et qui voient un type en Christ se disent tout de suite "Ohlala, c'est qui ce mec"... Mais c'est une histoire d'ego, ça s'adresse avant tout à ma communauté de fans. Depuis longtemps, dans le titre "Journal perso", j'disais : "Un jour dans une église y'aura ma gueule en aquarelle". Bon, là on est sur des vitrails... D'ailleurs on dit des vitrails ou des vitraux ?!
Vitraux, je crois ! C'est toi qui l'a imaginée, cette pochette ?
Le dessinateur a tout fait ! Moi je suis en connexion cosmique avec Wild Sketch. Quand on lui a dit qu'il nous fallait une pochette pour "Agartha", il savait tout de suite de quoi on parlait.
Il y a beaucoup de références au cinéma dans tes textes : "Neo" parle de "Matrix", tu cites Sauron dans "Si j'arrêtais"... Quel est le film qui t'a le plus marqué dans ta vie ? ?
C'est super dur comme question ! Je pense toujours à ''Fight Club'' comme film choc, peut-être parce que j'étais petit quand je l'ai vu. Ça m'est vraiment resté. Sinon ''Requiem For A Dream'', ''Forrest Gump''... Mais comme je suis cinéphile, je n'ai pas vraiment de préféré : j'ai un avis sur un tout un tas de films différents.
Quand tu dis "Comment faire du rap sans être dissident" sur ''Eurotrap'', ça signifie quoi pour toi ?
Cette phrase, c'est un peu le prolongement de la question ''Comment faire du rap sans prendre position''. C'est presque comme si je disais, ''prendre position ça suffit pas'' . Y'a des positions vraiment neutres ou faciles, et c'est pas ce qu'on demande au rap.
On demande quoi au rap ?
De changer le monde ! On demande au rap de dénoncer des choses. Quand le rap hurlait sur la police à l'époque, c'était quelque chose de réel. D'une certaine manière, ça a un peu fait changer les mentalités et même s'il n'y a pas de résultat derrière, au moins il y avait une volonté de gêner et de dire quelque chose de dérangeant. C'est ça le rap ! Ne pas rester dans les clous. Il ne s'agit pas de faire du rap pour dire "La situation de l'Afrique est déplorable".
Alors quand tu viens déguisé en Donald Trump au Grand Journal, c'est un acte politique ? ??
Non, ça c'est du divertissement. Je le répète partout mais Donald Trump qui turn up à l'ONU entouré de lézards, ça c'est chaud ! Méga-performance.
En tant que rappeur et en tant que citoyen, comment tu vois l'avenir du monde avec Trump justement ?
Je pense qu'on va tous avoir un éveil de conscience. Y'a quelque chose de très beau qui nous attend. Une inversion du magnétisme terrestre, un nouveau cycle... Les gens vont s'ouvrir et on sera tous sauvés. Ça va arriver !