Depuis la parution de sa première saison en 2022, Nouvelle École, le télécrochet de la plateforme de streaming Netflix dédié au rap français, cristallise les critiques de la part des internautes et des différents acteurs de l'industrie musicale. En cause, le format du concours notamment, avec des épreuves bien plus significatives que d'autres, qui a éliminé des candidats pourtant très intéressants et prometteurs, mais aussi les avis d'un jury qui était jusqu'à présent composé de SCH, Shay et Niska. Il faut dire que les deux derniers cités ont régulièrement fait polémique au sein du programme avec des opinions plus ou moins bien senties.
Ainsi, le géant du streaming vient d'annoncer que le casting allait changer pour la troisième saison à venir en 2024. Si le rappeur marseillais sera toujours de la partie, exit la rappeuse belge et le trappeur du 91, pour le plus grand bonheur de nombreux spectateurs qui réclamaient leurs têtes à la production depuis des mois. Et ils vont être remplacés respectivement par... Aya Nakamura et SDM. Si, sur le papier, un renouvellement des jurés peut être bénéfique pour l'émission afin d'insuffler un peu de nouveauté, elle est en réalité dans la continuité de ce qui a été fait précédemment et risque de ne pas faire beaucoup bouger les choses en l'état actuel, comme l'ont souligné de nombreux internautes sur X, le réseau social anciennement nommé Twitter.
En effet, l'annonce de l'arrivée d'Aya Nakamura est particulièrement sujette à de nombreuses interrogations. Tout d'abord, elle ne fait pas de rap en tant que tel et cela peut se révéler rapidement problématique dans une émission entièrement consacrée... au rap et durant laquelle elle devra livrer des analyses poussées et approfondies sur les différentes performances des candidats. Niveau légitimité et crédibilité, on a vu mieux. D'autant plus que Shay était finalement plutôt juste dans ses analyses, même s'il lui arrivait souvent de ne pas les exprimer (oralement) de la meilleure des façons.
Pour SDM, le constat est différent. Le rappeur signé sur le 92i, le mythique label de Booba, n'a connu que le succès très récemment, en particulier avec son dernier album "Liens du 100" paru en fin d'année dernière. Même s'il s'est offert quelques tubes comme Mr. Ocho et Bolide allemand, son expérience reste relativement limitée au sein du milieu musical comparé à ses deux futurs comparses. Et même s'il évolue dans un registre artistique différent, son profil n'est finalement pas si éloigné de celui de Niska, qui, même s'il se plantait régulièrement dans ses jugements à côté de la plaque, avait le mérite d'être très franc. Peut-être aurait-il été plus judicieux de miser sur une figure historique, comme peuvent l'être des Médine, Youssoupha, Oxmo Puccino, Rim'K ou encore Disiz, pour ne citer qu'eux.
Cependant, on peut tout de même aussi y voir quelques avantages. Aya Nakamura est habituée à collaborer avec des artistes issus de la scène hip-hop (notamment le titre Daddy avec un certain... SDM !) et n'est pas totalement étrangère à ce genre musical. De plus, elle figure parmi les plus grosses stars francophones actuelles et nul doute qu'elle devrait avoir quelques conseils précieux pour les concurrents, notamment lorsqu'ils devront élaborer des singles mainstream voués à cartonner sur les plateformes de streaming et en radio. SDM, lui, devrait être plus à l'aise sur l'aspect technique pur et dur. De plus, ses réussites récentes montrent qu'il est un artiste en phase avec son temps et qu'il pourrait livrer des avis pertinents pour permettre aux rappeurs d'offrir une proposition musicale audacieuse et accessible, tout en développant leur univers artistique.
Même si le scepticisme est quand même de mise après cette annonce, on peut logiquement espérer que les deux nouveaux membres du jury, bien aidés par un SCH quasiment irréprochable depuis le lancement du concept, sauront faire l'effort de se renseigner et de travailler en amont afin d'éviter de reproduire les erreurs de leurs prédécesseurs - à condition de prendre un minimum ce nouveau rôle à coeur. Avec, en ligne de mire, l'objectif de faire passer le programme dans une autre dimension et de développer des artistes qui pèseront réellement sur la scène rap francophone dans les années à venir à la suite de leur participation.