La famille des séries d'animation de Netflix s'agrandit. Après les succès de Bojack Horseman, F is for Family ou encore Big Mouth, la plateforme de streaming accueille ce vendredi 17 août... Désenchantée, la nouvelle création de Matt Groening, le papa des Simpson et Futurama. Une collaboration inédite et forcément attendue, mais pour quel résultat ? Notre avis.
Créée par : Matt Groening
Avec les voix (en VO) de : Abbi Jacobson, Nat Faxon, Eric André, John DiMaggio, Billy West
Format : 25/30 minutes
Diffusion FR : Disponible en intégralité sur Netflix
Bean est une jeune princesse alcoolique, qui adore les jeux d'argent. Lassée de vivre la vie qu'on lui impose, elle décide de briser les codes et conventions en faisant sa propre révolution. Accompagnée de Elfo, un elfe un peu simplet et Luci, son démon très particulier, la jeune femme va écrire son propre destin en croisant sur sa route des ogres, lutins, harpies, trolls, morses et beaucoup d'humains dégénérés.
Le sentiment que l'on retient principalement des premiers épisodes de Désenchantée, c'est de la frustration. Et la raison à cela est simple, la série n'exploite absolument pas son potentiel et semble avancer avec le frein à main.
Graphiquement, la série est cool et nous amène dans une zone de confort très appréciable quand on est fan de Matt Groening. Du côté de l'univers, on voit bien ce que tente de faire Groening et son équipe et toutes les possibilités qui s'offrent à eux avec les motivations des héros, les créatures, la magie et les anachronismes. Les personnages, bien qu'un peu timides pour le moment, sont très attachants avec des personnalités hors-normes qui se complètent parfaitement. Enfin, l'humour fait le job et donne naissance à quelques répliques marquantes.
Mais alors, qu'est-ce qui ne va pas ? Désenchantée ne décolle tout simplement jamais vraiment. Premièrement, la série manque cruellement de rythme (la faute à des épisodes inutilement trop longs) ce qui est fatal pour une comédie. Les blagues ne s'enchaînent pas et les intrigues (une histoire = un épisode) s'éternisent au point de nous perdre en chemin. Alors oui, Matt Groening est toujours doué pour nous réveiller par moment avec ses gags cachés un peu partout en arrière-plan, mais ce n'est plus suffisant en 2018. Rick & Morty ou même Bob's Burgers dans une moindre mesure le font bien mieux grâce à une meilleure maîtrise.
Deuxièmement, Désenchantée ne profite pas de sa plateforme pour se lâcher. Là où Les Simpson est contrainte de rester sobre à cause de sa diffusion télé, Matt Groening aurait pu profiter d'être sur Netflix pour enfin libérer son propos. On voit très bien où il veut en venir, mais il ne pousse pas assez le vice pour ça. Pour une princesse rebelle, c'est un peu dommage de simplement la voir roter et dire "non". Tout comme il est dommage de ne pas voir Luci entrer plus en profondeur dans le politiquement incorrect. Et l'exemple le plus flagrant à ce manque de prise de risques est dans le traitement d'Elfo. Le voir souffrir est toujours tordant, mais le sadisme reste très scolaire et peu mordant.
Toutefois, n'allez pas nous faire dire ce que l'on n'a pas dit. Si les premiers épisodes de Désenchantée sont une déception face à l'attente que l'on en avait, la comédie reste amusante et très feel good. Tout ce dont elle a besoin c'est de régler son problème de rythme et d'assumer son univers. Matt Groening doit s'inspirer de son héroïne et envoyer balader les codes qu'il s'est imposés au fil des années.
PS : S'il vous plait, changez cette musique de générique qui est absolument nulle, plate et sans âme. On est loin des thèmes marquants, créatifs et cultes des Simpson et Futurama. Tout un symbole...