Je n'ai jamais lu un seul numéro des comics de Garth Ennis, mais depuis la saison 1 de son adaptation en série par Eric Kripke sur Prime Video, je n'ai loupé aucun épisode de The Boys. J'ai même regardé (et apprécié) Gen V, son premier spin-off. Il faut dire qu'à une époque où la hype des super-héros Marvel ou DC est devenue indigeste avec des films/séries qui se ressemblent tous et ne réinventent rien, il est agréable de voir une oeuvre briser à ce point les codes d'un tel genre.
Aussi, c'est toujours avec excitation que j'attends une saison de The Boys et c'est toujours avec plaisir que je découvre les nouveaux épisodes. Et les trois premiers de cette saison 4, mis en ligne ce jeudi 13 juin 2024 (le reste sera ensuite diffusé de façon hebdomadaire), n'ont rien changé à ma fascination pour la série
Dès ces trois nouveaux épisodes, on retrouve exactement ce qui fait le sel de cette fiction, à savoir : des super-héros sans scrupules (Homelander n'a toujours pas de conscience), des giclées de sang à outrance (évitez de regarder la série dans un parc entouré d'enfants), des séquences WTF et complètement teubées qui vous feront voir The Human Centipede autrement (je me répète, évitez de regarder la série dans un parc entouré d'enfants), une mise en scène travaillée (une séquence de combat classique de Kimiko se révèle très fun à suivre) ou encore des répliques incroyables aussi drôles que féroces ("Les débiles qui se croient intelligents me donnent envie de bouffer ma merde").
Bref, comme vous pouvez le constater, ce début de saison 4 ne déçoit pas et on prend encore son pied devant. Pourtant, alors qu'il vient d'être annoncé que la saison 5 de The Boys sera la dernière, je suis le premier ravi à savoir que la série va bientôt s'arrêter. Car oui, même si je m'amuse toujours autant avec, je m'ennuie également beaucoup devant. Et c'est avant tout dû à une fainéantise extrêmement frustrante.
Parmi les qualités citées au-dessus, vous remarquerez que je n'ai pas parlé de l'histoire. Et ce n'est pas un oubli de ma part, mais bien ma plus grosse déception vis-à-vis de The Boys. Nous voilà déjà devant la saison 4 et RIEN n'a changé, rien n'a évolué, on regarde TOUJOURS la même chose : Homelander n'est pas gentil, il faut l'arrêter, Hughie & ses potes se battent justement en coulisses pour ça, mais n'y arrivent pas.
Certes, on a tout de même eu le droit à quelques nouveautés (encore heureux) avec un monde désormais divisé, un Homelander coincé et des évolutions personnelles nouvelles (c'est d'ailleurs le truc le plus improbable : l'histoire n'avance pas, mais les scénaristes emberlificotent le tout avec des sous-intrigues laborieuses), mais c'est bien trop peu. En réalité, on fait du surplace depuis 2019 avec des épisodes qui racontent la même chose. Et le problème, c'est que même si l'enrobage autour continue d'être efficace, cela fait finalement perdre toute substance et impact à la série, qui devient son propre cliché. De façon très ironique, là où elle dénonçait l'uniformité des oeuvres du genre à ses débuts, elle est finalement en train de faire la même chose avec son propre univers, piégée par l'innovation qu'elle apportait à son lancement.
À trop vouloir jouer les cartes du choc et du buzz à travers des séquences inédites, les équipes d'Eric Kripke ont oublié d'avoir des idées narratives. Résultat, la faute à des enjeux répétitifs et donc amoindris, on perd notre attachement envers les personnages et l'histoire (pour preuve, il arrive un énorme truc à Butcher et on n'arrive même pas à être touché). Au bout du compte, on ne regarde plus une série, mais une compilation de moments forts. Et même si son propos continue de dénoter (positivement) avec le reste du genre (sa mise en avant du fascisme reste fascinante), celui-ci perd progressivement en substance tant il apparait plus superficiel qu'autre chose.
Le point positif, c'est que maintenant qu'une fin est confirmée pour The Boys, cela va obliger l'équipe créative à se bouger pour faire avancer l'intrigue. Reste à espérer qu'elle amorcera cette évolution dès cette saison 4 (ce qui n'est pas encore perceptible avec ces trois premiers épisodes) au risque d'avoir une nouvelle fois la sensation d'avoir perdu notre temps.