Purebreak : Comment tu as commencé les vidéos sur Youtube ?
Fahd El : J'ai commencé à faire des vidéos sur Instagram où j'étais limité au niveau du temps puis je me suis mis sur Youtube en 2013 parce que je voulais faire des vidéos plus longues. Je voulais raconter plus de choses tout en faisant rire. Je ne savais pas du tout comment m'y prendre. Quand on regarde ma première vidéo, on est un peu impressionné tellement c'est nul, et au final les gens l'ont bien pris. Ils m'ont critiqué mais pas en me disant que c'était nul et que je ne réussirais jamais. Ils étaient là comme un moteur, ils m'ont dit que j'allais m'améliorer, que j'avais un bon débit. Ça m'a impressionné parce que, souvent, les gens sur Youtube sont hyper cash, ne sont pas tendres. Là j'ai reçu des critiques qui m'ont grave aidé à m'améliorer, ils m'ont grave encouragé. Je pensais que c'était parce que j'avais déjà une communauté sur Instagram mais, au final, ce ne sont pas les mêmes personnes qui me suivent.
Tu reçois plus de critiques sur Youtube que sur Instagram ?
Honnêtement, je n'avais jamais de critiques sur Instagram. J'en avais peut-être une fois par mois, max. mais c'est différent : les vidéos sont courtes et puis tu postes ce que tu veux donc même si c'est pas drôle, les gens vont mettre "ahah". Alors que sur Youtube, les gens attendent quand même plus de boulot, plus de recherches. Ils veulent kiffer le montage, ce que tu racontes.
"Il faut savoir se démarquer sur Youtube"
Il faut dire que la concurrence sur Youtube est rude aussi...
Il y a plein de youtubeurs aujourd'hui, ça fait plaisir mais y'en a plein qui font la même chose. Il faut savoir tirer son épingle du jeu si on veut se démarquer, avoir plus d'abonnés et une plus grande communauté. J'ai plusieurs personnages, j'ai essayé d'avoir mon propre style de vidéo. Ça reste du podcast mais j'ai ma chambre, j'ai mon décor, j'ai instauré cet état d'esprit où je me prends pas la tête, c'est détente. Je ne suis pas là à faire des montages de fou, des plans hyper différents. Je pense que c'est ça aussi qui a plu.
L'inspiration pour tes vidéos et tes personnages te vient d'où ?
Honnêtement, tout ce que je fais en vidéo est inspiré de ma vie quotidienne. Après j'exagère mais ça part de mon entourage et de ma vie quotidienne.
Quel est ton personnage préféré ?
Je dirais mon père. C'est un nouveau personnage donc je n'avais pas pris l'habitude de le faire de base, et quand j'ai commencé à le faire, quelques personnes accrochaient, mais pas tant que ça. Maintenant, on me demande de faire ce personnage dans toutes mes vidéos. Même moi j'y ai pris goût. En tout cas, c'est le personnage que je kiffe en ce moment.
Tu as été touché par la démonétisation ?
Oui, j'ai été touché par la démonétisation par rapport aux musiques, comme d'habitude, sur pas mal de vidéos. Parfois, c'est sur des vidéos sorties il y a un an et demi, elles se démonétisent maintenant. Au départ, on nous disait qu'on avait le droit d'utiliser des musiques pas plus de 6 secondes pour que l'algorithme Youtube ne le reconnaisse pas, mais je crois que maintenant ça se fait manuellement. Après, il faut savoir qu'il y a la démonétisation totale et le partage des revenus, ce qui veut dire que tu touches l'argent sur tes vidéos mais tu partages avec la boite ou la maison de disques. C'est toujours mieux que de se faire démonétiser totalement.
"Aujourd'hui, j'arrive à vivre de mes vidéos"
Tu arrives à vivre de tes vidéos ?
Aujourd'hui, j'arrive à vivre de mes vidéos. Après ça va dépendre de la fréquence : plus je poste de vidéos, plus le contenu plaît et plus les revenus vont être plus importants. Mais oui, aujourd'hui, Dieu merci, j'arrive à en vivre !
Depuis peu, tu es au casting de "Kiffe aujourd'hui" sur France TV slash. Comment on t'a approché ?
En fait c'est un projet qui a pris vraiment beaucoup de temps. A la base, j'ai rencontré deux producteurs en 2013, au départ de ma chaîne (je devais avoir 200 000 abonnés), qui me disent qu'ils aiment bien ce que je fais, que c'est cool, que c'est jeune et qu'ils aimeraient bien bosser avec moi sur un projet de série, vu qu'ils sont en contact avec France Télévision. J'étais content de ce rendez-vous mais il ne se passe pas grand-chose par la suite, mais eux continuent de bosser. Un jour, en 2016, ils m'appellent et me disent que France Télévision est chaud pour faire une série avec moi. On avait déjà une idée sur ce que ça allait être, à savoir une série sur la cité universitaire. Je les rencontre et, au final, on se lance dans l'écriture et, début 2019, on commence à tourner pendant deux jours. C'était hyper rapide et intense mais je suis très content du résultat.
"Le fait que je sois le personnage principal est gratifiant"
Qu'est-ce qui t'a plu dans le projet ?
C'est scénarisé mais c'est un peu ce qu'on vit tous. On est à l'école, certains quittent leurs parents pour aller en cité universitaire, c'est jeune et ça parle du vécu que certaines personnes ont pu avoir, et notamment à la fac. En plus, je suis encore à la fac – je suis en 3e année de licence administration et échanges internationaux à Créteil - et ça me plaisait de scénariser ça. Le fait que je sois le personnage principal est encore plus gratifiant.
Entre Youtube et la série, tu trouves le temps de continuer à étudier ?
C'était un peu chaud. Après, on s'est arrangé pour tourner juste après mes examens et tout le monde était disponible à ce moment là donc c'était parfait. Après, c'est de l'organisation, faut s'accrocher. En général, la semaine, j'ai cours, je tourne le week-end, puis je monte le lundi pour poster le mardi. C'est intense, faut s'organiser, mais ça a été cette année.
Tu as eu quels retours par rapport à la série ?
Il y a eu un bon démarrage. Sur Youtube, le premier épisode est à 200 000 vues en 4 jours donc c'est un bon début. Sur France tv slash aussi, apparemment ça a bien pris. Franchement j'ai été surpris parce qu'on a l'habitude de me voir dans un rôle drôle et, là, c'est différent, je suis plus 'victime' de ce qu'il se passe autour de moi, je suis tout le temps taquiné par les autres. C'est un rôle différent de celui que je peux faire sur Youtube et il est beaucoup plus pro et les gens peuvent me voir sous un autre angle, en tant que comédien, et à ce niveau là, je n'ai eu que des bons retours. Même sur la série et le concept, je n'ai eu que des bons retours. Donc ça fait plaisir.
Une saison 2 ? "On a déjà évoqué la possibilité"
Vous avez déjà envisagé une saison 2 ?
Dans la série, il y a 10 épisodes, et le but, ce serait de faire une saison 2 mais avec des épisodes beaucoup plus longs. Donc ouais, si ça marche, pourquoi pas faire une saison 2, c'est tout ce que je souhaite. On a déjà évoqué la possibilité avec France TV, mais rien n'est fait encore, ça n'a pas encore été acté.
Tu aimerais jouer dans davantage de séries ou même au cinéma ?
Franchement, ce serait mon but : de commencer sur Youtube, faire une série et pourquoi pas un film donc ouais j'aimerais bien être un jour au cinéma. Ça me ferait plaisir et je pense que c'est l'aboutissement de tout un travail.
Quels sont tes projets dans les semaines à venir ?
Je continue mes vidéos Youtube. A la rentrée, je vais réfléchir sur des courts-métrages que je pourrais réaliser sur ma chaîne, donc ce ne sera plus des podcasts. Après, on verra. Je ne peux pas en dire plus : je discute d'autres choses avec d'autres personnes mais rien n'est sûr encore.
Propos recueillis par Marion Poulle. Contenu exclusif. Ne pas reproduire sans citer PureBreak.com.