La liberté de création des vidéastes sur YouTube s'apprête encore à en prendre un coup. Comme vient de l'annoncer la plateforme à travers un communiqué, elle va en effet mettre à jour ses conditions d'utilisation de contenus tiers dans les vidéos à compter de ce vendredi 1er juin.
Ainsi, c'est sur son blog "support" que YouTube a annoncé les bouleversements à venir : "Certains créateurs constateront une augmentation du nombre de correspondances entre leurs vidéos mises en ligne et des contenus protégés par des droits d'auteur. (...) Toute correspondance établie avec le contenu d'un tiers sera envoyée pour examen aux détenteurs des droits d'auteur. En raison de l'étape de vérification manuelle, vous ne pourrez voir certaines revendications que plusieurs jours après la mise en ligne. (...) Si vous utilisez des contenus tiers dans vos vidéos, il est possible que vous receviez des revendications Content ID ou que certaines de vos vidéos soient retirées pour atteinte aux droits d'auteur."
Vous trouvez ce communiqué trop flou sur les changements et conséquences imposés par la plateforme ? Le vidéaste "Le radis irradié" a de son côté partagé un message d'avertissement un peu plus clair de la part d'un Network envoyé aux YouTubeurs sous contrat. Et vous allez le découvrir, c'est peu encourageant : "Les nouvelles vidéos comportant du contenu non libre de droit (musiques, extraits de films/séries, extraits de vidéos...) seront automatiquement revendiquées, ce qui entraînera la démonétisation, le blocage ou le strike de la vidéo concernée (selon les désirs de l'ayant-droit). Côté network, YouTube exige que les chaînes que nous rattachons transgressent le moins possible le règlement (droits d'auteur et communauté) et que nous détachions celles qui ne le respectent pas suffisamment. (...) Un trop grand nombre de blocages, de démonétisations et/ou strikes peut dans certains cas conduire à la clôture de la chaîne".
Autrement dit, si vous avez pour passion de parler de cinéma, séries, documentaires ou jeux vidéo, vous aurez interdiction d'utiliser la moindre image (ou musique) sans l'autorisation des ayants-droits, car il sera de plus en plus difficile de passer entre les mailles du filet, même avec des effets de flou, vidéo inversée... Et si YouTube affirme : "les revendications Content ID n'entraînent pas de mise en garde pour votre chaîne. Si vous êtes d'accord avec la revendication, aucune action n'est requise de votre part", ce qui sous-entend qu'une chaîne ne devrait pas être supprimée en cas de problèmes, cela risque tout de même de couler de nombreux vidéastes.
Premièrement, s'il devient impossible d'utiliser la moindre image, les vidéos risquent de moins attirer l'oeil du public. Comment argumenter un propos, comment imager une idée sans matériel ? Deuxièmement, si les vidéos sont démonétisées à cause d'une image finalement utilisée, celles-ci seront moins mises en avant, se perdront dans les bas-fonds de la plateforme et feront perdre de la motivation (et de l'argent) aux créateurs. Enfin, troisièmement, si les networks sont obligés de se séparer de certains vidéastes à cause de ces règles, ces derniers pourraient alors perdre de nombreux avantages (dont des partenariats avec les marques), et les motiver à arrêter les frais...
Evidemment, il est encore trop tôt pour mesurer la véritable puissance de cette mise à jour et le réel impact sur les YouTubeurs (quid du droit de citation par exemple ? Les gros vidéastes seront-ils vraiment touchés ou seuls les petits ?). Néanmoins, les créateurs n'ont pas tardé à faire part de leur mécontentement sur les réseaux sociaux (voir ci-dessous). De quoi nous rappeler la fragilité de l'histoire d'amour entre eux et YouTube, et comprendre que YouTube est loin d'être libre.
L'ironie dans cette histoire ? Les ayants-droit qui nous abreuvent d'images/vidéos à longueur de journée à l'aide de bandes-annonces, teasers ou micro-teasers afin de promouvoir leurs oeuvres, font tout pour contrer le travail des vidéastes qui se chargent justement de mettre en avant leur travail à travers des critiques, chroniques ou tests.