Purebreak : Tu as connu le succès dans les années 2000, tu as fait quoi ensuite ?
Gage : Ce qui est drôle, c'est que les gens pensent que j'ai arrêté mais je n'ai jamais arrêté. J'ai arrêté légèrement pour aller voir ma maman mais ensuite j'ai toujours continué à faire des concerts. La grande différence, c'est d'avoir cette vitrine qu'est The Voice, qui est une grande émission, et de se dire qu'il a quand même 6 millions de téléspectateurs qui vont te regarder et, samedi, voter pour la première fois. Je suis excité. C'est comme une campagne électorale (rires), tout le monde doit se démerder à faire valoir sa force. Mais par rapport à ma carrière, je n'ai jamais vraiment arrêté, c'est surtout la visibilité qui me manquait.
"Les gens pensent que j'ai été pistonné mais j'ai fait au moins 4 ou 5 auditions"
C'est pour ça que tu as décidé de participer à The Voice maintenant ?
Exactement ! C'est parti d'une idée de Corneille. Je venais à peine de terminer mes derniers clips qu'il m'a dit de commencer à promouvoir le truc et m'a demandé si j'avais déjà pensé à faire un télé-crochet. Quand il m'a parlé de The Voice, je lui ai dit qu'il était fou, que si personne ne se retournait alors que tout le monde me connait, c'était l'humiliation complète. Il m'a dit 'faut essayer, j'ai jamais vu quelqu'un comme toi là-bas'. Du coup, je n'ai rien dit, je l'ai laissé comme ça et quelques semaines plus tard, j'ai passé la première audition. Les gens pensent que j'ai été pistonné, que je suis rentré par la porte de devant mais j'ai fait au moins 4 ou 5 auditions. J'ai fais la file comme tout le monde. Je n'avais pas envie de venir en tant que Gage, artiste déjà connu, là c'est le Gage qui se remet en doute et qui veut voir s'il est capable d'intéresser les gens. Honnêtement, je ne m'attendais pas à être pris à cause de mon âge ou de mon expérience. Je sais que les gens pensent que, vu que j'ai une carrière, j'ai déjà tout fait mais ce n'est pas vrai. La télévision, c'est quand même différent et chanter devant 6 millions de téléspectateurs, ce n'est pas évident.
Tu penses qu'être déjà célèbre est un atout supplémentaire pour convaincre le public de voter pour toi ?
Non, moi justement, je n'ai pas mis ça en avant, je n'ai pas chanté 'Pense à moi' aux auditions à l'aveugle. Javais envie qu'on me regarde comme un nouveau et qu'on me juge pour ce que je suis là et pas pour ce que j'ai été par le passé. Les temps ont changé, la musique a changé. Quand j'ai commencé en 2005, il n'y avait pas encore d'Instagram, de Facebook, de Twitter, c'était les débuts de MySpace (rires) et là les réseaux sont vraiment importants. Après chaque prestation, je voyais mon portable qui buzzait et allait exploser tellement j'avais des messages. C'est un vrai contact. On est dans une ère où, tout ce que tu fais, c'est instantané.
"On m'envoie des demandes en mariage"
C'est important de bien faire les choses. Quel genre de messages tu reçois depuis ta participation ?
J'ai de tout. J'ai des demandes en mariage, on me donne des rencards sans même se présenter. En même temps, la chance que j'ai, c'est que mon public est majoritairement féminin, du coup c'est plus facile pour moi de chanter et de m'adresser à eux parce que je sens qu'ils m'écoutent. Mais c'est un défi d'aller chercher les plus jeunes, les gens qui ne m'ont pas encore entendus et surtout briser les codes. Aux gens qui disent que j'ai déjà une carrière, j'ai envie de leur dire que personne n'est à l'abri. Autant j'ai eu des choses fantastiques au début, mais j'ai aussi eu le revers de la médaille de cette industrie qui n'était pas très cool, comme le fait de rencontrer des mauvaises personnes qui veulent t'utiliser, qui utilisent ta notoriété pour faire avancer leurs trucs, des soi-disant managers et producteurs. Peut-être que c'était ma faute parce que j'étais peut-être naïf, dans le sens où, tout ce que je voulais, c'était chanter et je n'étais pas trop dans le coté business de la chose. Avec le recul et l'expérience, je me sens tout nouveau, j'ai envie de m'ouvrir, je veux que les gens se disent que je suis capable de tout chanter.
Certains téléspectateurs disent que The Voice, c'est découvrir de nouveaux talents, tu leurs réponds quoi ?
Ce qui est drôle, c'est ce qui m'a un peu surpris, c'est que lors de la première audition à l'aveugle, Jenifer m'a demandé comment je m'appelais. Finalement, il y a encore des gens qui ne me connaissaient pas. C'est avoir la grosse tête de se dire que tout le monde me connaît. C'est comme si j'ai une deuxième vie. La première vie, c'est le Gage innocent, tout nouveau, qui arrive et ensuite il y a eu l'apprentissage, il a fallu que j'apprenne. Je reviens beaucoup plus aguéri et plus posé. Surtout, je sais un peu plus où je veux aller et ce que j'aimerais faire, pourquoi je me bats.
"J'ai envie qu'on se dise 'c'est pas un voleur, c'est pas un escroc'
Tu connaissais Soprano, tu n'as pas peur qu'on parle de favoritisme ?
Non. Pour la petite histoire, on s'était rencontrés il y a quelques années de cela, on devait faire un morceau et le morceau n'a jamais vu le jour. On est allé en studio, on a maquetté le truc mais finalement, ça n'a jamais été diffusé. Depuis, on s'est comme perdu de vue. De toute façon, les gens pensent que j'ai été pistonné depuis le début. Il va toujours y avoir des gens qui vont avoir des choses à dire. C'est quand même un télé-crochet pour trouver la meilleure voix, alors je laisse tous les ragots de côté et je me focalise vraiment sur ce que je dois faire, sur le chant. J'ai envie qu'on me regarde et qu'on se dise 'ouah, il chante quand même ! C'est pas un voleur, c'est pas un escroc'.
La première chose que tu ferais si tu gagnais The Voice, ce serait quoi ?
J'appellerais ma maman, c'est la première personne que j'aimerais entendre de vive voix, j'aimerais avoir son feedback. La deuxième chose que je ferais, c'est de prendre des vacances (rires). Parce que franchement, les derniers mois dans The Voice étaient chauds. C'est beaucoup d'insomnies, de doutes, de remises en questions et de reconstruction. Tu dois te faire confiance, tu dois être debout, tu dois être là et c'est pas facile. J'aimerais me ressourcer pendant une semaine avant d'attaquer les studios.
Tu as déjà une idée de ce à quoi ressemblera ton prochain album ?
Je n'ai pas d'idées. J'avoue que je n'aime pas trop prévoir les trucs parce que je laisse la place à la spontanéité. Par contre, j'espère trouver des producteurs de fou, des chansons de fou. J'aime bien que ça soit solaire, que ça soit positif et surtout j'espère que mon public féminin sera là. Je fais souvent des chansons pour les femmes, même si c'est pas nécessairement à l'eau de rose ni positif. Les femmes, ce sont mes muses.
On a des chances de découvrir le morceau avec Soprano un jour ?
Je ne sais même pas, je ne sais même pas s'il se souvient ! Chacun avait écrit sa partie mais ça fait des années qu'on ne s'est pas revus, qu'on n'a pas reparlé de ça et je pense que c'est aussi pour ça qu'il était surpris en me voyant à l'audition à l'aveugle. Je ne suis pas ce genre de personne à courir après les gens, je suis plutôt le mec qui fait son bout de chemin, qui va se battre jusqu'à la fin et c'est juste inespéré de te dire que la première personne qui te permet de faire cette émission, c'est Sopra. Ça a été le premier à se retourner.
Propos recueillis par Marion Poulle. Contenu exclusif. Ne pas reproduire sans citer PureBreak.com.