Comment raconter les plus atroces événements de l'Histoire ? Avec Hunters qui est inspirée de l'histoire de sa grand-mère, survivante de la Shoah, David Weil a décidé de se focaliser sur un groupe de chasseurs de nazis prêts à déjouer les plans de survivants pour créer un nouveau Reich sur le sol américain. Une série sensible qui n'a pas tardé à faire parler d'elle et pas vraiment en positif.
Ce week-end, Hunters a créé la polémique, quelques jours seulement après la mise en ligne de sa saison 1 sur Amazon Prime Video. Pourquoi ? A cause d'une scène de l'épisode 1. Meyer Offerman (joué par Al Pacino) y racontait à Jonah (Logan Lerman), l'une des atrocités à laquelle sa grand-mère et lui-même avaient assisté dans un camp de concentration : dans un flashback, on pouvait voir des soldats nazis organiser un jeu d'échecs géant avec des prisonniers juifs, nus, qui étaient tués violemment.
Une scène qui a fait parler sur les réseaux sociaux et à laquelle le compte Twitter du Mémorial d'Auschwitz, l'un des camps de concentration les plus tristement célèbres, a réagi. "Il y a eu tellement de douleurs horribles à Auschwitz, connues grâce aux récits des survivants. Inventer un faux jeu d'échecs humain pour @huntersonprime n'est pas seulement une bêtise dangereuse et une caricature. C'est également une invitation aux futurs négationnistes. Nous honorons les victimes en préservant la vérité" peut-on lire sur le compte Twitter.
Face à la polémique, le créateur David Weil a tenu à répondre dans un long communiqué publié par Variety. Ce dernier a défendu sa décision et expliqué comment et pourquoi il en est arrivé à inclure cette scène dans sa série. "Bien que Hunters soit une série dramatique avec de nombreux personnages de fiction, elle est inspirée par de vrais événements. Mais ce n'est pas un documentaire. Ça n'a jamais prétendu l'être. Quand j'ai créé cette série, c'était une chose importante pour moi de considérer ce que je pense être la question ultime et le défi lorsque l'on raconte une histoire sur la Shoah : comment le faire sans emprunter les expériences et la vie d'une personne réelle ?" écrit-il.
Dans son message, il explique qu'il a fait plusieurs choix dans ce sens comme par exemple donner à ses personnages des tatouages supérieurs au chiffre 202 499 (le plus grand nombre donné à un prisonnier d'Auschwitz). Concernant la scène qui fait tant parler, David Weil explique : "Pourquoi est-ce-que j'ai ressenti que cette scène était importante pour la série ? Pour contrer de façon puissante la narration révisionniste qui blanchit les nazis, pour montrer le plus extrême des sadismes et la violence dont les nazis ont fait preuve contre les juifs et leurs autres victimes. Pourquoi avoir créer un événement fictionnel quand tant d'horreurs réelles ont existé ? Après tout, il est vrai que les nazis ont perpétré des actes d'extrême sadisme et de torture, et même certains "'jeux" contre leurs victimes. Je ne voulais simplement pas montrer ces moments spécifiques, des actes qui ont créé de vrais traumatisme" confie-t-il.
David Weil ajoute : "Si la question philosophique est de se demander si l'on peut raconter des histoires sur la Shoah qui ne sont pas des documentaires, je pense que nous le pouvons et nous le devons. Hunters, comme de nombreux autres films à ce sujet, n'adhère pas à une vérité littérale dans le but de capturer la vérité de la Shoah. Ma décision de la romancer a été faite en étant conscient de ce débat et cette série prend le point de vue que la représentation symbolique permet à chacun de mieux comprendre les expériences de la Shoah". Le créateur termine son message en remerciant le mémorial d'Auschwitz qui a lancé ce débat. "Je crois que nous sommes du même côté et que nous travaillons dans un but commun. J'espère que nous pouvons continuer à dialoguer sur la façon d'atteindre ce but" conclut le créateur de Hunters.