L'histoire en quelques mots : Elisa, Pierre, David et Jonathan sont quatre amis d'enfance. Ce soir, ils doivent se retrouver pour une raclette à laquelle est également conviée Tiffany, une pote qu'Elisa retrouve après l'avoir perdue de vue un moment. Elisa et David doivent leur annoncer qu'ils s'aiment. Le problème ? Le groupe avait fait un pacte : "pas de sentiment dans le clan"...
On aurait pu vous faire un texte bien lourd en vous disant que vous allez vous régaler, que serez en mode "cheese" pendant 1h10, que ça va réchauffer votre automne ou que nous nous poêlons beaucoup mais 1) on laisse ces sublimes jeux de mots à Laurent Ruquier pour le jour où il recevra l'équipe, 2) ce serait manquer de respect aux comédiens et à la metteuse en scène.
Parce que, oui, soyons honnête, si on venait en partie pour le titre alléchant, on a finalement très vite zappé cette histoire de raclette, sans pour autant rester sur notre faim (désolé Lolo, on la garde celle-là). Le point de départ semblait pourtant assez simple : des amis de longue date qui se retrouvent pour une bouffe foireuse, rythmée et perturbée par un triangle amoureux. Oui mais voilà, cette Raclette se distingue par un travail d'écriture bluffant qui arrive à nous faire penser que ça part dans tous les sens, alors que la metteuse en scène et les comédiens nous amènent exactement là où ils le voulaient.
Ce grand bordel maîtrisé arrive à mêler écologie, conflit israélo-palestinien, précarité des intermittents, difficulté de monter un spectacle ou encore "Balance ton porc", tout en restant toujours dans l'humour léger ou même parfois délicieusement vulgaire. Le tout, sans pour autant tomber dans l'impression d'assister au caprice d'un enfant de 6 ans qui place le plus de gros mots juste pour tester nos limites.
On passe ainsi du vaudeville, avec ses rebondissements et malentendus, à du mime (façon Times'Up, pas les trucs noir et blanc, rassurez-vous), avant de basculer vers de la comédie musicale ou de l'alexandrin. Ici, façon télé-réalité, c'est d'ailleurs au public de décider de la fin de la pièce. Pas besoin de sortir son téléphone pour voter, les applaudissements font office de bulletin de vote.
Côtés comédiens, on retrouve quatre perles, avec leurs tocs et leur style, qui vous rappelleront forcément vos potes ou vos héros préférés de films/séries. Car si La Raclette a tous les codes du théâtre "classique" et des airs de troupe du Splendid, son écriture moderne puise aussi son style dans la pop culture. Il y a, du coup, un peu de Friends, de How I Met Your Mother ou de Friends from College dans cette Raclette.
Aussi énervants que drôles et attachants, Floriane Chappe (Elisa), Victoire Charval (Tiffany), Thibaut Marchand (Jonathan) et Arnaud Laurent (David) nous plongent complètement dans cet appart où on a l'impression de s'être incrusté sans rien avoir à y faire, mais où l'on refuse de partir sans avoir le fin mot de cette histoire barrée.
Jouée au théâtre Edgar, à Paris, la pièce La Raclette s'exportera en province en novembre 2019, puis en mars 2020. Après le succès de sa première, elle devrait également très vite revenir sur scène à Paris d'ici peu.
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