C'est avec de la douleur dans la voix que Jefferson, candidat de Mariés au premier regard qui n'a d'yeux que pour Pedro, est revenu sur un choc qui l'a bousculé, lui et le public d'M6. Le jeune homme de 31 ans, moitié du tout premier couple gay de l'émission de téléréalité, a effectivement été victime d'une violente agression homophobe en pleine sortie de boîte de nuit.
Et ce, quelques jours avant la cérémonie de son mariage, pour son tout dernier week-end de célibat. Une terrible agression que le principal concerné n'a pas hésité à relater à notre micro : "C'était à la sortie d'un club gay. C'était le samedi avant le mariage. Tout le monde avait bu donc j'ai préféré rentrer à pied, seul".
"J'ai fait 400 mètres et il y a trois personnes qui ont surgi de nulle part et qui m'ont sauté dessus. Il y avait deux personnes qui me frappaient et une personne qui tournait autour de moi. Elle sifflait en chantonnant pour ne pas qu'on entende mes cris. Ils ont volé tout ce que j'avais. J'ai eu une entorse, j'avais des égratignures au visage", a poursuivi Jefferson auprès de Purebreak.
Une véritable séquence d'horreur qui mêle terreur et ultraviolence.
Mais si ce témoignage bouscule, c'est parce qu'il a beaucoup plus à voir avec la réalité qu'avec la télé. Derrière l'arbre, la forêt : ce que raconte Jefferson résonnera bien trop fort dans beaucoup de têtes.
A notre micro, le candidat de téléréalité l'avait expliqué : il émet encore "quelques doutes" concernant la nature de cette agression. S'agit-il "simplement" d'une "mauvaise rencontre" ? Ou d'une agression homophobe ?
On pourrait plutôt pencher sur la deuxième option. Car elle fait écho à une situation plus globale que ce cas déjà dramatique : le taux inquiétant d'agressions homophobes, voire même de "guet apens" visant les personnes homosexuelles. Personnes violentées, et parfois manipulées, piégées, sur les réseaux sociaux ou les applis type Grindr. Cela, le magazine Têtu, grande réf' des cultures LGBTQ, l'a rappelé le 14 avril dernier à l'occasion de la journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie.
Têtu nous alerte quant à l'amplification d'un phénomène : le ciblage par des hommes d'autres hommes, gays, "en vue de les voler ou simplement de les humilier, de les frapper en tout cas, défoulant sur eux la violence de leur homophobie, engendrant de nombreuses victimes, silencieuses, humiliées et brisées, des morts aussi".
De son côté, Médiapart a carrément dédié un film-documentaire aux violences homophobes qui prennent place au sein des espaces de rencontres. Comme les boîtes de nuit, donc. Dans le docu "Guet Apens", on entend notamment Eddy De Pretto, qui fait office de narrateur. Et une victime, qui ne craint pas de dire les termes : "On peut mourir d'être simplement soi... 'Casser du pédé', c'est comme ça qu'on dit je crois".
L'expression est brutale, mais pour beaucoup, c'est un simple constat. En 2022, l'association SOS Homophobie a reçu 1 515 témoignages correspondant à 1 138 situations de violences LGBT-ophobes - c'est à dire, contre les personnes homosexuelles, lesbiennes, bisexuelles, transgenres... Oui, ça calme. Les auteurs de ces violences sont des hommes dans un témoignage sur deux. Et dans 13 % des cas, ils agissent en groupe. C'est le cas des agresseurs de Jefferson.
Mais cette homophobie-là ne se ramène pas simplement dans la rue, à la sortie des boîtes. L'an dernier, un rapport de l'association L'Autre Cercle publié par l'Ifop à l'occasion du Mois des fiertés révélait qu'un·e salarié·e LGBT sur 3 aurait été victime d'au moins une agression LGBTphobe au sein de son entreprise.
Autre gros souci parmi d'autres, relevé par Lucile Jomat, Présidente de SOS homophobie : quand on observe une plus forte visibilité des personnes LGBTQ dans les médias, les émissions et les films, comme cela a pu être le cas des personnes trans par exemple, et bien, on observe en retour... "Une hausse des violences".
Du coup, en novembre 2022, la Première Ministre Elisabeth Borne avait nommé un "ambassadeur aux droits LGBT" afin de lutter efficacement contre lesdites violences : verbales, physiques, voire même législatives... L'ambassadeur en question s'appelle Jean-Marc Berthon. Pas forcément la plus grande révolution ever pour les personnes concernées, qui attendent juste une chose inespérée : ne plus avoir la frousse d'être simplement soi.