La date de sortie n'est pas connue (pas avant 2024), mais le projet a néanmoins déjà été confirmé par Netflix : Squid Game aura le droit à une saison 2. Une suite qui a de quoi interroger quand on se souvient que la saison 1 était présentée à l'époque comme une mini-série et que son histoire était bouclée au terme du dernier épisode, mais qui n'a finalement rien d'une surprise quand on passe au-delà de l'argument créatif.
C'est le Los Angeles Times qui vient de révéler l'information dans un dossier aussi riche que passionnant sur les conditions de travail déplorables au sein des productions coréennes, notamment pour Netflix (lire ici) : cette série asiatique s'est révélée particulièrement lucrative pour la plateforme de streaming. Non seulement elle a explosé tous les records d'audiences avec 1,65 milliards d'heures de visionnages recensées durant ses 28 premiers jours, mais surtout... elle a permis à l'entreprise d'augmenter sa valeur de 900 millions de dollars. Pas mal quand on sait que la production des 9 épisodes avait "seulement" coûté 2,4 millions de dollars chacun.
Toutefois, et c'est la petite surprise qui devrait faire grincer quelques dents, notamment aux USA où les scénaristes sont actuellement en grève pour faire valoir leurs droits face à des studios / plateformes qui ne veulent pas partager leur part du gâteau, il faut savoir que Hwang Dong-hyuk (le créateur de Squid Game) ne s'est clairement pas enrichi grâce à ce succès.
Malgré un travail de dix ans sur ce projet - récompensé du Emmy Award de la meilleure série, Netflix s'est montré sans pitié avec lui. "Dans son contrat, il a dû céder tous ses droits d'auteur et ne reçoit désormais aucun royalties - ces sommes que reçoivent normalement les scénaristes, réalisateurs et acteurs quand leurs projets sont réutilisés/rediffusés après une première diffusion", révèle ainsi le Los Angeles Times.
Bien évidemment, Hwang Dong-hyuk n'a pas été payé en cailloux - il avait déjà confié avoir "gagné suffisamment d'argent pour avoir de la nourriture à table", mais ce montant n'a clairement pas été à la hauteur du succès de Squid Game, ni des gains qu'il a permis à Netflix. Il l'a lui-même rappelé, sa série a motivé les dirigeants du site de streaming à s'ouvrir davantage au marché sud-coréen qui s'est révélé, là aussi, très lucratif. Aujourd'hui, 60% de ses 230 millions d'abonnés auraient récemment regardé un programme coréen.
Or, là où le papa de Squid Game s'est très certainement rattrapé en négociant plus fermement avec la plateforme au moment de valider cette fameuse saison 2, il faut savoir que cette révélation du Los Angeles Times n'est pas du tout bien passée auprès des professionnels en Asie. Là où nombre d'entre eux s'avouent saoulés de voir Netflix profiter d'eux en leur imposant des contrats déséquilibrés (avec cette histoire de royalties, par exemple), Kim Ki-young (président de la Broadcasting Staffs Union - qui représente les équipes de production) a de son côté dénoncé "un nombre hallucinant d'heures de travail non payées".
Et pour cause, plutôt que d'imposer à sa section sud-coréenne les conditions de travail très encadrées que l'on retrouve à Hollywood, la plateforme aurait profité du fait que les producteurs sud-coréens sont nettement moins regardants sur de telles conditions dans ce pays (on parle parfois de semaines de 100 heures de travail, de journées de plus de 24 heures sans heures supplémentaires payées...) pour ne surtout pas améliorer quoi que ce soit pour ses équipes locales. On vous invite à lire l'enquête du Los Angeles Times, c'est sidérant et désespérant.
Pour l'anecdote, Netflix s'est évidemment défendu de toute exploitation, en assurant au journal : "Nous payons à un niveau très compétitif nos créateurs de contenus coréens et mettons en place des standards très clairs avec nos partenaires locaux, qui produisent toutes nos séries et nos films. Ces standards suivent la loi en Corée, voire même, font mieux qu'elle".