Aussi maladroit que persuadé de son génie, le bien connu roi Arthur se démène au sein d'un royaume médiéval chaotique pour trouver le Saint Graal - sur ordre de Dieu lui-même. Mais ses chevaliers de la Table Ronde, pas vraiment les lames les plus aiguisées du tiroir, sauront-ils vraiment le soutenir dans cette quête ? Rien n'est moins sûr...
Cela, c'est le pitch familier de Spamalot, spectacle musical de Eric Idle créé en 2004, et inspiré par le classique de la comédie britannique qu'il a co-écrit en compagnie de ses collègues, les Monty Python : Sacré Graal (1975).
Comédie musicale passée par Broadway, excusez du peu, Spamalot a finalement été adaptée en France en 2010 par Pierre-François Martin Laval , ou Pef, l'ex-membre de la troupe des Robins des bois, auteur, comédien, réalisateur. La pièce était alors jouée au Théâtre Comédia, avant de faire l'objet d'une reprise en 2013 au Théâtre Bobino.
O joie : après dix longues années d'absence, Spamalot est enfin de retour sur les planches françaises. C'est encore Pef qui s'est occupé de cette nouvelle version, dont il assure la mise en scène, ainsi que le rôle principal - celui du Roi. Au menu ? Humour absurde, Dame du lac à mi chemin entre une princesse Disney et Céline Dion, comédien français bien connu interprétant Dieu (ou plutôt sa voix), mais aussi clins d'oeil à la France actuelle...
Présenté dès à présent et jusqu'au 7 janvier 2024 au Théâtre de Paris, Spamalot n'est pas simplement une réécriture iconoclaste et absurde du mythe arthurien, comme a pu l'être une certaine série à succès signée Alexandre Astier .
Non, c'est bien plus que cela...
Des cascades, de l'humour corrosif, des chorégraphies déchaînées : deux heures durant, Spamalot propose tout cela, au diapason d'un public partagé entre rires et applaudissements. Que demander de plus ?
Or, le spectacle s'avère aussi joyeusement insaisissable.
Dans Spamalot, on s'amuse des chevaliers bras cassés (littéralement pour certains) et de leurs jeux de mots tirés par les cheveux, des gags les plus nonsensiques - des noix de coco qui s'entrechoquent pour imiter le bruit des trots de chevaux par exemple, ou encore la présence d'un lapin qu'il vaut mieux ne jamais croiser sur son chemin - et des références multiples et complices à notre société actuelle, entre un hymne inattendu aux influenceurs et un hommage tout aussi surprenant aux Gilets Jaunes.
Mais Spamalot, c'est également un divertissement festif qui ravira les amoureux des comédies musicales. Pierre-François Martin Laval invoque toute une myriade de genres musicaux, glissant de l'un à l'autre d'un claquement de doigts, et citera durant ses deux heures fiévreuses West Side Story, les chansons des dessins animés Disney, les chorégraphies de Michael Jackson , Jean-Jacques Goldman , Les aventures de Rabbi Jacob...
Spamalot ne se contente donc pas d'investir une forme d'expression, le musical, grandiloquent et disproportionné comme il l'est outre-Atlantique, il lui confère aussi une abondance de formes, en puisant volontiers au passage dans notre patrimoine. Un melting-pot forcément source à décalages.
Et un large tour d'horizon mélomane qui devrait aussi bien ravir vos oreilles que vos zygomatiques. Comme pourrait tout-à-fait le dire l'un de ses protagonistes féru de boutades douteuses : c'est royal.
Spamalot est présenté au Théâtre de Paris, 15 rue Blanche, dans le neuvième arrondissement, jusqu'au 7 janvier 2024. Billetterie sur cette page.