Y'a-t-il quelque chose de pourri au royaume de la J Pop ?
La J Pop, c'est ce courant pop rock qui fait fureur au Japon, et fédère les jeunes générations, à grands coups de groupes de jeunes boys ou girls band type AKB48. Mais ce genre musical fait polémique aussi. On s'inquiète par exemple du sort de ses très jeunes stars et de leur exploitation par l'industrie. "Les groupes de J-pop sont des stars au Japon, mais à quel prix ?", s'inquiète Le Parisien, qui dénonce "un monde sombre".
Mais ce n'est pas tout. Figure phare de cette industrie, fondateur de l'agence Johnny & Associates, le producteur, "recruteur de talents" (ou chasseur de têtes) Johnny Kitagawa, considéré comme le pape du genre, et décédé en 2019 à l'âge de 87 ans, est aujourd'hui accusé d'avoir agressé des centaines de jeunes membres de boys band. Oui oui, aucune erreur dans la formulation : des centaines.
Sa nièce, la présidente d'agence Julie Fujishima, l'a clairement exprimé en conférence : "Nous reconnaissons personnellement les abus sexuels commis par Johnny Kitagawa". Après avoir reconnu ces agressions, la présidente a annoncé sa démission. Un cataclysme au sein de la J Pop.
Ces informations sont vertigineuses.
Rapport d'une commission d'enquête à l'appui, notamment composé de 41 témoignages directs, on parle dans cette affaire de centaines de victimes présumées. D'agressions et de violences sexuelles diverses de la part de Johnny Kitagawa. Et d'un sentiment d'impunité très fort : ces abus sexuels se seraient perpétués... sur plus d'un demi siècle. Depuis les années 50.
Signe de cette indéniable impunité par ailleurs, les médias locaux avaient déjà publié des enquêtes accablantes sur celui que l'on appelle le "pape de la J Pop". Dès la fin des années 90, l'hebdomadaire japonais Shukan Bunshun avait relayé les témoignages de plusieurs victimes, comme le rappelle Libération.
Cette année, un documentaire édifiant, Predator : The Secret Scandal of J-Pop, a défrayé la chronique sur la BBC. On y entend notamment le musicien Kauan Okamoto relater une agression sexuelle dont il aurait été victime dans une chambre d'hôtel : "Au milieu de la nuit, Johnny Kitagawa s'est glissé sous ma couette, a commencé à me caresser les jambes, puis le sexe. Et il a enlevé mon slip et m'a violé".
La présidente - ou plutôt ex présidente - d'agence de talents Julie Fujishima a souhaité s'adresser aux très nombreuses victimes de tous ces abus sexuels, comme le relate 20 Minutes : "Je m'excuse du fond du coeur auprès de ses victimes". Une formulation insuffisante pour bien des personnes concernées...