Insultes, harcèlement, agressions... Le monde des DJ n'est pas épargné par les violences sexistes et/ou sexuelles, et elles touchent autant le public que les artistes. Dans les boîtes, les festivals, les bars. Cette réalité, beaucoup osent la dénoncer sur les réseaux sociaux et notamment sur Instagram. Des posts qui s'inscrivent dans le sillage du mouvement #MeToo.
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Un nouveau témoignage a ainsi éclaté dans le monde de la nuit, celui de la DJ parisienne Paloma Colombe, qui officie dans le milieu depuis dix ans. Sur Instagram, la jeune femme a décrit une situation de harcèlement en plein set. Le récit est cauchemardesque : des hommes qui viennent lui hurler dessus et la toucher malgré ses demandes insistantes d'arrêter, une sécurité inexistante, des "regards salaces" qui se portent sur sa robe, des mecs "très alcoolisés" qui la scrutent de la piste... Bref, une situation d'angoisse total.
Mais ce n'est pas fini.
Dans les posts Insta partagés par Paloma Colombe, la DJ relate aussi ce qui s'est passé lorsque quelques amies sont venues à sa rescousse : "Elles ont commencé à se faire insulter de connasse, de pute, de salope. Elles se sont prises des doigts d'honneur et des menaces pendant toute la durée de mon set qui a duré deux heures".
Les violences misogynes vont donc se perpétuer aussi bien près de la scène que en dehors. Une atmosphère toxique qui a exigé chez la DJ une attention permanente, une alerte nécessaire qui l'a mis dans un état de stress constant : "J'ai même pensé à arrêter mon set. J'avais peur que ce harcèlement dérive en atteinte à mon intégrité physique. Durant ce temps, personne n'est venu me voir pour me demander si tout allait bien. Ca nuit à la bonne ambiance d'un club de laisser agir des personnes qui harcèlent en toute impunité".
Et ce constat déplorable, c'est aussi celui que balançait la DJ Rebekah il y a trois ans déjà, à l'unisson du mouvement #MusicToo. Dans une lettre ouverte, l'artiste dénonçait le harcèlement et les violences sexistes dans la dance music. Et taclait : "Tous les témoignages que font les femmes agressées sexuellement dans l'industrie m'ont vraiment fait comprendre à quel point la scène est merdique. Nous avons fermé les yeux, gardé le silence et laissé les choses continuer comme elles l'ont toujours été pendant bien trop longtemps".
Pour franceinfo, le témoignage de Paloma est aussi la preuve que "les femmes DJ doivent sans cesse prouver leur légitimité, qu'elles subissent des insultes ou des intimidations". Alors que des témoignages tout aussi nécessaires alertent sur les violences qui se perpétuent dans la scène rap, c'est plus globalement le monde de la musique qui est concerné par la chose, et doit être pris en compte dans toute son ampleur.
Mais il y a du boulot. Beaucoup. Sous son post, ce sont les témoignages anonymes qui affluent en retour... et filent une énorme déprime : "On essaie tous d'en parler et combien de fois les clubs n'écoutent pas ?", "Ca m'a rappelé des situations similaires que j'ai déjà vécues...", "je suis passée par là en prime les remarques racistes et homophobes", "merci pour beaucoup ce post qui me fait remonter quelques souvenirs".