C'est un fait, la saison 1 de Prison Break est un classique. C'est le genre de saison que l'on peut regarder encore et encore sans jamais se lasser. Il faut dire que tous les ingrédients nécessaires à sa réussite sont là : un concept original, une galerie de personnages hors du commun et passionnants, une tension permanente qui nous tient en haleine à chaque scène et une maîtrise des twists qui nous prouve qui les scénaristes savent où aller et comment s'y rendre tout en continuant à nous surprendre. Même lorsque l'on connait déjà la fin, on continue de se prendre au jeu tant l'écriture est efficace, les choix créatifs convaincants et le casting plutôt bon. On croit en cette histoire, malgré son improbabilité, parce que les créateurs croient en ce qu'ils racontent. Et c'est là le plus important.
Mais si la saison 1 est aussi puissante, c'est avant tout parce qu'elle repose sur un concept fermé : Michael sait que son frère a été emprisonné à tort > il imagine un plan pour le sauver > il entre dans la prison > il organise son évasion > fin. Dès le début de la série, on signe pour suivre cette histoire et exclusivement cette histoire. C'est ça qui lui permet d'être aussi addictive et qui permet aux créateurs d'être en accord avec ce récit ; le premier épisode est fait pour nous amener au dernier épisode avec plein de rebondissements en cours de route. C'est la gestion de cette ligne directrice qui renforce notre attachement et notre croyance. Et s'il est vrai que la saison 2 - bien que d'une qualité inférieure à la première, reste également très bonne grâce à la mise en scène de cette évasion, ce qui - à défaut d'être obligatoire, fait sens avec l'histoire d'origine, le reste de la série s'enfonce dans l'inutilité. A mesure que les nouvelles saisons se font, on comprend une chose : les scénaristes ne savent plus où aller puisqu'ils ont déjà atteint leur objectif, et se retrouvent donc à improviser pour faire vivre la série.
Or, il est bien là le souci avec Prison Break. Là où l'histoire ne nécessitait pas plus de deux saisons, les créateurs ont pourtant décidé de la poursuivre en faisant mine de ne pas voir son problème de taille : c'est son concept précis et ultra détaillé (poke le plan de la prison tatoué sur le corps, la mémorisation d'éléments clés, les contacts pré-établis) qui rendait cette histoire passionnante à ses débuts. De fait, des saisons 3 à 5, on assiste impuissant à une série qui se répète inlassablement, tourne en rond et qui, par paresse scénaristique et à défaut de bonnes idées originales, s'enfonce progressivement dans des incohérences plus grosses les unes que les autres afin de nous hyper artificiellement, quitte à perdre toute crédibilité. Plus les épisodes passent et plus Prison Break devient son propre cliché. Ça s'en ressent par ailleurs dans le jeu des acteurs. S'ils sont heureux de se retrouver, ils ne croient même plus en ce qu'ils jouent, plus rien ne se dégage de leurs performances. C'est triste à dire, mais la série ressemble désormais à ces vieux qui tentent d'imiter les jeunes en espérant "être cool". Mais on le sait, ça ne fonctionne jamais.
Alors oui, nous aussi on est attaché à ces personnages et nous aussi on trouvait le concept initial de Prison Break véritablement jouissif. Néanmoins, vouloir à tout prix que la série continue avec une saison 6 uniquement par amour pour ce qu'elle a été par le passé, c'est la pire idée possible. Il est temps de tourner la page et de profiter de ses premières saisons, plutôt que la voir ternir son héritage.