Sous la Seine n'est pas le premier film de requins français (il s'agit de L'année du requin) mais il peut se targuer d'être le premier film de requins parisien, ce qui n'est pas si mal. Cette histoire de requin-makko (une espèce qui peut atteindre 100 km/h en pointe) qui se retrouve à Paname et sème la zizanie est à découvrir sur Netflix.
Et si les critiques sont assez sévères, des avis enflammés des twittos aux titres de presse (Le Parisien qualifie l'expérience de "nanar", d'autres de "naufrage", c'est à celui qui trouvera la meilleure boutade), Sous la Seine est malgré tout le numéro 1 des films les plus vus sur la plateforme de streaming en France. En dépit de la hate.
Et bien des spectateurs se posent des questions sur ce projet plutôt exceptionnel aux 25 millions d'euros de budget et aux quinze semaines de tournage. Par exemple : les acteurs ont-ils été dirigés aux côtés de vrais requins ? Alors que le film ironise à volonté sur ce thème (il met en scène une fausse Valérie Pécresse s'exclamant "S'il y a bien des requins dans la Seine, je m'en féliciterai, ça prouverait que notre projet de dépollution a bien marché !") on a carrément interrogé sa star : Bérénice Bejo.
L'actrice lauréate d'un Prix d'interprétation à Cannes et d'un César s'est exprimée sur Purebreak à ce sujet, quitte à taire certains fantasmes : "Je n'ai pas tourné avec des vrais requins, c'est faux ! Je n'ai tourné avec aucun requin pratiquement. Lors d'une scène où je dissèque un requin, il s'agit d'un faux requin fabriqué par l'Atelier 69, qui est un studio de maquilleurs et de créateurs d'effets spéciaux...".
Et l'actrice de poursuivre : "Je n'avais pas vraiment le temps d'imaginer un requin inexistant durant le tournage, car il y avait beaucoup d'activité autour de moi, toujours, lorsque j'étais dans ou sous l'eau : une caméra qui me filmait en gros plan durant les scènes de tension, des câbles qui s'agitaient, et Xavier Gens, le réalisateur, qui me guidait à la voix, me disait de regarder à gauche à droite, d'avoir peur, d'hésiter, d'être fascinée... J'entendais même sa voix lorsque j'étais sous l'eau et j'étais guidée à la baguette".
Un faux requin donc qui a exigé beaucoup de taf du côté de l'antenne française la société de SFX MPC, située dans le 4e arrondissement de Paris. Sur le site de MPC, le superviseur général Arnaud Fouquet explique tout clairement : "Nous avons modélisé le squelette du requin mako, pour en faire une sorte de sculpture numérique. Il a ensuite fallu travailler sur le rendu de sa peau, sa brillance, ses cicatrices, le reflet de l'eau, afin que tout cela soit le plus crédible possible. C'est un travail d'une infinie précision !".
>> Mais c'est quoi ce film d'horreur hyper dérangeant (et français !) qui a triomphé à Cannes ? <<
A Purebreak toujours, Bérénice Bejo est revenue sur un tournage très très sportif. Voire carrément éprouvant physiquement sur les bords ! "Clairement, ce tournage est à un bon niveau dans ma carrière ! Ca m'a demandé une préparation mentale, physique", nous explique-t-elle face caméra. "J'ai passé cinq semaines dans l'eau. C'est fatiguant, on le ressent quand on rentre chez soi, le soir..."
"Tu as tout le temps conscience des dangers quand on t'équipe, chaque personne doit prendre en charge tellement d'étapes et de détails avant même qu'on ne t'immerge dans l'eau !", détaille encore l'actrice, qui même avant le tournage sous la direction de Xavier Gens a pris deux mois de cours de plongée afin de s'entraîner à raison de deux séances de quatre heures par semaine. Tout un programme !