Deux lifegoal absurdes définissent ma vie : aller voir (autant que possible) les films d'horreur en salles, malgré les rires nerveux/bruits de popcorn/foules plus ou moins agitées propres à ce genre de séance, et... Aller voir tous les films où joue Sydney Sweeney. En salles toujours, oui. Ce qui n'est pas sans risque lorsque cette dernière apparaît dans Madame Web - le rôle le plus anecdotique de toute sa carrière soit dit en passant.
Bref, autant dire que j'attendais avec une discrète curiosité Immaculée, LE film de frousse entièrement porté par l'actrice géniale de la série Euphoria, autant à l'aise dans le cinéma-concept qui bouscule complètement les lignes (le cruellement mésestimé Reality, l'un des meilleurs films de 2023, que j'évoque ici) que dans la rom com solaire avec maillots et biscotos (Tout sauf toi, vu un jour de Saint Valentin, ca ne s'invente pas). Sydney Sweeney est la co productrice de ce film "de genre" (comme on dit), où elle est littéralement de tous les plans. Un projet hyper personnel pour elle donc !
Immaculée, à découvrir actuellement au ciné, c'est l'histoire d'une jeune religieuse américaine qui se retrouve dans un couvent italien et va devoir subir bien pire que son niveau linguistique pitoyable : bien que tout à fait vierge, elle découvre très vite qu'elle est enceinte. Et que cette situation est moins miraculeuse que diabolique. Pas de spoiler : la bande-annonce résume tout cela sans grand mystère, je vous rassure.
>> A peine sorti, ce film d'horreur délirant marque déjà l'histoire (et c'est presque politique) <<
Pitch pas très original quand on se blinde le bide de films horrifiques comme votre serviteur. Et pourtant... Je l'avoue, Immaculée m'a cueilli, et même, tout à fait surpris dans ses outrances. Je l'avoue, j'ai trouvé ça extra et plus encore : jubilatoire. Récit d'une expérience validée par Satan.
Rien de nouveau sous le soleil : comme bien des films d'horreur, et pas les meilleurs soit dit en passant, Immaculée exploite le filon d'un courant cinématographique bien vintage, la "nunsploitation" : les films de nonnes, littéralement. La plupart du temps, du gros cinéma d'exploitation qui tente de concilier sexe, ultraviolence, surnaturel et... Nonnes. Ca n'a pas l'air comme ça, mais la recette est loin d'être si absurde.
>> Le meilleur film d'horreur de l'année est français (et contient BEAUCOUP d'araignées) <<
Oui mais voilà, Immaculée m'est très vite apparu comme un petit vent d'air frais dans un paysage cerné par les prods pétaradantes de James Wan et autres Blumhouse désespérants. Vous savez, ces récits de fantômes et de longs couloirs blindés de jumpscare, ces instants surprises en mode "bouh !" succédant généralement à un long suspense, accompagnés d'un effet sonore agressif. Cela, Immaculée n'en abuse pas : tant mieux.
A l'inverse du train-fantôme, la majorité du film privilégie un rythme lent, une esthétique très soignée, une sorte de tension très progressive (trop pour certains de mes comparses spectateurs, j'ai l'impression). Du travail impeccable et soigné : j'ai notamment adoré les (très) nombreuses scènes éclairées à la bougie, qui en plus de hérisser les poils, mettent à l'honneur la sur-expressivité du visage de Sydney Sweeney. Inquiétude, peur, voire sidération totale : les jeux d'ombres et de lumières exacerbent à bloc ces émotions en se jouant habilement des effets de contrastes de la photo. On aime.
Mais on ne va pas se mentir, ce qui m'a vraiment bousculé, et la salle entière du MK2 si j'en crois les réactions sonores collectives, c'est ce dernier acte hallucinant et halluciné qui envoie tout bouler - intrigue, persos, j'en passe. Je ne peux hélas pas trop en dire sans fatalement spoiler : mais vous n'êtes tout simplement pas prêt. Laissez-moi vous juste teaser : Immaculée nous offre à ce moment-là des séquences qu'auraient pu jouer Florence Pugh, la star de Midsommar, dans un film d'Ari Aster, justement. En beaucoup moins chiant.
Et c'est aussi l'occasion pour Sydney Sweeney (on y revient), plus badass que jamais soit dit en passant, de se faire totalement plaisir en tant qu'actrice, notamment l'espace d'une séquence de cri... qui bat des records. Dit comme ça, ca semble abstrait, mais vous verrez ô combien ça ne l'est pas. Clairement ! Niveau santé mentale, on se balade quelque part entre Hérédité et les performances de Mia Goth - pour les connaisseurs.
Expérience à la fois exigeante et intense au final, qui nous a tous bien réveillé au ciné - d'autant plus que le film assume au fur et à mesure de sa progression du bon gros gore qui tâche, effusions sanglantes hyper gratuites qu'on n'imaginait pas forcément dans une oeuvre qui semblait aussi policée, lente et prude. C'est validé. Merci pour tout Sydney.