"Ceci est une oeuvre de fiction. Toute ressemblance avec des faits réels serait fortuite." Et pourtant, The Vince Staples Show, qui vient d'intégrer l'énorme catalogue de la plateforme de streaming numéro un du marché Netflix jeudi 15 février 2024, est une série semi-fictive qui met bel et bien en avant cet artiste californien plébiscité par la presse spécialisée depuis des années. On ne peut que vous conseiller d'écouter l'ensemble de son oeuvre, et notamment l'album "Big Fish Theory" (2017), si ce n'est déjà fait.
Car Vince Staples est un rappeur connu, mais pas trop non plus. Il a de l'argent, mais pas de ouf. Ce programme à mi-chemin entre le vrai monde et une réalité alternative est donc la parfaite occasion de plonger dans ses galères du quotidien, le temps de cinq épisodes d'une vingtaine de minutes chacun. On peut respectivement y suivre le rappeur de 30 ans lorsqu'il se retrouve en détention sur un malentendu, embourbé dans des péripéties improbables à la banque quand survient un braquage alors qu'il était venu pour un prêt, au sein d'une réunion de famille - une vaste cousinade - dans la même ambiance surréaliste, lors d'une virée dans un parc d'attractions qui vire carrément au mystique - limite paranormal - ou enfin au cours d'un retour dans son ancien lycée qui va prendre une tournure pour le moins inattendue.
En résulte une série immensément drôle et intelligente, truffée de références, dont certaines font directement écho à ses propos en tant qu'artiste. Le tout dans un style qui n'est pas sans rappeler le monument qu'est Atlanta de Donald Glover, aka Childish Gambino, avec en prime quelques guests d'envergure comme un certain Rick Ross (qui est pour sa part carrément blindé et plein aux as comme on dit dans le métier).
Si The Vince Staples Show opte majoritairement pour le registre comique, elle se révèle aussi hilarante que pertinente, n'hésitant pas à aborder en toile de fond la condition et la culture des afro-américains outre-Atlantique. Ainsi, l'aspect loufoque n'est que bien souvent d'apparence, un maquillage pour évoquer des sujets de société bien plus capitaux, comme en atteste l'ultime épisode qui, sur un ton bien plus grave mais avec une mise en scène toujours aussi catchy et dynamique, rappelle la montée de la violence et des drames sur fond d'armes à feu aux États-Unis. Un véritable tour de force effectué avec brio qui ne parlera pas forcément à tous les spectateurs. Mais alors, quand on entre dans le délire, quel plaisir de contempler The Vince Staples Show.