Le 12 juillet prochain, Tom Cruise nous rappellera une nouvelle fois qu'il est le maître des scènes d'action. Alors non, le comédien de 60 ans n'est pas du genre à se lancer dans des bagarres épiques à la Bruce Lee ou Jackie Chan, mais dès qu'il peut se lancer dans des séquences spectaculaires capables de nous en mettre plein les yeux, il n'hésite jamais à prendre tous les risques.
On a pu le découvrir en train de jouer en équilibre sur la plus haute tour du monde, être accroché à un avion en plein vol, sauter de toits en toits (et se blesser) ou encore apprendre à piloter des hélicoptères ou des avions pour réellement filmer ses scènes dans les airs et pas devant un fond vert.
Un investissement de tous les instants qui permet à ses films d'entrer dans la légende, mais ce n'est pas là l'unique raison de leur succès. Si chacun des projets de l'acteur réussi à nous impressionner, c'est également parce qu'il sait parfaitement s'entourer. Là où le cinéaste Christopher McQuarrie est aussi fou que lui et n'hésite pas à le suivre dans tous ses délires, le réalisateur Cameron Crowe n'est pas en reste quand il s'agit de mettre en scène des concepts hallucinants. La preuve, il est à l'origine de l'une des séquences les plus chères de l'histoire du cinéma.
Retournons dans le passé et plus précisément en 2001. Cette année-là, Cameron Crowe lance le tournage de Vanilla Sky, un thriller souvent oublié dans la carrière de Tom Cruise, porté entre autres par Penélope Cruz et Kurt Russell. Dans ce film, remake d'Ouvre les yeux (1997), on y suit David Aames (Cruise), un jeune éditeur de New York qui voit sa vie basculer quand Julie, son ex-compagne, ressurgit. Jalouse et possessive, Julie - qui refuse d'accepter leur séparation, profite de se trouver à ses côtés en voiture pour provoquer un accident. Elle meurt sur le coup, et défigure David. Suite à ce drame, l'éditeur est fui de tout le monde et commence à se poser des questions sur ce qui l'entoure.
Un concept classique sur le papier, qui n'a pourtant pas empêché son réalisateur et ses équipes de se plier en quatre pour donner vie à l'un des plans les plus fous jamais mis en scène, sans que Tom Cruise n'ait eu cette fois-ci besoin de grimper quelque part ou de faire un vol plané devant la caméra. A dire vrai, même s'il est évidemment présent dans la scène en question, il n'en est pas réellement le héros. Ici, le véritable personnage principal n'est autre que... New York.
Afin de marquer les esprits d'entrée, Cameron Crowe a eu une idée complètement folle (et inédite) à l'époque : filmer un New York complètement vide. Aussi, pour quelques secondes seulement à l'écran, le cinéaste - qui ne voulait pas utiliser d'effets spéciaux, a dû se battre pour convaincre les dirigeants de la ville de fermer la circulation (automobile et piétonne) sur près de 20 blocs en plein coeur de Times Square. Une décision qui n'apparait pas spectaculaire au premier abord, mais qui était vue à l'époque comme impossible en raison de la superficie nécessaire et l'activité quotidienne de ce quartier dans une ville réputée pour ne jamais dormir. Ce n'était pas pour rien que cela n'avait encore jamais été fait dans de telles proportions jusqu'à ce jour.
Résultat des opérations ? Pour mener à bien ce fantasme - qui offre effectivement une introduction vertigineuse à couper le souffle, la production a dû sortir le chéquier et fait pleurer son banquier avec un coût estimé à 1 million de dollars (soit 1,6 million de dollars en 2023). Une somme considérable quand on sait que le budget total du film était de 68 millions de dollars, que la durée du tournage était très limitée et que, on le rappelle, la séquence ne dure que quelques secondes à l'écran.
Autant dire que le rapport prix / temps de présence à l'écran / temps de tournage fait aujourd'hui de cette séquence l'une des plus coûteuses dans le monde du cinéma. Et forcément, Cameron Crowe en est extrêmement fier. Dans une interview accordée au New York Times en 2002 (reprise par Allociné), le réalisateur s'avouait content de lui : "Ca n'avait jamais été fait auparavant à Times Square. Le plan que je voulais (...) c'était le cauchemar d'un homme qui est désespérément seul".
Et pour se faire, il a donc dû accepter des conditions très importantes et complexes qui n'ont pas facilité le tournage et l'ont obligé à ruser pour aller vite et assurer les prises le plus efficacement possible : "On nous a alors dit : "nous allons vous donner 4h, un dimanche, de 4h30 du matin à 8h30, début novembre. Il va falloir que vous travailliez vite, vous n'aurez pas une seconde de plus".
Enfin, pour l'anecdote, sachez que les riverains n'étaient en rien dérangés par un tel événement. Tandis que la production avait pensé à tout, "Il y avait environ 200 personnes dans les rues qui (...) offraient même du café et de la nourriture aux personnes qui passaient", la foule présente ce jour-là était le premier soutien de l'équipe, "A la fin, la foule qui regardait nous encourageait. C'était fantastique."
Un acteur fou entouré de réalisateur fou, voilà la recette du succès de Tom Cruise depuis près de 40 ans !