Le DVM Show, c'est une émission fondée par le créateur de contenu Medja qui cartonne sur la plateforme de streaming Twitch depuis quelques mois. Le programme est très grandement consacré au rap français - et plus largement aux cultures urbaines, et fort d'audiences de plus en plus considérables, il a fini par entrer dans les circuits promotionnels de nombreux artistes du genre. Ainsi, ces dernières semaines, Aya Nakamura, Zola et Koba LaD, Sadek, Freeze Corleone, Rim'K ou encore Leto, pour ne citer qu'eux, ont participé à ce show - qui n'est pas sans rappeler Planète Rap, la problématique de devoir passer sur la radio Skyrock en moins. De plus, il se voulait être un espace d'expression libre. Seulement voilà, ça, c'était avant le lundi 12 février 2024.
En effet, Dadju et Tayc étaient les prestigieux invités de l'émission d'hier. Mais les deux chanteurs - qui trainent déjà un paquet de casseroles chacun, mais passe encore - n'étaient pas seuls puisqu'on a également pu retrouver Rachida Dati, fraichement nommée ministre de la Culture. Et c'est bien là que le bât blesse. Malgré son nouveau statut, elle demeure une personnalité politique très ancrée à droite, que ce soit avec l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP), Les Républicains (LR) ou même aujourd'hui au sein du gouvernement présidentiel Renaissance d'Emmanuel Macron.
>> "Tu dégoûtes", "crasseux"... Tayc renifle un string de fan sur scène, Twitter à deux doigts de vomir <<
De par son parcours ou ses déclarations, Rachida Dati s'est très régulièrement retrouvée dans des valeurs complètement à l'opposé de celles défendues par le rap français. En étant porte-parole de l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, elle a activement contribué à la stigmatisation des quartiers populaires français - d'où provient la majorité des acteurs de la scène rap français - et par conséquent à la répression globale de la culture du hip-hop hexagonale. D'autant plus que Rachida Dati est devenue une figure rejetée par l'ensemble de ce mouvement culturel, comme en attestent les très nombreuses punchlines à son encontre, ici compilées dans un thread très pertinent par un internaute.
Alors forcément, la voir danser tout sourire dans une émission dédiée au rap français, ça a de quoi faire grincer les dents de tous ceux qui aiment cette musique et surtout connaissent son passé, avant que ce registre musical ne devienne le style le plus plébiscité (et de loin) par les auditeurs. Le proverbe avec l'hôpital et la charité, tout ça. Et pour une fois, ce pur coup de communication s'est avéré complètement foireux : les internautes ne s'y sont pas trompés et ont massivement fustigé la présence de Rachida Dati sur le plateau.
Même s'il est important de rappeler que Tayc et Dadju, les invités du soir, sont en partie responsables de l'invitation de la ministre de la Culture, ce média indépendant qui était en train de devenir une référence dans son domaine, vient de se tirer une balle dans le pied avec cette présence qui peut s'apparenter à une profonde méconnaissance de l'histoire de sa matière première : le rap français. C'est d'autant plus dommage que l'émission ne cessait de croître justement grâce à son expertise sur cette culture et qu'en ce sens, elle était jusqu'à présent extrêmement fédératrice. Et faire une erreur, c'est une chose - tout le monde en fait, mais l'assumer et persister jusqu'au bout, c'en est une autre beaucoup plus difficilement pardonnable. Ce ne sont donc pas les justifications pour le moins maladroites qui y feront quelque chose.
Encore aurait-il fallu reconnaître la bévue : le poste actuel de Rachida Dati n'enlève en rien à ses déclarations publiques et ses diverses prises de position depuis le début de sa carrière politique. Reste maintenant à voir si l'émission, qui s'érigeait en sommet incontournable du divertissement en ligne ces derniers mois, sera définitivement boycottée par ses spectateurs. Elle vient en tout cas de s'offrir une sortie de route particulièrement regrettable.