La semaine passée, Kōhei Horikoshi a annoncé la mise en pause de son manga My Hero Academia, la faute à un problème de santé. Une situation déjà vécue par l'artiste à de nombreuses reprises ces dernières années, malheureusement régulière dans l'industrie du manga au Japon. Yoshihiro Togashi (Hunter x Hunter) est aujourd'hui en incapacité de travailler plus de quelques semaines sur son oeuvre à cause d'un terrible mal de dos, tandis que Gege Akutami (Jujutsu Kaisen) ou Eiichiro Oda (One Piece) sont eux aussi régulièrement contraints de s'arrêter afin de se soigner.
Il s'agit en effet de la face cachée d'un métier qui fait pourtant rêver des millions de lecteurs à travers le monde : être mangaka est très mauvais pour la santé. En plus de devoir acheter leurs propres outils pour travailler, ce qui obligent les artistes débutants à faire une croix sur des accessoires de qualité (chaises, bureaux) et à se passer parfois d'assistants qu'ils doivent rémunérer eux-mêmes, ces créateurs japonais font face à un rythme de production intensif (avec souvent un nouveau chapitre à sortir par semaine) et à une concurrence accrue qui leur interdit de baisser le pied.
Un envers du décor exténuant pour les mangakas, qui a visiblement traumatisé Hajime Isayama. Invité de l'émission La grande librairie durant son récent passage en France, le papa de L'Attaque des Titans a confessé que son travail sur ce titre n'avait pas été la meilleure de ses expériences. Après avoir pourtant rappelé qu'il bénéficiait de plus de temps que certains de ses collègues (avec néanmoins un impératif de pages supplémentaires à produire), "La publication du manga était mensuelle. Pour L'Attaque des Titans, je devais rendre mon travail en fin de mois", le rythme exigé par son éditeur jouait régulièrement avec sa santé, "Je prenais une semaine de repos, puis à l'approche de chaque publication, c'était trois semaines de travail à la suite, avec seulement deux ou trois heures de sommeil par nuit."
Et sans surprise, cette dateline qu'il a tenue de 2009 à 2021 a tout simplement été infernale à vivre pour lui au quotidien et n'a pas été sans conséquences. "A l'approche de chaque échéance, je ne me souciais plus de bien dessiner, de plaire aux lecteurs ou du nombre d'exemplaires vendus, a-t-il reconnu. J'étais obsédé par cette date fatidique de livraison. C'était une telle souffrance que pour m'en libérer, j'en arrivais à accepter de sacrifier la qualité de mon dessin."
Autre sacrifice acté durant la production ? Son corps. "La plupart des mangakas souffrent de tendinites. Mais moi, non. C'est sans doute grâce à la manière de tenir mon crayon", a-t-il dans un premier temps révélé, avant de préciser les effets secondaires de son style peu académique, "En revanche, comme je me penche un peu trop pour dessiner, j'ai souffert de terribles douleurs au dos. Je me collais des bandes pour me redresser."
Des confidences à la fois tristes et inquiétantes, qui expliquent pourquoi Hajime Isayama n'est pas encore motivé à l'idée de se lancer dans un nouveau manga et qui prouvent qu'il n'a pas été épargné avec L'Attaque des Titans. En plus de telles blessures physiques, le mangaka a également souffert mentalement à la publication de son dernier chapitre quand les fans ont commencé à s'en prendre à lui, déçus par la conclusion imaginée et mise en scène.