A son lancement en octobre 2020, Salto était vue par le CSA comme "la réponse à la concurrence des groupes étrangers puissants", alors que l'autorité française de régulation de l'audiovisuel déplorait une "concurrence de plus en plus forte de la part d'acteurs internationaux sur les marchés de la publicité et de l'acquisition de programmes" aka Netflix, Disney+ ou encore Amazon Prime Video.
De son côté, Thomas Follin (directeur général de la plateforme) assurait à TVMag que ce site de streaming - né de l'union inédite des groupes TF1, France Télévisions et M6, avait été parfaitement pensé pour les téléspectateurs afin de leur offrir le catalogue de leurs rêves : "Salto n'est pas qu'un algorithme. C'est une offre populaire, pensée pour le public français, selon son humeur du jour, par exemple son horoscope". Rien que ça.
Deux ans et demi plus tard, les promesses se sont finalement envolées, l'espoir a disparu et les regrets sont éternels. "Il n'est malheureusement plus possible de souscrire à Salto, peut-on effectivement lire sa la page d'accueil du site ce lundi 13 février 2023. Merci à tous les abonnés Salto d'avoir partagé avec nous leur envie et leur enthousiasme pour une plateforme de streaming Made in France". Attention, il est encore possible d'accéder au catalogue, mais plus aucun nouveau client ne peut ouvrir de compte afin de suivre le reboot de Un Dos Tres par exemple. Snif.
Une surprise ? Pas vraiment. Comme le rappelle Puremédias, cela faisait déjà plusieurs semaines qu'il se murmurait en coulisses que les actionnaires de Salto tentaient de "se désengager du projet". Or, après avoir cherché en vain un repreneur, l'idée d'une "liquidation de la plateforme puis une revente de ses actifs, notamment sa base d'abonnés" semblait être devenue la piste la plus crédible, ouvrant donc la porte... à la fermeture du site.
A ce jour, "ni la direction de Salto ni ses actionnaires ne se sont prononcés" - on ne sait donc pas à quelle date la fin de Salto sera officiellement actée, mais quand on sait que le site a déjà perdu l'une de ses plus grandes qualités, à savoir l'accès en avant-première à différents contenus comme les épisodes des séries quotidiennes (Ici tout commence, Demain nous appartient) ou des émissions cultes (L'Amour est dans le pré, Mariés au premier regard), on comprend bien que la fin approche et qu'aucun miracle ne devrait avoir lieu dans les semaines à venir.
Par ailleurs, si vous cherchez à savoir pourquoi Salto prend fin aussi rapidement alors même que le marché de la SVOD semble loin d'avoir dit son dernier mot (Paramount+ vient notamment d'ouvrir en France), la réponse est simple : le site était un échec.
Selon le Figaro, seules 800 000 personnes y étaient abonnées fin 2022. A titre de comparaison, elles sont actuellement 10 millions à l'être sur Netflix quand, un an seulement avant le lancement de Salto, la plateforme américaine n'en comptabilisait "que" 5 millions. Résultat ? En l'espace de 28 mois, le site - qui a fait l'erreur de ne pas assez s'ouvrir à l'international, aurait cumulé des pertes qui s'élèveraient à près de 200 millions d'euros. Comme dirait l'autre : "Je ne dirais pas que c'est un échec : ça n'a pas marché".