Exemple devenu emblématique des reboot "gender swap" (on reprend des classiques en inversant le genre des personnages), le SOS Fantômes de Paul Feig est certainement l'un des blockbusters qui a suscité le déferlement de haine le plus disproportionné de ces dernières années. Révision "girl power" du classique des années 80, cet opus a engendré toute une vague de cyberharcèlement misogyne et raciste sur les réseaux sociaux.
C'est l'actrice Leslie Jones, l'une des interprètes principales, qui en a subit bien des effets, quitte à craindre pour sa vie. Tout cela et bien plus encore, la star afroaméricaine le relate dans son autobiographie, intitulée à juste titre Leslie Fucking Jones. On se doutait déjà de l'étendue des dégâts niveau sexisme et violence des attaques en ligne. On était loin de la réalité.
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Car dans ses Mémoires, Leslie Jones dévoile l'envers du décor : menaces de mort virulentes, insultes, envoi de vidéos... "On m'envoyait des films avec des gens pendus, ou des Blancs qui éjaculaient sur ma photo en me traitant de n*g*e", témoigne notamment la star. L'horreur.
Ce n'est pas tout.
Leslie Jones en dit également plus long sur le contenu des messages qu'elle recevait lors de la sortie du film, en 2016 : "On pouvait lire : On va te tuer. Nous allons te tuer...". Oui oui, tout ça pour un film. L'année de sortie, elle quittera Twitter, au cours de l'été, "les larmes aux yeux et le coeur blessé". Cette haine, l'actrice elle-même, plus de six ans après cet enfer, s'en étonne encore volontiers.
"Je n'ai fait que jouer dans un film. Des menaces de mort pour quelque chose d'aussi insignifiant, vraiment ? Je n'arrive pas à croire que quelqu'un puisse faire ça à une autre personne. C'est horrible", peut-on lire dans son autobio, relatent nos confrères d'Allociné. Un livre coup de gueule et coup de poing donc, dont la date de traduction française n'a pas encore été annoncée.
Ses consoeurs Melissa McCarthy, Kristen Wiig et Kate McKinnon ont elles aussi fait l'objet de réactions virulentes. Qu'elles préfèreraient oublier. Dans ses mémoires toujours, l'actrice déplore également le montage final du film, choix des producteurs qui selon elle a nuit à la qualité de l'oeuvre originale. Le film a finalement été une déception au box-office, l'accueil assassin de la critique n'aidant pas.
Loin d'être le seul exemple de reboot/sequel hollywoodien "au féminin" - on pense à Ocean's 8 en 2018, narrant le casse orchestré par la soeur de Danny Ocean, Sandra Bullock prenant la relève de George Clooney - SOS Fantômes fut pourtant le plus décrié. Et la preuve la plus éclatante d'une misogynie certaine caractérisant les fanbases les plus... fanatiques.