Lors de son passage dans l'émission Les 4 Vérités sur France 2, ce lundi 14 juin 2021, Jean-Michel Blanquer a une nouvelle fois demandé de la "bienveillance" dans les notations des élèves pour le bac 2021. Un baccalauréat marqué par la pandémie de coronavirus et la réforme du bac. Et les profs semblent avoir écouté le ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports. Peut-être un peu trop ? Les lycéens et lycéennes en terminale auraient été surnotés au contrôle continu pour le bac 2021.
Pour rappel, cette année le baccalauréat 2021 sera en contrôle continu à 82%. Avec l'annulation des épreuves terminales de spécialités, il reste l'épreuve de philosophie le 17 juin 2021 et le grand oral du 21 juin au 2 juillet 2021 en physique / présentiel. Et déjà pour la note de l'épreuve de philo, c'est la meilleure qui sera gardée pour les élèves (entre la note de l'examen et la note du contrôle continu). Une première façon de surnoter. Et au contrôle continu aussi, les notes seraient bien plus hautes que ce qu'elles devraient.
Alors que le taux de réussite du bac 2020 était déjà à 91,5%, soit 14 points de plus qu'en 2019, ce qui laisser penser à une surnotation des élèves, les terminales devraient encore une fois être surnoté(e)s. "Les établissements ont reçu beaucoup de bons dossiers" a ainsi confié Jérôme Teillard, chargé de mission Parcoursup, au Figaro étudiant. "Nous avons reçu beaucoup de très bons dossiers. L'immense majorité a des notes 30 à 40% plus hautes que l'année dernière" a confirmé un lycée privé parisien au même média.
Marie-Astrid Courtoux Escolle, chef d'établissement de Saint-Michel de Picpus à Paris a avoué : "Les dossiers sont tous bons et se ressemblent. Ils sont absolument excellents", "les profs de lycée ont sûrement surnoté leurs élèves car tous les terminales qui postulent dans notre prépa ont à peu près la même note, autour de 16, aussi bien dans le public que dans le privé".
A cause de la pandémie de Covid-19, les élèves ont dû suivre des cours à distance et ont eu des classes en demi-jauge au lycée. Sauf qu'avec cette école à la maison, ils n'ont pas pu apprendre de la même manière qu'en classe. Une professeure d'un lycée des Hauts-de-Seine a donc reconnu avoir surnoté ses élèves, compte-tenu des difficultés de cette année particulière : "Je n'ai pas eu de directive, pour autant j'ai eu une notation plus indulgente. Un demi-point de plus, parfois".
Claire Guéville, responsable du secteur lycée au Snes-FSU, a aussi affirmé que "l'augmentation des moyennes est certaine". Cela s'explique par "la difficulté d'organiser des évaluations, les pressions permanentes, le fait qu'il n'y ait plus d'épreuve nationale...".
"Les élèves mis en demi-jauge ont été bien plus souvent qu'en temps normal évalués avec des devoirs maison, forcément notés plus larges" a également assuré une enseignante d'histoire-géo dans un lycée public des Hauts-de-Seine. "J'observe aussi beaucoup de stratégie d'évitement. Les élèves ne viennent pas le jour du DST (devoir sur table) pour ne pas faire chuter leur moyenne et réclament ensuite un devoir maison pour la remonter" a-t-elle précisé.
Mais "surnoter reviendrait à pénaliser un élève" a souligné Gilles Demarquet, président de l'Association de parents d'élèves de l'enseignement libre (Apel). Car ça veut dire que l'élève qui a été surnoté va se retrouver "admis dans une formation dans laquelle il ne sera pas préparé".
La surnotation des lycéens et des lycéennes risque aussi de créer un problème dans les admissions sur la plateforme Parcoursup et de provoquer des injustices. "Ça s'appelle tricher" a même lancé une enseignante des Hauts-de-Seine, qui a aussi fait remarquer que ce sera injuste pour les autres promotions : "Ce n'est pas aider la promotion qui suit et qui aura le bac normal. On risque de créer un fossé entre les promotions".