Pour son arrivée en trombe dans le monde du 7ème Art, Jean-Pascal Zadi - comédien, humoriste et acteur (mais aussi ancien rappeur en herbe, si si) s'est exercé à bousculer... le cinéma français, justement. Et la société qui l'a vu éclore. Résultat ? C'est ravageur, puissant et drôle. Très très drôle.
Ce film dont il est question, c'est naturellement Tout simplement noir. Premier essai de Jean-Pascal Zadi donc, tête d'affiche, scénariste et metteur en scène de cette satire gentiment dévastatrice qui aborde tour à tour l'esclavage, le racisme en France, les contradictions du militantisme, l'hypocrisie de la scène culturelle... Et pas seulement.
Fort de son casting cinglé (Ramzy, Jonathan Cohen, Fary, Joey Starr, Fabrice Eboué, Mathieu Kassovitz...) ce faux documentaire, relatant les péripéties d'un gus (Jean-Pascal lui-même) s'exerçant à enrôler des artistes afin d'organiser une "marche des noirs" en plein Paris, n'épargne personne. Et tant mieux. Tout le monde en prend pour son grade, on n'en ressort pas indemne, mais on rit énormément !
Le tour de force de Tout simplement noir, qui mérite qu'on y revienne encore et toujours, c'est de prendre les attentes et convictions du public à revers. De s'inscrire à contre-courant d'un certaine pensée conformiste... Mais sans jamais perdre de vue son efficacité humoristique à tout rompre. Bien au contraire. D'ailleurs, le sens du malaise de Zadi évoque le meilleur du comique outre-atlantique, celui de Ricky Gervais notamment.
Pour faire simple : tour de grande roue des caméos les plus improbables, le film de Jean-Pascal Zadi semble se contenter d'épingler les discriminations systématiques que subissent les personnes racisées en France (ce qui n'est déjà pas si mal), mais pas du tout : Zadi égratigne tout le monde et interroge avec autodérision ses propres convictions de militant et d'artiste. Et du coup, ses propres limites. Dans les prises de bec que Zadi filme, on observe toujours un amour du renversement, du contre-discours, de la nuance.
En mettant aussi bien en lumière les paradoxes des créateurs engagés (jamais à court de contradictions, puisque tout simplement humains) que la bêtise des plus hypocrites et opportunistes, en alignant les sujets tabous à travers une galerie de personnalités médiatiques s'amusant à parodier leurs propres travers, l'acteur déploie mine de rien un panorama plutôt vaste et truculent de notre société et de ses enjeux.
Inclusion, visibilité, préjugés, engagement intersectionnel, stigmatisations, communautarisme, rien n'échappe à Zadi, mais quand il traite ses thématiques, c'est toujours avec un goût très prononcé du pied de nez ! Et à la revoyure, c'est toujours aussi irrésistible.
Aussi, si vous n'avez encore jamais osé lui donner une chance, c'est désormais le moment, alors que Zadi sera bientôt de retour sur Netflix avec la saison 2 de En Place. On vient de l'apprendre, Tout simplement noir a été ajouté à la plateforme d'ARTE, film que vous pouvez retrouver gratuitement sur cette page. De quoi passer un bon été !