Tout d'abord, quand est-ce que cette convention citoyenne pour le climat a été créée ? Emmanuel Macron a rappelé dans son discours que "c'était en avril 2019, à la fin du grand débat national qui succédait au mouvement des gilets jaunes". Pourquoi a-t-elle été lancée ? Le président de la République française a expliqué que c'est dans le but de répondre à "cette question pressante dans tout le pays : comment, après la colère suscitée par la taxe carbone, entre autres, comment mieux associer les Français aux décisions qui les concernent et qui impactent leur quotidien ?".
La convention citoyenne pour le climat a ainsi donné au gouvernement d'Emmanuel Macron son rapport de plus de 400 pages avec 149 propositions en faveur de l'écologie. Après avoir lu ces idées de mesures, le président a décidé de faire "un référendum dès 2021 sur un ou plusieurs textes reprenant vos propositions si le gouvernement ou le parlement tardaient à les mettre en oeuvre ou les bloquaient". Le dernier référendum en France remonte à 2005, quand les français avaient voté "non" à la Constitution européenne. En revanche, celui proposé pour la création d'un crime "d'écocide" a été écarté.
Emmanuel Macron, dont le bronzage avait récemment intrigué Twitter, a aussi annoncé 15 milliards d'euros supplémentaires pour "la conversion écologique de notre économie". "Nous continuons à être un pays qui gaspille énormément d'eau" a-t-il rappelé, donc "il faudra investir là aussi dans nos réseaux de distribution et ça fait partie de cet esprit, de cette philosophie, des mesures que vous portez". Pour se battre contre le gaspillage et le réchauffement climatique, "l'Etat prendra toute sa part. C'est pourquoi dans le plan de relance que nous sommes en train de préparer, 15 milliards d'euros supplémentaires sur deux ans seront injectés dans la conversion écologique de notre économie".
Sur les 149 propositions, 146 ont été approuvées par le gouvernement. Seulement 3 propositions ont donc été écartées. La première à ne pas avoir été retenue, c'est d'inscrire le réchauffement climatique dans le préambule de la Constitution. "Vous proposez de réécrire le préambule de la Constitution en plaçant l'environnement au dessus de nos valeurs, de nos autres valeurs fondamentales" a-t-il indiqué, mais "le préambule menace de placer la protection de l'environnement au dessus des libertés publiques, au dessus même de nos règles démocratiques et c'est pourquoi je ne souhaite pas reprendre cette proposition parce que je considère qu'elle serait contraire à notre texte constitutionnel, à l'esprit de nos valeurs". Emmanuel Macron refuse ainsi de "mettre un droit de la nature au dessus des droits humains parce que je crois que ce n'est pas cohérent avec le projet et la philosophie des Lumières qui porte notre République". En revanche, il est d'accord pour que l'article 1 de la Constitution soit modifié.
Quant à la réduction de la vitesse sur l'autoroute, pour passer de 130km/h à 110km/h, là aussi ça ne passe pas. Cette proposition qui a tant fait parler et qui a créé la polémique dans le débat sociétal a été réfutée : "La transition écologique ne pas doit se faire au détriment des communes, des régions qui sont les plus enclavées". C'est dans cette optique "qu'il faut reporter le débat sur les 110 km/h". "Je vous le dis très sincèrement. J'en comprends l'objectif, mais vous avez beaucoup débattu et vous l'avez redit dans vos propos : pour que ça marche, il ne faut pas stigmatiser les gens, il ne faut pas les diviser. Il faut réussir à les embarquer tous ensemble" a-t-elle déclaré.
Enfin, la troisième mesure qu'Emmanuel Macron ne veut pas appliquer, c'est celle de taxer à 4 % les dividendes des entreprises supérieurs à 10 millions d'euros. "Le secteur privé a aussi un rôle à jouer. Et c'est notamment pour cela, je le dis clairement, que je suis en désaccord avec la taxe de 4% sur les dividendes" a-t-il affirmé, "Je ne dis pas qu'il ne faut pas réorienter une partie des investissements vers des investissements plus verts, mais mettre une taxe sur tous les investissements, c'est réduire notre chance d'attirer l'investissement supplémentaire". Il a conclu : "Nous sommes déjà un pays qui est très fiscalisé et je pense qu'accroître la fiscalité pour répondre à ce défi n'est pas la bonne manière".