Du côté de H nous avons, "Dis-moi pas que c'est pas vrai !", "Silence ou je fais éjaculer la salle", "Ah mais j'avais complètement oublié de te dire : ferme ta gueule", tandis que du côté de Kaamelott on a le droit à : "C'est pas faux", "Le gras c'est la vie" ou encore "j'ai pas de conseil à recevoir d'une clodo".
Autrement dit, les deux comédies sont aussi fortes l'une que l'autre pour nous offrir des répliques mémorables malgré deux humours relativement différents ; H est plus dans la punchline, là où Kaamelott est plus dans le bon mot. Et s'il est vrai que les répliques de la série d'M6 sont probablement plus facilement reprises dans la vraie vie ou sur les réseaux sociaux aujourd'hui, H et Kaamelott sont aussi efficaces que drôles sur ce terrain là.
Résultat : égalité
C'est un fait, le trio Aymé, Jamel et Sabri forme une boule d'énergie incroyablement drôle. La présence de ces personnages à l'écran est la garantie de moments mémorables à travers des situations toutes plus folles les unes que les autres. Néanmoins, il est également à noter que le trio de H n'est finalement pas très travaillé, puisque Aymé, Jamel et Sabri se ressemblent énormément. Quand on regarde la série, on a parfois l'impression de simplement suivre des coquilles qui sont principalement là pour balancer des vannes. Faites le test et vous verrez que Jamel peut jouer une réplique/intrigue de Aymé sans que cela ne choque.
Alors attention, il ne s'agit pas d'une critique, c'est même ce qui fait sa force, mais c'est aussi ce qui l'éloigne de Kaamelott. Dans l'oeuvre d'Alexandre Astier, les personnages principaux ont tous des personnalités différentes très travaillées ce qui accentue leur complémentarité. Ici, les personnages sont construits avec soin et, de part la hiérarchie en place, leur rôle dans cet univers, n'apportent pas la même chose à l'écran. Ce sont ces personnalités qui amènent une variation au niveau des blagues mais aussi de l'histoire, ce qui nous offre des échanges plus fluides et évite toute répétition.
Résultat : Kaamelott
Et ce point fort permet également à Kaamelott d'écraser H dans cette catégorie. Dans H, un épisode = une intrigue avec un maximum de blagues et c'est tout. Les conséquences n'existent que très rarement, tout comme les évolutions. A l'inverse, Kaamelott a pour ambition de raconter quelque chose et de nous amener dans une direction. Il y a un fil rouge tout du long et les sous-intrigues servent aussi à mettre en place certains éléments.
Alors oui, les premières saisons sont plus simples et peuvent se regarder dans n'importe quel ordre, mais plus la série progresse et plus son histoire prend de l'ampleur et nous passionne. Faire rire, c'est très bien, faire rire en racontant quelque chose, c'est encore mieux. Alexandre Astier maîtrise parfaitement son récit et s'autorise même quelques prises de risques fascinantes.
Résultat : Kaamelott
Néanmoins, force est de constater que pour mettre en place son récit et faire grandir son univers, Kaamelott ne cesse de nous dérouter avec son format. On passe d'épisodes de 3 minutes à des épisodes de 7 minutes pour finalement arriver à des épisodes de 50 minutes, tandis que, dans le même temps, son ton passe d'une comédie pure à une dramédie. Alors c'est positif, cela démontre la créativité d'Alexandre Astier, mais ces changements constants peuvent également être frustrants et ont d'ailleurs vu la série perdre quelques fans en cours de route.
En revanche, H fait preuve d'un travail hors-norme sur son format et lui rend un bel hommage. Là où le genre de la sitcom est depuis toujours maîtrisé aux USA, il était - à l'époque de sa diffusion, maltraité en France avec des fictions du style AB Productions. Pourtant, à notre grande (et bonne) surprise, toute l'équipe de la comédie de Canal+ maximise ici les avantages de la sitcom afin de nous offrir un résultat convaincant. La faible quantité de décors permet aux auteurs de recentrer la série sur son humour sans jamais nous donner l'impression d'une production fauchée, tandis que le tournage en public permet aux acteurs de se lâcher comme jamais sur scène et de jouer libérés. H privilégie peut-être la simplicité, mais elle assure parfaitement sur la longueur en jouant sur ses codes, sans jamais nous décevoir.
Résultat : H
Clairement, les deux séries assurent de ce côté-là. A l'hôpital de H, on peut notamment y retrouver des personnalités comme Thierry Henry, Gérard Darmon, Patrick Poivre d'Arvor, Maurice Barthélémy, Bruno Solo et même Richard Bohringer ou Joey Starr. Du côté du royaume de Kaamelott, ce sont Antoine de Caunes, Alain Chabat, Géraldine Nakache, Christian Clavier, Anouk Grinberg ou encore Valérie Benguigui qui apparaissent à l'écran. Cependant, si ces listes prouvent que ces deux comédies sont validées par tout un milieu et sont parfaitement intégrées dans la pop-culture de leur époque respective, c'est bien Kaamelott qui s'en sort le mieux sur ce terrain là.
On ne parle pas en terme de noms, mais plutôt de place accordée à ces guest-stars. Dans H, il s'agit principalement de caméos qui sont certes amusants mais ne changent pas grand chose à la série. Par contre, Kaamelott ne se contente jamais d'offrir aux stars une apparition cadeau. Les personnages dans lesquels elles se glissent apportent toujours quelque chose à l'histoire et sont très souvent susceptibles de revenir plus tard. On pourra d'ailleurs une nouvelle fois s'en rendre compte dans le film attendu cet automne au cinéma à travers certains grands retours.
Résultat : Kaamelott