Akhenaton, Shurik'n, Kheops, Kephren et Imothep renfilent leurs tenues de guerriers pour la sortie de l'album "Arts Martiens", dont sont issus les titres Les Raisons de la colère, Spartiate Spirit ou Notre-Dame Veille. En attendant le 22 avril, PureBreak.com a rencontré les rappeurs d'IAM pour une interview cash. Djs, chanteurs de pop ou de rap et même réseaux sociaux : tout le monde en prend pour son grade quand les soldats du côté obscur sortent les armes.
Dans "Arts Martiens", on retrouve les traditionnels scratchs de DJ Kheops, mais aussi des instrus plus classiques et musicales signées Faf Larage et Sébastien Damiani (compositeurs de la BO des Croods). Il y a un terrain sur lequel tu préfères rapper, Akhenaton ?
Akhenaton : C'est très varié. On peut aimer rapper sur un truc très hiphop, un breakbeat minimaliste avec une rythmique super dure, et d'un coup basculer sur des morceaux musicalement très composés. Dans notre carrière, on a fait tous les aspects. En concert en Egypte, on a rappé avec un orchestre classique sur scène, et des musiciens populaires. Parfois avec des instruments ethniques type percussions ou udu [NDLR: jarre en terre cuite traditionnel du Niger] et sur des thèmes médiévaux. Pour nous, le rap a vraiment la flexibilité de s'adapter à des tas de choses à partir du moment où on est un amoureux de la musique.
Dans le titre Marvel, vous parlez des "inutiles avec leurs grattes maudites, les DJ qui miment des mixes tellement nazes", vous pensez à quelqu'un en particulier ?
Akhenaton : Quelques uns, tu peux mettre des S ! Des tas de gens ont des clichés sur le rap, les insultes, les femmes à poil, les voitures, les yo-yo-yooo... Nous on trouve la pop pas plus intelligente. Quand la fille chante avec sa guitare au milieu d'un champ, pourquoi elle est dans un champ ? C'est plus intelligent que le rap ça ?
Kheops : Et les Djs de house qui sont toujours comme ça ? [Akhenaton et Kheops miment un dj, casque sur les oreilles, épaule levée et un doigt sur la table de mixage] Tu as remarqué que le morceau il ne change pas ? Moi je suis DJ, mais je ne sais pas ce qu'ils font !
Akhenaton : Voilà pourquoi parfois on profite un peu de l'espace musical qu'on a pour rendre aux autres musiques ce qu'ils mettent dans la gueule du rap à longueur d'année. Marvel reste un texte comique mais on l'a déjà dit plus sérieusement aussi. Dans Comme vous je fais [Il commence à rapper] : "On chante pour les sots, et la pop c'est pour les grosses têtes / C'est ça, on se trimballe en grosses caisses, pleines de grosses fesses / Kate, on la trouve moche / C'est vrai selon vos goûts, vos préférences / Vos critères ne sont pas nos références" Attends, quand on lit dans un magazine que Beyoncé est grosse... c'est Kate Moss qui est maigre ! C'est une planche, elle est sèche !
En tant que "pères" du rap français, quel avis vous portez sur la nouvelle scène rap : Sexion d'Assaut, 1995 , Orelsan ?
Akhenaton : Musicalement, on est beaucoup plus proches de 1995, Orelsan ou Youssoupha. C'est le même système que nous : des sujets variés sur un album, des prods avec des samples de soul ou de musiques africaines. L'album de 1995 me fait penser à nos anciens albums, et ça nous touche. Avant ça faisait défaut dans le rap français, tout était très fragmenté.
Kephren : Ca c'est pas que le rap, c'est un problème français. Les artistes kiffent brûler leurs icônes. Dans le foot c'est pareil. Dès que les nouveaux arrivent, ils veulent effacer les anciens pour montrer qu'ils existent.
D'autres rappeurs français qui font l'actualité en ce moment : Booba et La Fouine. Malheureux ou heureux ? Qu'est-ce que vous en pensez ?
Akhenaton : Malheureux pour eux. Mais nous ça ne change rien dans notre vie. Si on veut s'intéresser aux bonnes choses dans le rap, on peut aussi.
Booba vs La Fouine, c'est le combat IAM vs NTM des années 1990 ?
Ak : C'est très différent. Notre compétition était de l'ordre artistique, il n'y a jamais eu ce genre de débordements [NDRL: Booba et La Fouine auraient fini par se battre violemment]. Les médias ont essayé de nous hisser sur un ring imaginaire contre NTM, mais ce n'était qu'une légende.
Contrairement à d'autres artistes, vous êtes peu présents voire inactifs sur les réseaux sociaux. Conviction ? Désintérêt ?
Akhenaton : Culturellement, j'ai du mal à me dire que je vais passer trois heures à ça. Pour moi Facebook, c'est un prolongement de l'ego, ni plus, ni moins. Je n'y vois pas l'intérêt. J'ai très peu de temps libre dans la journée, j'ai des enfants, je fais beaucoup de musique. Sur mon temps libre je regarde mes séries, je vois mes matchs, je lis des bouquins et voilà. Mes amis je les vois, pas besoin d'aller sur Facebook pour ça.
Propos recueillis par Louise Wessbecher
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