Quand, au cours d'une discussion, je suis amené à révéler mon métier, j'ai régulièrement le droit à la même réaction : "Wow, la chance. C'est un job de rêve". Et vous savez quoi ? C'est totalement vrai. Quand on prend un peu de recul sur ma situation, on réalise que mon poste de journaliste fait que je suis littéralement payé pour parler de séries et de cinéma toute la journée.
Mieux, j'ai parfois l'occasion de découvrir des épisodes en avance et d'assister à des projections de presse pour certains des films les plus attendus, dans des conditions royales (et sans avoir à me ruiner en tickets). Plus incroyable encore, il m'arrive de partir à la rencontre des plus grandes stars de la planète, à l'occasion de différentes interviews.
Ces dernières années, j'ai ainsi vu Emma Watson pour The Circle (mon crush depuis mes 12 ans) me provoquer un arrêt cardiaque en me faisant une blague (voir ici), j'ai découvert en direct le génie de Tim Burton en parlant de Dumbo (le héros de mon adolescence) et j'ai même pu tester la poignée de main de Dwayne Johnson pour la promo de Jumanji (j'ai toujours mes doigts). Oui, j'ai un métier de rêve.
Attention, je l'adore, je m'épanouis toujours à travers celui-ci et je n'échangerais ma place pour rien au monde. Mais l'activité qui me donne des petits papillons dans le ventre et qui m'accapare constamment l'esprit prend une autre forme d'écriture. Celles d'histoires fictionnelles, sorties tout droit de mon imaginaire et dédiées à la jeunesse.
Malheureusement, dans un pays qui fantasme les auteurs comme des artistes nécessitant de vivre dans la précarité pour exploiter au mieux leur talent (en 2024, les auteurs/autrices ne bénéficient toujours pas d'un véritable statut professionnel qui apporterait une réelle protection sociale), il est extrêmement difficile de vivre de cette activité. Aussi, plutôt que de quitter mon confort actuel pour me lancer pleinement dans un monde de création fait d'incertitudes, je maximise au mieux mon temps libre pour écrire. Ce qui n'est pas simple quand on va au sport tous les soirs (#EnormeEtSec).
Malgré tout, après de nombreuses années à me contenter de courts projets enfouis dans mes tiroirs (oui, j'écris à la main dans des carnets) ou laissés à l'abandon dans mes notes sur mon téléphone (rassurez-vous, je sais être moderne quand il le faut), j'ai récemment pris mon courage à deux mains et abordé le plus grand défi de ma vie : écrire mon premier manuscrit.
Je vais faire bref : j'ai eu la meilleure enfance possible. Issus de la classe moyenne, mes parents ont toujours été derrière moi et se sont constamment investis dans mon parcours pour m'aider à m'élever ; mon école primaire était parfaite pour s'épanouir avec de nombreuses activités proposées et enseignants à l'écoute ; avec mes copains et copines de l'époque, on formait la plus formidable des classes ; et, étant né en 1990, la télévision proposait les dessins animés les plus mémorables, m'offrant continuellement des mercredis et week-ends divertissants. Si j'en suis autant nostalgique, ce n'est pas uniquement parce que je n'avais pas de factures à payer. Cette période était simplement dorée.
Or, en grandissant, j'ai réalisé que cette enfance n'était pas une évidence pour tous. J'ai eu de la chance, là où d'autres enfants ne sont pas autant favorisés. Ce n'est pas juste. Tout le monde devrait connaître un tel bonheur. D'autant plus à une période aussi charnière dans une vie. J'ai longtemps cherché comment y remédier, à ma façon. Comment leur permettre d'obtenir de jolis souvenirs réconfortants. Ceux qui nous font du bien, dans ces moments où l'on en a le plus besoin. Et un jour, ça m'a fait tilt.
La lecture n'a cessé de m'accompagner au fil de mon développement. Que ce soit à travers les magazines auxquels moi et mon école étions abonnés (Les Belles Histoires, Je Lis Déjà, J'aime Lire, Image Doc, Histoires Vraies) ou encore mes samedis passés à la bibliothèque municipale, les histoires m'ont fait rêver, voyager, rire et oublier des moments plus difficiles. Alors, pourquoi ne pas essayer à mon tour d'offrir à de jeunes lecteurs, le temps de quelques pages, la possibilité de s'évader, d'oublier et de croire ?
Contrairement à ce que l'on pourrait penser (plus on vieillit, et plus on a tendance à prendre de haut les plus jeunes), le public jeunesse ne manque pas d'exigences. Simplement, et c'est ce que j'aime avec lui, il possède une ouverture d'esprit tellement plus importante. On peut tout lui proposer, à la condition de ne pas le prendre pour un idiot. De ne pas le rabaisser. Et quand un auteur le comprend (ce qui n'est pas toujours le cas), c'est libérateur. S'amuser à divertir les plus jeunes, voilà le plus beau métier du monde. À chaque fois que j'écris un texte pour un tel public, ma créativité est décuplée, guidée par mon moi du passé qui sait exactement où m'amener en préservant ma sincérité. Et pour ce premier gros projet, étalé sur deux années, quel immense plaisir cela a été que de faire vivre cette imagination.
Cette aventure, je l'ai initiée pour les autres. Pourtant, avant même de savoir si ce défi se matérialisera un jour dans des librairies (pour ce projet ou un autre), c'est déjà ma propre vie qu'il a bouleversée. D'un naturel casanier, ce projet m'aura étonnamment fait sortir de chez moi plus que je ne l'aurais jamais envisagé. L'avantage d'écrire sur des carnets, c'est qu'il m'est possible de me poser partout : sur un banc, dans un parc ou à la terrasse d'un café. Et j'en ai profité. Ce ne sont pas nécessairement les moments où je suis le plus inspiré / efficace, mais cette reconnexion avec le monde - qui reste habituellement dans ma tête, est enrichissante. Observer les visages et les couleurs, écouter les bruits, les rires et les pleurs, interagir, comparer et apprendre... Des choses évidentes pour certains, mais moins pour moi, dont la crainte de déranger, simplement en étant là, est omniprésente. Sauf... quand j'écris. Ce que j'ai compris ici. En posant des mots avec le monde à mes côtés, je me sens finalement à ma place et capable d'exister.
Ce défi m'a également permis de découvrir de nouveaux auteurs, d'en rencontrer certains (ce qui désacralise ce statut), mais aussi d'affiner mes préférences, mon style. L'écriture, c'est comme le dessin : au début, on recopie pour comprendre et progressivement, on se lâche pour trouver son identité. J'ai énormément lu pour savoir ce que l'on attendait de moi, ce que l'on faisait de mieux que moi, ou ce que l'on ne faisait pas encore, à l'inverse de moi. En même temps qu'il m'a dévoilé mes qualités, ce projet a fait naître un sentiment de légitimité. Une première. Pour quelqu'un qui n'a jamais confiance en lui, c'est réconfortant de voir apparaitre ce "Moi aussi".
Bien sûr, cela ne veut pas dire que je suis un auteur né, que je n'ai pas besoin de travailler et que je vais être directement publié. En revanche, et c'est inédit, je ne ressens pas la peur de l'échec. Ce rêve d'être auteur jeunesse, c'est mon moteur. Aussi, veuillez me pardonner, ce que je vais dire est niais et cliché, mais le seul échec aurait été de ne pas tenter ou, en cours de route, d'abandonner.
C'est donc là que se situe ma plus grande fierté aujourd'hui. Certes, ce manuscrit ne se transformera peut-être jamais en livre, mais il existe. Là, devant moi. Il est terminé. A mon image, avec tous ses défauts du premier manuscrit. Avec un début, un milieu et une fin. Avec des personnages auxquels je suis attaché, que je connais par coeur et dont j'entends les voix. Je souhaite à tout le monde de connaître cette sensation de fierté et la puissance qu'elle amène dans une existence. Effectivement, je ne peux pas encore payer de loyer avec ça, mais ce n'est qu'un début. Je l'ai dit, elle est ici ma vie. Avec mes crayons et mes carnets. Avec mes personnages et mon imaginaire.
En attendant que des maisons d'édition découvrent ce manuscrit, le jugent, l'oublient ou le valident, je suis déjà en train d'écrire mon deuxième "livre". Avant de réfléchir aux suivants. En parallèle, j'envoie parfois quelques textes aux magazines de ma jeunesse. C'est si agréable de se trouver. Alors n'hésitez pas, tentez. Comme l'a dit un grand philosophe : "Sur un malentendu, ça peut marcher".
L'été de tous les records
Genre : humour
Cible : 8 - 12 ans
Pitch : Adam passe les pires vacances de sa vie. Pendant que ses amis s'amusent aux quatre coins de la France, lui et sa famille sont contraints de rester à la maison pour des raisons budgétaires. Un jour, il découvre une solution qui pourrait tout changer : un concours régional offre une semaine de vacances tous frais payés à la personne qui réalisera le record du monde le plus incroyable. Secondé par sa cousine Emma, qui profite de son stage dans le journal local pour conter ses exploits, Adam se lance alors dans une chasse aux records, porté par son imagination sans limites. Le problème ? À chaque tentative, sa performance se termine mal (au grand dam de son derrière). Est-il victime d'une terrible malchance ou bien de différents sabotages, causés par un homme mystérieux déguisé en pirate ?