Ne pas avoir de vrai Dumbo était la partie la plus étrange dans la création de ce film
Avez-vous regardé le film d'animation Dumbo tous les soirs afin de vous mettre dans l'ambiance durant le tournage ?
(Il rit). Non. Je suis déjà assez fou comme ça, ça m'aurait rendu dingue. Mais d'ailleurs... Je l'ai regardé, mais je me souvenais surtout de ce qu'il dégageait. Et ne pas être trop littéral sur ce film, c'était pour moi ce qui importait. Je me souvenais de ce que j'avais ressenti en voyant Dumbo et c'était ça qui était le plus important à retenir.
Dumbo est la star du film, mais il n'est pas réel. Comment fait-on pour tourner avec un acteur qui n'existe pas ?
C'était difficile. Vous abordez là la partie la plus étrange dans la création de ce film. Il y avait d'excellents acteurs, d'excellents artistes, des plateaux, les gens du cirque... on avait tout sauf le personnage principal. C'est une façon perturbante de faire un film. Evidemment on avait des astuces pour l'imaginer, mais au final, le vrai personnage principal n'était pas là, ça en était presque inquiétant.
A l'inverse, il y avait de réels décors. C'était important de se passer de fonds verts pour un tel film ?
Oh oui. J'ai déjà fait des films avec plus de fonds verts et d'autres avec plus de plateaux, mais sur celui-ci, avoir de véritables plateaux avait une réelle importance. Car ça représente un univers à grande échelle dans ce qui est une histoire intime. Ça parle d'un éléphanteau et d'une famille de cirque. Et comme le personnage principal n'était pas réel, je voulais que tout le reste le soit afin que les acteurs puissent s'immerger le plus possible. Et c'est ce qui le rend si spécial.
Je rêvais de dessiner de nouvelles attractions pour Disneyland
Comment parler des décors sans parler de Dreamland. Est-ce que le parc du film a été inspiré par Disneyland ?
Evidemment. J'ai grandi en allant à Disneyland, comme de nombreuses personnes. Et quand j'ai trouvé un travail chez Disney, je rêvais de dessiner de nouvelles attractions pour le parc. Ça a toujours été une source d'inspiration pour moi.
Et pour donner vie à votre cirque, il parait que vous avez recruté de véritables artistes...
Oui, c'était incroyable ! Tous ces gens sont de réels artistes et proviennent du monde entier. Que ce soit de Mongolie avec des contorsionnistes, d'Inde, d'Afrique... de partout. Et c'était magnifique. Et c'est ça le cirque. Je me souviens que les cirques, dans le passé, c'était simplement une collection de gens différents, des Misfits, provenant des quatre coins du monde. C'est ce qu'on a eu ici et c'était incroyable.
Que diriez-vous à Dumbo si vous pouviez lui parler ?
Je ne sais pas (rit). Le truc génial avec Dumbo c'est qu'il ne parle pas, tout comme moi. On a juste à se regarder dans les yeux.
On ne voulait pas uniquement faire un remake de Dumbo
D'ailleurs, à l'inverse du film d'animation, aucun autre animal ne parle. Pourquoi avoir fait ce choix ?
On ne voulait pas uniquement faire un remake de Dumbo. Comme les émotions de Dumbo sont réelles, je voulais présenter ça. Je ne voulais pas entendre parler les éléphantes, les cigognes, les souris... C'est ce qui fait partie du film animé et c'est ce qui le rend génial.
Votre Dumbo regorge de scènes incroyables, dont celle avec les éléphants roses. Quelle a été votre scène préférée à tourner ?
J'aime travailler avec mes acteurs, donc toutes celles avec eux. Je n'avais pas revu Michael Keaton en 20 ans, donc c'était génial de retravailler avec lui. Pareil pour Danny DeVito avec qui je fais ici mon troisième film avec un cirque [après Batman, le défi (1992) et Big Fish (2003), ndlr], ce qui est étrange. Et ce qui est génial c'est que, comme avec Michael Keaton que je n'avais pas revu depuis 20 ans, il y a quelque chose de simplement magnifique lorsque l'on se reconnecte aux personnes. Et c'est un peu un miroir de ce que raconte le film.
En parlant de vos acteurs, Dumbo marque une réunion Batman avec Michael Keaton et Danny DeVito. Vous en parliez souvent ?
Oui. Et ce qui était marrant et intéressant, c'est que lorsqu'ils tournaient l'une des scènes dans le champs notamment, après 20 ans les rôles étaient inversés. Danny était désormais le gentil et Michael le méchant.
Ça vous a donné des idées pour une suite ? L'envie de refaire un film de super-héros ?
(Il rit en haussant les épaules). J'en ai déjà fait il y a longtemps...
Interview réalisée par Quentin Piton. Contenu exclusif. Ne pas mentionner sans citer Purebreak.