Purebreak : Comment vous êtes-vous connus tous les deux ?
Klaar : On s'est rencontré au Conservatoire il y a trois ans et demi. On a commencé à créer des liens d'amitié assez tardivement.
Richard : On était dans la même classe en fait.
À quel moment avez-vous décidé de former Kriill ?
Klaar : On s'est retrouvé en rentrant d'un été, on a fait une petite soirée tous les deux, on a divagué et trippé sur des sujets qui nous parlaient, comme les abysses, la vie, l'immensité, l'individu et la masse, et petit à petit, un concept s'est formé. Ça nous a plu et on s'est dit qu'on allait transformer cet univers en musique.
Comment définiriez-vous votre style de musique ?
Klaar : C'est plus de l'électro. Après, je ne sais pas si on peut mettre des cases sur notre musique parce qu'elle est inspirée de plein de choses. Je ne voudrais pas dire qu'on fait de l'électro-pop car c'est réducteur.
Richard : Cette question est toujours compliquée parce qu'on explique tous la musique avec des noms à rallonge. Notre univers est à la fois doux et lourd, nos sons sont aquatiques et nos tempos assez lents. On peut aussi parler de nos influences comme Radiohead, James Blake et Massive Attack. Notre style et nos influences sont liés. On est aussi inspiré par la trap même si ça se voit à peine.
Klaar : Nous on fait vraiment du Kriill. On suit cette ligne conductrice qui nous drive. On aime bien faire des références directes à l'eau avec des gouttes et des vagues dans nos chansons. On s'inspire aussi de la musique britannique.
Pourquoi avoir tenté l'aventure The Voice ?
Richard : Un casteur nous a proposé de le faire.
Klaar : C'est une opportunité qu'on nous offrait. On a été ravi de nous lancer dedans.
Avez-vous hésité avant d'accepter ?
Klaar : On a beaucoup hésité. Ça a été un sujet très long. On s'est doucement fait porter par un fleuve qui nous amenait à se lancer dans l'aventure. On a quand même beaucoup douté de notre côté, mais à aucun moment on a dit non.
Richard : Ça s'est décidé tout seul. C'était une trop grosse opportunité pour la rater. Quand on hésite comme ça, c'est mieux d'essayer que d'avoir le risque de regretter de n'avoir rien fait.
Si vous regardiez The Voice avant, vous avez sûrement remarqué MB14, qui a lancé le genre électro dans l'émission. Est-ce qu'il vous a encore plus donné envie d'y participer ?
Richard : Moi je regardais The Voice avant, surtout les auditions à l'aveugle. Je me rappelle très bien de MB14, mais ce n'est pas lui qui nous a mis la puce à l'oreille pour participer à l'émission.
Klaar : Par contre, c'est un artiste qu'on aime bien. J'ai un peu suivi son aventure et j'ai vraiment bien aimé. Après, notre univers est un peu différent, mais c'est vrai que MB14 a ouvert la voie, on ne peut pas le nier.
Richard : J'ai eu des coups de coeurs dans The Voice et ce n'est pas forcément dû à l'électo. Par exemple, j'ai adoré Slimane alors qu'il avait un profil plutôt classique.
Dès les auditions à l'aveugle, vous montrez votre univers en matière d'électro. Vous n'aviez pas de prendre un risque ?
Klaar : Plus ou moins. On n'est pas venu avec nos voix seulement, on est venu avec notre univers en entier et on a utilisé The Voice comme une vitrine pour se montrer. Ça aurait été réducteur de ne pas utiliser nos machines car elles font partie de notre univers. On a vraiment été poussé à rester nous-mêmes par toute l'équipe. À aucun moment on a eu à faire des concessions. Tant que notre musique plaît aux coachs, au public et aux téléspectateurs ça nous va.
Richard : C'était un peu la condition pour qu'on participe à The Voice même si de rester nous-mêmes dépendait de nous. Mais de mon côté, je n'avais aucune crainte vis-à-vis de ça car ils nous ont contacté pour notre univers musical. Au moins pour les auditions à l'aveugle, ça me semblait pertinent de rester nous-mêmes parce que c'était le premier stade d'une chose pour laquelle on nous avait contacté. On ne connaissait pas la télé donc on pouvait imaginer plein de choses négatives.
Vous choisissez d'ailleurs un morceau des Bee Gees. Est-ce le style de musique que vous reprenez ou écoutez en général ?
Klaar : Pas du tout. Par contre, je ne nie pas avoir des influences des années 80 assez fortes. La chanson des Bee Gees m'a accompagné, j'ai adoré l'écouter plus jeune en dansant ou dans des BO de films qui m'ont marqué. On a écouté une version d'un groupe de filles qui s'appelle Say Lou Lou et c'est à ce moment-là qu'on s'est dit qu'on pouvait prendre des libertés de notre côté. C'était une bonne idée parce que ce morceau est très connu. On en a d'ailleurs fait quelque chose de très différent.
Pourquoi voir choisi Mika comme coach ?
Klaar : C'est un artiste que j'ai beaucoup écouté quand j'étais au collège. Il m'a accompagné dans ma jeunesse surtout son album où se trouve les morceaux "Grace Kelly", "Big Girl (You Are Beautiful)", "Stuck in the middle". Mika fait partie des artistes dans ce jury qui m'a ému à un moment donné du coup, mon choix se tournait vers lui pour ces raisons-là .
Richard : Mon choix était aussi Mika. J'aime bien quand les choses ont un sens et là ça en avait un car mon alter-ego avait ce kiff. N'ayant jamais écouté l'un des 4 coach, je trouvais ça intéressant d'aller vers l'un d'entre eux qui avait participé à l'influence de l'un de nous deux.
Le fait qu'il a donné sa chance au duo Les Frero Delavega et au trio Arcadian vous a-t-il influencé ?
Klaar : Peut-être, mais en même temps, Mika s'est retourné avant les autres. Il était debout sur sa chaise et c'est lui qui nous a le plus vendu son équipe même si on avait une préférence pour lui. Après, Pascal Obispo a montré un intérêt pour nous qu'on a tout autant jaugé, mais comme on avait déjà pensé à Mika.
Richard : Mika a été le plus convaincant. Pour être honnête, je connais les coach qu'à travers The Voice, du coup, je n'avais aucune idée de qui était plus ou moins ouvert.
Klaar : Et puis humainement parlant, on ne les connaît pas du tout. On choisit un artiste avant de choisir un humain, mais je suis sûr que Zazie et Pascal Obispo auraient aussi beaucoup de choses à nous apporter
Comment est Mika durant les coaching ?
Klaar : On a eu l'occasion de le rencontrer durant le coaching de la seconde étape et tout s'est bien passé. On n'a pas eu de désaccord sur des points artistiques. Il a eu l'air de bien aimer nos compositions. C'était agréable de communiquer avec lui.
Richard : Il est doux, sympa, gentil, rassurant, respectueux et très à l'écoute. Il nous a surtout conseillé scéniquement car on avait parfois tendance à oublier qu'on était à deux à cause de nos avec nos machines et qu'on pouvait s'appuyer l'un sur l'autre sur le plateau. L'essentiel de tout ça était de communiquer et de vibrer ensemble. Il nous a donc rappelé ça quand on commençait à perdre nos moyens.
Avec quels artistes aimeriez-vous collaborer par la suite ?
Klaar : Dans The Voice, on a crée des affinités assez fortes avec des talents et on aimerait faire des collaborations avec eux.
Richard : Comme on y a pas réfléchi ensemble, je pense qu'on a des idées différentes. De mon côté, j'ai réfléchi aux gens dont je suis fan comme Beyoncé (rires), James Blake et Massive Attack.
Klaar : J'ai réfléchi à l'éventualité de faire un concert avec Nosfell, un chanteur, guitariste et beatboxer. Il a une histoire qui lui est propre et que j'admire. Il a fait un album qui s'appelle Kälin Bla et la suite du titre est imprononçable. C'est magnifique, c'est d'une pureté qui me plaît énormément. J'adorerai faire une collaboration avec eux. Mais on aimerait travailler avec les artistes qu'on admire.
Appréhendez-vous la célébrité après The Voice ?
Richard : On espère surtout toucher un max de public, mais aussi des professionnels qui seraient intéressés par notre univers, tel qu'on est et non pas par ce qu'ils voudraient nous faire faire. Comme on sait vraiment composer, on a un univers solide et on sait où on va, du coup, on pense qu'on est en mesure de pouvoir espérer ça.
Klaar : On souhaite avant tout donner de la visibilité à notre projet, à notre histoire, ce qu'on fabrique et ce qu'on partage ensemble. On est ravi de montrer qui on est et si ça prend, c'est bénéfique pour nous. Ça ne fait que grandir la foi qu'on a en notre musique. On est impatient de découvrir tout ça.
Et les critiques sur votre style musical, ça vous fait peur ?
Klaar : Chacun ses goûts. Les gens qui n'apprécient pas tant pis pour eux et tant pis pour nous, ce n'est pas la fin du monde. On ne pourra donner du crédit qu'aux gens qui apprécient parce que sinon, on n'a pas d'espoir en ce qu'on fabrique.
Richard : On espère juste qu'assez de gens aimeront. Après, on a tous des artistes qu'on aime et qu'on aime pas, il y aura de toute façon toujours quelqu'un pour détester quelque chose.
Si l'aventure The Voice ne fonctionne pas pour vous, avez-vous déjà d'autres projets de prévu, comme un album ?
Klaar : On aimerait beaucoup sortir un EP donc on va voir comment on va le faire. On n'a pas encore concrétisé cette idée. Après, il y a plusieurs possibilités, soit on décroche le deal avec Universal et on voit ce que ça donne, soit on essaie de sortir ça de notre côté en ayant la liberté la plus totale. Mais on a tout le matériel, la motivation et l'envie de sortir un EP.
Richard : Les compos sont là en tout cas.
Propos recueillis par Lola Maroni. Contenu exclusif. Ne pas reproduire sans citer PureBreak.com