Purebreak : Depuis quand fais-tu de la musique ?
Laure : Depuis un peu avant que je suis née, je pense. En fait, l'histoire c'est que quand ma mère me portait dans son ventre, mon père qui est fan de musique disait 'mon premier enfant, aucune chance qu'il n'aime pas la musique' et apparemment, il mettait des écouteurs et me faisait écouter du Whitney, du Michael Jackson et du Stevie Wonder. Donc je suis née avec la musique, je chante depuis tout le temps. J'ai commencé à prendre de vrais cours de chant à 16 ans.
Plus le temps passe, plus mon cas s'aggravait et j'avais de plus en plus de douleurs
Tu es tombée malade avant d'intégrer l'école de comédie musicale, comment tu as appris ta maladie ?
Ça a été assez long. Ça a commencé avec des douleurs très bizarres et inexplicables à des endroits très bizarres dans le corps, donc le poignet, au genoux. A chaque fois, on pensait que j'avais une inflammation là, ou une autre là, mais bon c'était des trucs très précis. En parallèle, je m'enrouais énormément alors que je n'avais pas l'habitude, que j'avais une très bonne technique, il n'y avait aucune raison que j'ai des problèmes à la voix. Plus le temps passe, plus mon cas s'aggravait et j'avais de plus en plus de douleurs. Mes prises de sang s'aggravaient, s'aggravaient, s'aggravaient. Les docteurs décident de me faire une biopsie au foie et c'est là que j'ai eu le diagnostique qui expliquait tout ça.
Tu peux nous en dire plus sur cette maladie ?
C'était la NASH, qui veut dire "Non Alcoholic Steatotic Hepatitis". C'est horrible à dire mais c'est une maladie que les alcooliques ont souvent, c'est un foie gras enflammé qui fait de la cirrhose et qui, du coup, empêche le foie de fonctionner comme il doit fonctionner. Mais moi je n'ai pas eu, entre guillemets, la chance de faire la fête pour avoir cette maladie. Je n'ai jamais été ivre de ma vie et je ne touche pas vraiment à l'alcool. C'est pour ça que ça s'appelle NASH, ça n'a rien à voir avec l'alcool.
Comment tu t'es guérie ?
Il faut savoir que le foie, c'est le détoxifiant du corps donc je ne pouvais pas me soigner avec des médicaments. Chaque médicament que je prends alourdit et donne du travail au foie et lui avait besoin de se reposer pour guérir. Donc il a fallu passer par de la souffrance et beaucoup de naturel, j'ai été soignée par une naturopathe, par des suppléments alimentaires, par beaucoup de vert (de la laitue et des feuilles) et j'ai fait énormément de sport, malgré les douleurs. C'est un changement de vie, c'est une prise en main que je n'avais pas forcément à faire, c'est juste que je n'ai pas eu de chance, la plupart des gens ne l'ont pas.
Pendant 2 ans, je ne pouvais pas chanter
Tu es restée quasiment 2 ans sans chanter ni parler ?
Pendant 2 ans, je ne pouvais pas chanter et, par peur que je ne retrouve plus jamais ma voix, je me mettais à ne pas parler. Mais je me réveillais enrouée, j'allais me coucher enrouée, je n'avais pas ma voix. J'allais au travail, j'avais une petite étiquette sur mon T-shirt qui disait 'pour des raisons de santé, je ne peux pas parler, merci de votre compréhension' (rires). Donc je mimais aux gens où les produits se trouvaient et j'avais une équipe de ouf. Mais oui, il y avait des semaines entières où je ne parlais pas pour préserver ma voix par peur qu'elle ne revienne jamais.
Est-ce que cette maladie peut revenir ?
Non ça ne reviendra pas parce que je ne la laisserai jamais revenir (rires).
ça m'a fait très peur de reprendre le chant
Tu as finalement pu intégrer l'école que tu voulais...
Ouiiiii ! J'ai pu intégrer l'école de comédie musicale. Je suis en deuxième année, on y fait du chant, du théâtre et de la danse.
Avoir arrêté de chanter pendant 2 ans ne t'a pas pénalisé ?
Non mais ça m'a fait très peur de reprendre le chant comme ça d'un coup. Je n'ai pas eu le temps d'avoir une rééducation comme j'aurais voulu l'avoir. Je ne savais pas ce que ma voix pouvait ou ne pouvait pas faire mais dès que le docteur a dit 'c'est bon, tu peux tout reprendre !', j'ai été accompagnée par les profs à l'Académie qui sont juste extraordinaires, qui m'ont montré le bon chemin, qui m'ont redonné confiance en ma voix, et c'est revenu comme ça. C'est comme réapprendre à faire du vélo, je n'ai pas vraiment eu de difficultés pour ça.
Tu as ressenti quoi lorsque tu as pu rechanter ?
Je ne sais pas si ça se dit mais un orgasme ?! (rires). En même temps, c'est orgasmique le chant, c'est une joie pas possible. Pour moi, c'est revivre, c'est re-respirer.
Pourquoi participer à The Voice aujourd'hui ?
C'est une porte qui s'est ouverte. J'ai eu la chance pas possible que le chef de casting, Bruno Berberès, me propose de passer les castings. Au début, je me posais la question : "est-ce que c'est le bon moment ou pas ?" et puis je me suis dit que c'était tellement ridicule de dire non donc je plonge et je fais de mon mieux.
Tu as repris Je m'appelle Bagdad, de Tina Arena. Pourquoi ce titre ?
C'est Tina Arena, une de mes profs avec Lara Fabian. Cet album, je le chantais quand j'étais petite dans la voiture, avec ma soeur. J'ai eu une liste à fournir de chansons possibles pour les auditions à l'aveugle et c'était la chanson qui m'allait le mieux apparemment, qui pouvait sortir de l'émotion, un beau timbre, tout ce qui a à prendre en compte et, la preuve, c'est que c'était bien le bon choix de chanson. Et puis, c'était facile pour moi de chanter cette chanson parce que je la connaissais.
Seul Marc Lavoine ne s'est pas retourné, ça t'a déçu ?
Non, pas du tout. J'ai eu aucune déception ce jour là, j'étais envahie de bonheur. Je m'attendais pas à ce que quelqu'un se retourne, donc je pouvais qu'être super heureuse que les gens se retournent. En plus il avait des belles choses à dire. C'est quelqu'un de modeste et il a complètement le droit de ne pas vouloir se retourner, je trouve ça normal.
J'ai eu un gros choc, l'Olympia, c'est un rêve de petite fille qui se réalise
Lara Fabian t'a proposée de chanter avec elle à l'Olympia, tu réalises ?
Ouaiiiis ! Naaannn ! C'est fou ! Je crois que j'ai eu un gros choc, je ne savais pas comment le prendre. J'étais en mode 'Quoi ? Quoi ? Quoi ? Quoi ?' (rires). Dans ma tête ça a fait un feu d'artifice. C'est une opportunité de ouf, c'est un rêve de petite fille qui se réalise, c'est juste ouf !
Pourquoi ne pas avoir choisi Lara Fabian comme coach ?
Sur le coup, je ne savais pas expliquer mon choix mais j'étais extrêmement stressée parce que, je ne sais pas si on le sait, mais il était une heure du matin quand je suis montée sur scène et on était debout depuis 6h. Je n'ai pas fait de pré-choix avant de passer sur scène, je voulais vraiment avoir la possibilité de choisir selon ce qui allait se passer, de me protéger des déceptions... Il fallait vraiment que ça soit neutre. Et puis je ne sais pas, je pense que j'avais faim de challenge et Pascal, que je connais un peu moins, m'intriguait. Je le trouvais extrêmement ému sur la prestation, il s'était retourné en premier et je pense que ça a beaucoup joué sur mon choix. Le fait qu'il se soit retourné aussi vite et en premier, je pense que ça a joué.
J'ai encore énormément de choses à apprendre
C'est quoi tes projets pour l'après The Voice ?
Déjà, je vais peut-être commencer une page Youtube pour me montrer un peu plus au monde (rires). Je vais continuer à bosser très dur, à me cultiver à mort, à apprendre de plus en plus de choses et de créer plus. J'ai un peu de créations mais je pourrais le cultiver un peu plus. Le but c'est de faire un maximum pour que je puisse chanter et pourquoi pas en faire mon métier pour la vie, ça serait juste génial.
C'est pas trop difficile d'allier l'école et les tournages de The Voice ?
Extrêmement. C'est une période difficile, de stress, mais c'est très enrichissant. Ça forge donc j'en prends vraiment que du positif. Oui c'est dur, il y a énormément de fatigue parce que les heures, ce sont des heures pas très normales, il faut assurer les cours et faire de son mieux pour ne pas négliger ni l'un ni l'autre. Mais heureusement, je suis entourée de personnes magnifiques, de professeurs magnifiques, tout le monde est en empathie et ils veulent vraiment la réussite des gens donc c'est vraiment juste du positif.
Tu serais prête à arrêter l'école ?
J'ai envie de dire non. J'ai encore énormément de choses à apprendre, dans le chant mais surtout dans la danse et le théâtre, ça fait un an et demi que j'en fais. Donc j'ai envie de dire non mais admettons qu'on me propose de faire des choses qui ne vont pas me permettre de continuer l'école mais que c'est que du positif, eh bien je quitterais l'école mais franchement, je ne me permets pas d'imaginer des choses pareilles.
Propos recueillis par Marion Poulle. Contenu exclusif. Ne pas reproduire sans citer PureBreak.com.