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Mister V : l'album Double V ? "On a fait ça entre potes, sans maison de disques derrière"
Publié le 18 décembre 2017 à 14:05
Par Quentin Piton | Journaliste Séries - Ciné
Journaliste spécialisé dans les séries, le cinéma, mais également les anime et mangas. Passe son temps à rêver d'Emma Watson, considère Olivier Giroud comme le GOAT et refuse de parler avec ceux qui sont contre la vérité absolue qui est : How I Met Your Mother est une meilleure série que Friends.
Afin de fêter son Disque d'Or pour l'album "Double V", Mister V dévoile ce lundi 18 décembre un documentaire exclusif sur les coulisses de sa conception, disponible sur Blackpills. Et à cette occasion, Purebreak a pu rencontrer le rappeur et revenir avec lui sur cette nouvelle expérience musicale.
Mister V
Mister V
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Premier album et déjà Disque d'Or. Qu'est-ce que ça fait ?

Je ne m'y attendais pas. C'est en ça que c'est encore plus cool de finir avec ce Disque d'Or. L'objectif principal de cet album, c'était vraiment juste de le faire et d'accomplir ce rêve que j'avais depuis tout petit. Après ce n'est que du bonus ce qui est arrivé ensuite ; les retours, les opportunités que ça m'a amené - comme pouvoir rapper avec Fianso dans "Le Cercle". On est allés au-delà de l'objectif prévu. Que du kiff.

Tu dis avoir fait cet album pour "le kiff", mais on peut découvrir dans le documentaire que tu as travaillé dessus pendant 2 ans. C'est énorme...

Le pourquoi je me suis donné autant les moyens, c'était pour faire un album crédible et un projet dont je sois fier. Après, que je fasse 2 000 ou 10 000 ventes, ce n'était qu'un chiffre finalement. La musique, c'est selon les goûts et les couleurs de chacun. Il y a des mecs qui ne vendent pas beaucoup mais qui sont grave plébiscités, dont les supporters sont méga fans. Donc les chiffres ne veulent rien dire aujourd'hui. Et puis moi, j'ai une grosse communauté de base [via YouTube, ndlr] et je suis conscient que ça a joué dans le succès de l'album. Là où je suis content, c'est surtout de voir que les gens ont compris le message, l'intention et la sincérité que j'ai voulu mettre là-dedans. Le travail c'était surtout pour que les gens prennent l'album et l'écoutent en comprenant que ce n'est pas une parodie et que j'ai vraiment voulu faire ça sérieusement. Et ça a été dans l'ensemble très bien reçu.

Tu as fait tes premiers pas dans le rap avec ton concept parodique "Sapassoupa" sur YouTube. Pourtant, ton album est sérieux. C'était important de changer de ton ?

Je savais très bien que si je faisais un album "Sapassoupa" ou de blagues, ça allait me frustrer. Je me serais dit 'T'es en train de faire une parodie d'un genre musical que t'aimes trop'. Puis le vendre comme un album de rap parodique, je sais que ça aurait été beaucoup moins bien perçu, ça aurait dérangé, surtout si ça avait fait le même score. Et même pour moi, vis-à-vis de ma conscience et de mon amour pour le hip-hop, je ne l'aurais pas aussi bien assumé et j'aurais gardé une frustration.

Mais dans l'album, il y a toujours une partie de moi qui est dans l'humour parce qu'il fallait que je reste moi-même. Après, je n'ai aucune frustration de ne pas avoir fait plus de parodies et d'être resté dans un truc plus sérieux. Au contraire, ça m'a même grave appris. Comme je le dis souvent, c'est un travail de comédien, d'être moins souvent dans la blague, d'être un peu plus sérieux et d'assumer ce truc. Faire des clips où tu vas être vraiment dans un rôle de rappeur, moi ça m'a fait travailler et apprendre un métier. C'est ce que je kiffe dans cette expérience, je me suis acheté une nouvelle corde à mon arc.

Avant d'être rappeur, tu t'es fait connaître grâce à tes vidéos humoristiques YouTube. Tu as ressenti une pression particulière en réalisant un projet aussi éloigné et sérieux ?

Ça te met une pression tout de suite, car tu sais que les gens t'attendent au tournant. C'était sûr que les gens allaient s'attendre à beaucoup plus de parodie, que ce soit plus dans la moquerie du rap ou que ce soit un peu nul tout simplement. En plus, j'ai souvent fait des vidéos sur le rap et j'en rigolais, donc c'était encore plus compliqué pour moi d'arriver avec un album sérieux et de défendre un style, un univers musical que j'ai moi-même parodié.

L'humour et le rap, ce sont des cousins mais il y a une limite entre les deux qui fait que le comique peut pas être rappeur et le rappeur peut pas être comique, parce qu'il y a un truc de crédibilité. C'est spécial. Autant un acteur qui a tout le temps des rôles sérieux et qui va faire du rap, ça va moins déranger, autant un mec qui fait que de la vanne et qui est tout le temps avec des perruques ou en slip dans sa chambre... Pour moi, le passage était plus ambigu que pour d'autres profils artistiques qui voudraient faire du rap.

Par contre, ce qui est génial avec cet album, c'est qu'il a le même côté "Home Made" que tes vidéos sur YouTube. C'était important de garder cet esprit ?

C'est comme ça que j'ai commencé mes vidéos et que j'ai pris l'habitude de travailler. Quand tu fais des vidéos et que tu dois faire une fille et bah tu mets un t-shirt pour faire une perruque. Tu dois imiter un micro ? Tu prends un balai... Pour l'album je voulais garder un peu ce côté rustique. Je voulais garder le côté fait maison, qui est très authentique. C'était ce que je voulais aussi faire ressentir à travers cet album. C'est un album de moi, sincère, que je voulais le plus vrai possible. Et ça partait de la façon de le faire. J'avais mon micro de mon appart, on a mis des matelas [aux murs pour mater le son, ndlr]. De toute façon, aujourd'hui tu peux faire un album avec des moyens très simples. On n'a pas eu une maison de disques derrière qui a injecté un budget énorme, qui m'a fait travailler avec des auteurs, des mecs qui font des mélodies de renoms.. On a fait ça entre potes et c'est tout. Et c'est ça qu'on veut montrer dans le documentaire. C'était dans le même esprit que les podcasts. Là où je suis dans ma chambre avec mes potes à faire des blagues, on a fait pareil en rap et en musique.

Dans le documentaire, tu dis que le seul instrument que tu sais jouer c'est l'auto-tune, très présent dans l'album...

C'est clairement ça, je n'ai pas de vraie culture musicale. Je n'ai pas appris le violon, la guitare ou le piano étant petit. Du coup, comme pour la vidéo, le montage ou la comédie, j'ai appris tout seul dans ma chambre. Les premiers objets que j'avais pour faire de la musique c'était un logiciel d'enregistrement, des instrus que je piratais sur YouTube et des effets audio/vocaux qu'on peut trouver dans ces logiciels. Donc j'ai appris sur le tas, avec des tutos.

Comme je l'explique dans le documentaire, je ne dis pas que je suis un charlatan, que je ne sais pas chanter, que c'est un album d'escroc et que c'est pour ça que j'utilise l'autotune. J'explique juste que je ne suis pas venu avec une énorme connaissance de la musique et que j'ai vraiment eu cet apprentissage avec cet album. C'est un peu le message que je dis à la fin du doc : à partir du moment où t'as des envies, que tu veux réaliser quelque chose, que t'aimes ça et que t'es passionné, tout peut se faire. C'est vraiment ce que le docu raconte. C'est pas le parcours d'un génie, un surdoué de la musique qui a fait son premier album à la manière d'un Mozart ou Beethoven. C'est un gars qui aime trop le rap et qui a voulu réaliser ce rêve. Il n'y a pas de success-story ou autre. C'est juste un kiff.

Au début du documentaire, Geronimo dit qu'il ne te voyait pas comme un rappeur lors de votre rencontre et que tu as réussi à le bluffer ensuite. Cet album t'a appris des choses sur toi et le rap ?

A force de travailler, de se dire 'On se fait ce projet là', à partir d'un moment t'as plus le choix et tu le fais. Quand j'ai un studio à disposition, que Geronimo m'envoie 4 à 5 prod par jour et que t'es dans ce contexte de projet, je dois m'y mettre à fond. Je me suis déterre et j'ai appris, j'ai travaillé. Et à force de travail évidemment tu progresses et à la fin j'ai ressenti une évolution énorme par rapport au début. J'essayais de rester Mister V qui faisait du rap avec de la comédie, mais ça collait pas trop. J'ai appris à me trouver mon univers, à me faire violence et à me dire 'Allez mec, tu peux faire du rap sincère et sérieux, faut pas absolument penser que tu dois dire une blague. Reste juste toi-même'.

En plus j'avais une frustration à chaque fois que je faisais écouter mes sons à mes potes, ils voyaient ça comme une blague et je leur disais 'Non j'aimerais bien que vous écoutiez mes sons et que vous bougiez la tête comme si vous écoutiez un autre rappeur'. Maintenant, si je suis amené à refaire de la musique, je sais qu'il faut aussi du temps pour que tout le monde capte bien le message. Avec ce premier album, j'ai eu une majorité de bons retours mais il y a encore des gens qui sont fermés parce qu'on est en France et qu'en France tu peux faire qu'un seul job, que c'est pas possible de déroger à la règle. Ce documentaire et cet album sont vraiment faits pour montrer aux gens qu'on fait pas ça pour changer de carrière ou être le meilleur de tout le game. Je fais ça parce que j'aime ça, que c'était un rêve que je voulais réaliser.

Contenu exclusif. Ne pas mentionner sans citer PureBreak.com.

Découvrez le documentaire inédit sur la création de l'album sur Blackpills.

"Double V" de Mister V est disponible dans les bacs et sur les plateformes de streaming.

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