Présentée à l'époque comme une alternative à la télévision, Netflix ressemble finalement désormais à n'importe quelle autre chaîne. Ainsi, alors que la plateforme va bientôt mettre en place de la publicité, sa promesse des débuts - qui était d'offrir une liberté et créativité inédites aux créateurs, s'est rapidement effacée puisque désormais, elle annule ses séries à tout va. Des cliffhangers jamais résolus, pas de vraies fins et surtout beaucoup de frustration, voilà l'expérience proposée aujourd'hui par Netflix.
Une surprise ? Pas vraiment. Là où le géant du streaming prenait auparavant le temps de donner vie à ses séries, son rythme de production s'est progressivement accéléré afin de répondre à la demande des abonnés et avoir toujours du contenu à leur proposer pour ne jamais leur donner envie de partir. Or, cette stratégie n'est pas sans conséquences puisqu'elle met en place un rendement à la chaîne et il n'est donc pas rare d'assister à un embouteillage au moment des sorties. Là où celles-ci étaient auparavant considérées comme des événements, on constate maintenant qu'elles démarrent trop proches les unes des autres, ne leur laissant plus le temps de s'épanouir dans la durée.
Et dans un univers où l'humanité derrière les décisions semble avoir été remplacée par les algorithmes et chiffres, cette façon de faire devient problématique. Les séries qui ne restent pas dans le top 10 des différents classements et n'attirent pas les téléspectateurs suffisamment rapidement se retrouvent vite annulées.
Au fil des années, Netflix a fini par décevoir, blesser et frustrer pas mal de fans avec cette méthode impitoyable. Même si le site est de temps en temps à la tête de sacrés succès (Stranger Things, Squid Game...), l'importance du nombre de ces fictions terminées bien trop tôt prévaut. Voici 10 annulations de séries que nous ne pardonnerons jamais à Netflix .
Certains disent qu'Altered Carbon donnait l'impression de n'être qu'un condensé de clichés du genre cyberpunk sur lequel on aurait simplement ajouté un peu d'énergie et de modernité. Pourtant, cette histoire dystopique d'un monde où la conscience humaine est stockée sur des puces et peut être transférée dans n'importe quel corps faisait d'elle l'une des séries de science-fiction les plus fortes jamais diffusées sur Netflix.
Devant ce concept horrifique, les riches sont de facto immortels, accumulent de plus en plus de fortune au fil des siècles et vivent au paradis. Les pauvres gagnent leur vie dans la crasse de la métropole et n'ont rien à vendre que leurs corps. Un contraste fort, saisissant et qui parle à tous en raison de notre propre monde. A cet effet, la saison 1 qui mettait en avant Joel Kinnaman dans le rôle du terroriste condamné Takeshi Kovacs, dont l'esprit emprisonné est transféré dans un nouveau corps pour résoudre le meurtre d'un homme super riche, apportait un juste mélange entre le roman policier et la dystopie, le tout à travers une mise en scène élégante. Malheureusement, après une deuxième saison plus faible – portée cette fois Anthony Mackie dans le rôle de Kovacs – Netflix a préféré dire stop nous laissant sur notre faim, des regrets plein la tête.
L'histoire de la mère de banlieue devenue zombie assoiffé de sang était déjà drôle dès le début, mais Santa Clarita Diet avait réussi le tour de force à s'améliorer au fil des épisodes. Ce qui semblait initialement être une idée conceptuelle à la fois originale mais limitée, qu'on imaginait difficilement capable de tenir plus d'une saison, s'était transformée en une véritable comédie d'horreur passionnante avec des aperçus parfois touchants d'un mariage sous pression (sanguine).
En apparence, on pourrait croire qu'il n'y a pourtant rien à redire sur cette annulation. Après tout, obtenir trois saisons d'une série portée par Drew Barrymore, Timothy Olyphant et le MVP de la série Skyler Gisondo, ça s'apparente presque à un exploit. Mais dans les faits, la situation est loin d'être aussi belle puisque la saison 3 de la série de zombies n'avait pas été prévue comme la dernière et s'est donc terminée sur un énorme cliffhanger. Une situation d'autant plus frustrante qu'elle promettait une nouvelle direction pour l'histoire. Et dire qu'après ça, Netflix a le culot de se plaindre d'une perte d'abonnés...
Netflix, de part ses algorithmes mis en place, est aujourd'hui plutôt douée pour évaluer ce qui fonctionne ou non et ainsi sélectionner les ingrédients à garder dans ses créations. Le problème ? Non seulement cela nous donne l'impression de toujours regarder la même chose, mais surtout, cette façon de faire l'éloigne de ce qui faisait son identité à une époque. Il fut un temps où le service de streaming était en effet extrêmement aventureux et ne craignait pas de produire des projets de niche. L'une des séries les plus insolites de tout le catalogue Netflix date justement de cette période : The OA .
Cette série dramatique et mystérieuse créée par Brit Marlin et Zal Batmanglij est surtout connue pour son univers créatif et fascinant. Abstraite, volumineuse, remplit de mystères à développer, elle était un contre-pied parfait et jouissif à ses séries sans saveur, génériques et répétitives diffusées à la télé. Malheureusement, là où de nouvelles dimensions narratives et créatives attendaient d'être explorées, l'histoire n'a finalement pas dépassé les deux saisons. Une frustration toujours présente.
Aujourd'hui encore, on ne comprend pas comment Netflix à pu annuler I Am Not Okay With This. Cette histoire plus mature qu'elle n'y paraissait, extrêmement croustillante avec une touche de fantaisie avait pourtant trouvé un public et des fans en un rien de temps. Ce n'est pas sans raison qu'une deuxième saison avait été rapidement commandée. Malheureusement, alors que l'on avait hâte de découvrir cette suite, Netflix a finalement changé d'avis en août 2020, prétextant notamment que l'épidémie de Covid-19 serait la cause d'une telle décision purement financière.
Un vrai coup dur quand on voyait ce que I Am Not Okay With This était capable d'apporter au genre du teen-show. La série tournait autour d'une ado qui devait non seulement faire face aux problèmes d'une personne normale de son âge, mais qui luttait également face à l'émergence soudain de super pouvoirs. Portée par deux jeunes stars charismatiques (Sophia Lillis et Wyatt Oleff) qui amenaient une réelle sensibilité à l'oeuvre, l'intrigue - forte de ses métaphores originales et de ses rebondissements, nous promettait un résultat toujours capable de surprises et d'une créativité hors du commun.
Même la qualité n'est pas récompensée sur Netlifx qui, à travers Dark Crystal, nous a bien rappelé à quel point sa promesse de liberté artistique des débuts passait désormais au second plan, derrière les audiences. Malgré les éloges du public et des critiques, cette fiction de fantaisie somptueusement produite qui a magnifiquement fait honneur au concept d'animatroniques, n'a pas réussi à générer une hype médiatique suffisante pour justifier une saison 2.
Extrêmement coûteuse à produire en raison des gigantesques et impressionnants décors, mais également de la technologie utilisée pour donner vie à ces marionnettes faites à la main (sans compter sur le casting vocal composé des plus grosses stars du moment comme Taron Egerton, Anya Taylor-Joy ou encore Caitriona Balfe et Theo James), Netflix a préféré limiter les frais et s'arrêter après 10 épisodes seulement. Une décision prise après un an de silence et alors même que l'histoire réclamait une suite... Pour une fois qu'on avait une fiction visuellement et créativement unique...
- Les séries du Defenders-verse composé de Daredevil, Jessica Jones, Iron Fist & cie. Chacune avait son ton et si elles n'étaient pas toutes égales, elles avaient à chaque fois une approche originale sur le monde super-héroïque. Bien plus sombres, passionnantes et jouissives que ce que l'on retrouve sur Disney+ aujourd'hui.
- American Vandal : produite sous la forme d'un faux documentaire centré autour d'incidents chelous qui se déroulaient dans un lycée, cette série était tout simplement hilarante. Evidemment, l'humour mis en place n'était clairement pas fait pour tout le monde, mais les créateurs se lâchaient à chaque fois pour nous offrir des séquences mythiques et hilarantes. Un teen-show qui cassait tous les codes pour notre plus grand bonheur.
- Jupiter's Legacy : Okay, la saison 1 n'était pas folle. A dire vrai, elle était même pleine de défauts. Cependant, cette série adaptée des comics de Mark Millar possédait également un potentiel incroyable qui n'attendait que d'être exploité. Et c'est frustrant de voir que Netflix a manqué de patience envers elle tant elle aurait pu finir par nous retourner le cerveau.
- Skylines : Pour faire simple, imaginez Validé de Canal+, mais en mieux. Cette série allemande nous plongeait dans des coulisses aussi passionnants que glauques du monde du hip-hop. Beaucoup trop courte, mais vraiment intense. Elle méritait mieux.
- The Society : Bon, c'était là non plus pas vraiment la meilleure des créations de Netflix, mais elle possédait un petit truc en plus qui nous rendait facilement accro. Un mystère à la Lost, un casting remplit de personnages à la fois détestables et kiffants et des twists à répétition... Il se passait quelque chose !
- Drôle : Si personne ne regrette l'annulation de Marseille, autre création originale française de la plateforme, ce n'est pas le cas de Drôle qui s'est arrêtée au bout d'une seule saison. Une déception tant l'univers dépeint à l'écran (celui du stand up) était original et que cette plongée dans les coulisses de ce monde fantasmé se révélait passionnante avec un envers du décor bien plus froid et sérieux qu'on ne l'imagine. Elle n'était pas hilarante, mais l'humour n'en restait pas moins efficace et elle savait piquer notre intérêt.
Cet article a été écrit en collaboration avec nos confrères de Moviepilot.