A son lancement, Netflix promettait de révolutionner le monde des séries. Et si la plateforme de streaming fonctionne finalement énormément comme une chaîne de télé classique (poke les annulations de ses oeuvres avant leur fin), il est vrai qu'elle a amené quelques changements.
On pourrait par exemple citer le binge-watching imposé par la mise en ligne d'une saison intégrale à une date précise ou encore les temps de production qui ont explosé entre chaque saison. Une situation par ailleurs ironique quand on sait que les saisons de ses séries sont également plus courtes qu'ailleurs.
Et justement, c'est la taille des saisons qui se retrouve au centre des discussions aujourd'hui. Là où, ces derniers mois, les abonnés de Netflix ont redécouvert le plaisir de regarder de longues séries composées de saisons de 15 à 24 épisodes (House, Friends, Suits, Prison Break...), nombreux sont ceux à déplorer dans le même temps le faible nombre d'épisodes des productions originales de la plateforme.
A titre d'exemple, la saison 4 d'Emily in Paris ne possède que 8 épisodes, la saison 2 de Monstres n'en compte que 9, tandis que la saison 1 de Kaos n'en comporte que 8. Un format jugé frustrant par les fans, tant celui-ci empêche de développer des univers, de s'attacher aux personnages et de s'imprégner réellement de l'ambiance, mais qui est parfaitement assumé par Alfred Gough.
Au micro de Collider, le co-créateur de Mercredi - dont la saison 2 est actuellement en tournage, a révélé qu'il s'agissait, à son sens, du meilleur format. "C'est intéressant, car 8 épisodes est en quelque sorte devenu la norme, a-t-il expliqué. Croyez-moi, on a déjà travaillé sur des séries de 22 épisodes, de 10 épisodes [lui et Miles Millars ont créé Smallville, Into the Badlands, ndlr] on a fait toutes les versions possibles. Le câble nous faisait passer de 22 épisodes à 13".
Il l'a ensuite détaillé : "Et dans ces moments-là, vous vous disiez, 'Okay, je peux raconter cette histoire' et vous aviez ce que j'appelle des 'fillers'. Je pense que sur une saison de 13 épisodes, il y avait 3 fillers. Et puis on est passé à des saisons de 10 épisodes, et je me souviens avoir pensé, 'Oh, il y a encore 2 épisodes qui paraissent ne pas autant servir à l'histoire'."
De façon déprimante, Alfred Gough estime qu'il est désormais plus important de raconter des histoires en allant directement d'un point A à un point B, sans prendre le temps de construire des univers au sein desquels les spectateurs ont envie de se retrouver. "Étrangement, on a réalisé sur Into the Badlands que 8 était le nombre parfait. Vous pouvez raconter votre histoire, vous avez suffisamment de temps pour vous épargner ce sentiment de précipitation et vous pouvez avoir une conclusion satisfaisante, a-t-il assuré. Vous n'avez plus l'impression d'obliger le public à rester plus longtemps pour rien. La télévision a changé."
Une horrible manière de penser le monde des séries (on aime, justement, rester longtemps avec ces personnages dans leurs décors et leurs vies, autrement, on regarderait des films) qui n'augure rien de très bon pour la suite Quand la consommation des séries devient digne d'un fast-food...