"4e Dimension", le quatrième album des Psy 4 de la Rime sort aujourd'hui dans les bacs. Les 17 titres (19 pour la version deluxe et digitale) sont positifs et festifs. L'opus fait la part belle aux mélodies, moins rappé et plus chanté comme dans le titre Le Visage de la honte . La rédac de PureBreak a interviewé Alonzo quelques jours avant la sortie de l'album. Après avoir discuté people, football et mode dans la première partie de l'interview, le rappeur des Psy 4 parle musique. Avec légèreté ou sérieux, mais toujours beaucoup de franchise, Alonzo donne son avis sur l'image du rap et la qualité de la scène française.
Après la sortie des Cités d'Or en 2008, vous avez chacun sorti des albums en solo. C'est réellement possible de mener deux carrières (en solo et en groupe) de front ?
On en est la preuve ! Depuis 2008, j'ai sorti deux albums, Vincenzo et Soprano un. Une tournée a suivi pour chacun, alors on a pas chômé. Mais avec un planning organisé, c'est possible et même bénéfique. En fait, un parcours ne va pas sans l'autre. On a chacun une personnalité différente et marquée. Et nos carrières solo enrichissent la carrière du groupe.
"4e Dimension", votre quatrième album, est plus musical et plus positif que les précédents, non ?
Quand on est jeune [le groupe s'est formé en 1995, ils avaient entre 15 et 20 ans], on a beaucoup d'intensité et d'impulsivité. Aujourd'hui j'ai 30 ans et je suis le plus jeune du groupe, deux d'entre nous sont papas, on ne peut plus être totalement négatif. On est tous plus réfléchis, moins impulsifs et notre vie est beaucoup moins noire. Du coup, l'album suit.
Dans cet album, quatre des cinq featurings sont avec des filles (Zaho, Cheba Maria, Kayna Samet et Ashley Poole). Encore une volonté de d'adoucir votre musique ?
On fait déjà du rap, alors des featurings avec de rappeurs... On estime que ça fait trop. Le seul feat rap qu'on voulait, c'était avec les Sexion d'assaut, mais par manque de temps ça ne s'est pas fait. Pour l'omniprésence des filles, c'était pas voulu, on s'en est rendu compte au fur et à mesure. Nous on ne choisit pas nos invités en fonction du buzz, juste en fonction de ce qu'ils apportent à notre musique.
Il reste tout de même quelques zones plus sombres, le titre Crise de nerfs par exemple. Le texte aborde l'affaire des flics pourris de la BAC de Marseille. Quel regard vous portez sur l'actualité mouvementée et violente de votre ville ?
On est tristes. Marseille est un grand village de 800 000 personnes alors on se connaît tous. Les jeunes qui meurent ce n'est pas la mafia, c'est des gars qu'on côtoyait. Pour te dire, on a même assisté aux enterrements de certains. Alors ce morceau va plus loin que l'affaire de la BAC. Il parle de la précarité, du chômage, des propos honteux de Claude Guéant sur les Comoriens [plusieurs membres des Psy 4 sont originaires de l'île] et de la remise en cause du statut de la police aujourd'hui. En tant qu'aînés, on se devait de remettre les points sur les i.
Après la tournée de 4e Dimension, vous serez à l'affiche d'Urban Peace le 28 septembre prochain. Des informations à nous révéler ?
C'est le 3e volet d'Urban Peace, et on aura participé aux 3, alors on entre un peu dans la légende, tu te rends compte ? Sur scène, on a prévu de faire un cocktail des classiques du groupe et aussi des extraits du nouvel album. Et le petit plus, ce serait de faire un Harlem Shake [Ils en tournent un à chaque date de la tournée, comme ici à Limoges]. D'habitude, on envoie Vincenzo au milieu du public, mais là au Stade de France, j'ai peur qu'il ne revienne jamais !
Sexion d'Assaut, IAM, Orelsan, Youssoupha et La Fouine participent aussi à cette session d'Urban Peace. En "aînés", quel avis portez-vous sur la nouvelle scène du rap français ?
Sexion d'Assaut est un groupe exemplaire. Ils sont très bons et ils méritent tout leur succès. On se revoit vraiment à nos débuts. Ils ont, comme on avait, l'énergie d'un groupe soudé qui à la possibilité de franchir des ventes astronomiques. 1995 a décidé de concentrer sa musique sur les années 1995-1996, c'est du rap très à l'ancienne, comme il n'y en a plus. En ça ils apportent une vraie fraîcheur et du changement. Ce qui me plaît aujourd'hui dans le rap, c'est qu'il y a de tous les styles, pour tout le monde. Tu peux aimer le rap conscient, egotrip, rigolo ou hardcore, tu trouveras des artistes à écouter.
Ces derniers temps, Booba et La Fouine ont choisi de se clasher plutôt que de faire de la musique. Quelle est ta réaction ?
Je peux être cru ? Je m'en bats les couilles. En parlant de ça, on leur donne encore plus d'importance. Dans le rap, il y a des clashs depuis la nuit des temps, mais là ils ont dépassé les limites. En tant que rappeurs, on est déjà exclus de l'essentiel des plateaux télés à cause de la mauvaise image de notre musique. Leur comportement la ternit encore plus.
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