Peu connu du grand public, Joel Kinnaman pourrait bien devenir la nouvelle grande star d'Hollywood grâce au RoboCop de José Padilha. Car dans ce remake réussi, l'acteur de la série The Killing porte son armure relookée avec beaucoup de classe... et d'émotion. Charismastique et touchant, son héros - qui n'a finalement pas grand chose à voir avec celui de Peter Weller en 1987 - est en effet plus que touchant. Et c'est tout en décrontaction et avec le sourire que le blond d'1m89, aussi imposant en vrai que sur grand écran, s'est confié à PureBreak sur son rôle culte.
Comment as-tu réagi la première fois qu'on t'a proposé le rôle ?
A vrai dire, la première fois qu'on m'a parlé d'un remake de RoboCop, j'ai répondu que je ne pensais pas que c'était un rôle pour moi, que je cherchais autre chose. Puis ils m'ont rappelé et ils m'ont dit, 'tu sais qui va réaliser le film ? tu connais José Padilha ?' J'avais vu tous ses films. J'étais un très grand fan et je trouvais que c'était l'un des réalisateurs les plus intéressants. Ils m'ont dit qu'il voulait me rencontrer et je me disais 'José sait qui je suis ? C'est génial' (rires).
Comment s'est passée ta rencontre avec José Padilha ?
J'étais très honoré qu'il veuille me rencontrer. Il m'a expliqué l'histoire qu'il voulait raconter en utilisant le concept de RoboCop. J'ai été ébloui. J'ai trouvé ça brillant. Très courageux. Et je me demandais même comment il allait convaincre les studios de le laisser faire ça... Donc tout d'un coup, j'étais très décidé à le convaincre que j'étais la bonne personne pour le rôle. J'ai tout donné à l'audition et je suis devenu RoboCop !
Jouer RoboCop, un rôle culte, ça met la pression ?
Je viens du théâtre et au théâtre, on fait ça tout le temps de jouer un rôle qui a déjà été interprété par quelqu'un d'autre. Je ne pense pas à comment les autres acteurs ont joué Hamlet. Tu dois faire ton truc. Si tu commences à réfléchir à ce que les autres ont fait, alors tu as déjà échoué.
Pourquoi, au début, tu pensais que ce rôle n'était pas pour toi ? Tu avais peur d'un remake identique ?
J'avais l'impression qu'un remake de RoboCop, c'était juste un moyen facile de faire de l'argent. Il existe plein de mauvaises manières de s'y prendre pour faire un remake de RoboCop. Mais quand j'ai entendu la vision de José, je me suis dit 'Voilà pourquoi il faut un remake de RoboCop en 2014'. Il a compris ce qu'est la société actuelle. Et que ce rapport entre l'automatisation de la violence et le fascisme, est encore plus d'actualité aujourd'hui.
Tu étais fan du RoboCop de Paul Verhoeven ?
J'étais fan de RoboCop, j'adorais la version de Paul Verhoeven. C'est aussi pour ça que j'étais un peu hésitant au début. Pour qu'il y ait un remake, il fallait que ce soit bien fait.
Et donc tu peux comprendre la réaction de certains fans de l'original qui se sont dit "Quoi ? Un remake de RoboCop" ?
Je trouve ça un peu bête. Certains de ces fans veulent juste être en colère contre quelque chose. Il y avait déjà eu RoboCop 2 et 3, et ces films étaient nuls ! Puis il y a eu une série télé qui était vraiment mauvaise. Alors cette colère devrait déjà être partie et ils devraient juste avoir hâte que quelqu'un donne un coup de jeune à la franchise. Et je pense que quand ils ont appris le nom du réalisateur et le casting, Gary Oldman, Michael Keaton, Samuel L. Jackson... En apprenant que ces gens-là allaient refaire RoboCop, ils auraient surtout dû être excités. Mais quand ils vont voir le film, ils vont être contents.
En tant que fan, comment as-tu réagi quand tu as découvert ton armure de RoboCop ?
J'ai trouvé que l'armure était vraiment cool. Mais quand je l'ai enfilée, ce n'a pas été une expérience vraiment cool (rires). Je trouvais l'armure vraiment inconfortable, puis je prenais un temps fou à la mettre et j'avais très chaud dedans. Et l'idée de devoir la porter 14 heures par jour, 6 jours sur 7 pendant 5 mois, c'était dur.
Tu as mis du temps à t'y habituer ?
Je n'ai jamais fini par trouver cette armure confortable. Mais ça m'a aussi permis de comprendre et d'exprimer les contradictions intéressantes du personnage. Il a été amputé de tout son corps en dessous du cou. Et en même temps, il se retrouve avec ce nouveau corps très puissant. D'une certaine manière, porter ce costume m'a aidé à comprendre sa vulnérabilité. Car RoboCop n'est pas seulement un robot, c'est un robot avec une conscience... C'est l'une des questions philosophiques posées dans le film : quand arrête-t-on d'être humain ? Dans ma carrière, j'ai interprété beaucoup de personnages qui se transforment et évoluent au fur et à mesure de l'histoire. Et RoboCop ne déroge pas à la règle. Ce personnage traverse énormément de choses, d'émotions différentes. Il est au plus mal, puis il se relève et retrouve une raison de vivre. C'est un enchaînement intéressant de luttes émotionnelles. C'était un rôle génial à interpréter.
As-tu suivi un entraînement spécial pour devenir RoboCop ?
Oui. L'idée était que RoboCop bougerait à la manière des forces spéciales. Alors je me suis entraîné avec les forces spéciales suédoises pendant 3 semaines, et je me suis aussi un peu entraîné avec le SWAT de Los Angeles.
Et c'est difficile d'apprendre à marcher comme RoboCop ?
Je pense que c'était plus compliqué pour Peter Weller qui joue RoboCop dans le film original. Il maîtrisait, avec beaucoup d'élégance, cette manière très robotique de marcher. Mais ça, c'était en 1987. Et en 2014, notre manière d'imaginer un robot en train de marcher dans le futur est très différente. Parce qu'aujourd'hui déjà, il existe des robots qui marchent de façon presque naturelle. Alors on voulait que RoboCop marche de façon fluide, presque comme un surhomme. Ca m'a demandé un peu de préparation, mais ça ressemble plus à un véritable humain que dans l'original.
Tu penses que ce RoboCop est, au fond, un super-héros comme Iron Man ?
Je ne crois pas. RoboCop sera toujours un concept bien plus subversif. RoboCop est un super-héros que personne ne veut être. Pas même Alex Murphy. Il veut mourir. Il y a beaucoup plus de douleur, plus de perte dans l'histoire de RoboCop que dans les films de super-héros. Certains sont très divertissants, mais certains ressemblent presque à des dessins animés. Il n'y a pas tellement d'enjeu, ils n'essaient pas vraiment de retranscrire des émotions profondes. Ca ressemble davantage à du divertissement pur. Alors que ce film veut être un gros blockbuster d'action, et en même temps veut soulever des questions philosophiques et politiques importantes. Dans quelques années, ces questions seront posées par nos gouvernements, par l'ONU. Quel type de violence automatisée allons-nous autoriser ? Où cela va-t-il nous mener ? Ca pourrait être une pente glissante vers le fascisme.
Tu as un souvenir de tournage particulièrement marquant ? Un moment où tu t'es dit "Waouh, j'ai de la chance d'être là" ?
J'ai souvent eu ce sentiment pendant mes scènes avec Gary Oldman. Mais il y a cette scène en particulier. Celle où j'apprends ce qui reste de mon corps. C'était la scène la plus dure à interpréter, je dois exprimer la plus profonde anxiété et le désespoir. Mais en même temps, je dois rester complètement immobile, je ne peux pas du tout utiliser mon corps. Et c'est beaucoup plus dur.
Le film laisse la porte grande ouverte à une suite. Partant ?
Si le public veut une suite, je serai là.
Propos recueillis par Charlotte Vaccaro. Contenu exclusif. Ne pas reprendre sans citer PureBreak.com.